jeudi 1 novembre 2012

ARMENIE 2. Églises et monastères


Histoire

Pierre tombale à Noradouz
 Le voyage  « hautement culturel, à plusieurs points de vue, altitude et érudition » en Arménie, était consacré à l’architecture religieuse.


 Aussi, il s’agit ici de classer les sites  visités non par régions, mais dans l’histoire complexe de la culture et de la religion. ( Qu’on me pardonne des erreurs…) La carte n’est pas très lisible et les noms varient selon la source.




De la période des premiers millénaires, le royaume d’Ourartou, ne laisse aucune trace sur le terrain, sauf au musée (photos interdites). La soumission du royaume d’Arménie à l’empire hellénistique d’Alexandre le grand, en Asie Mineure au II è siècle av.JC, sous le règne des Tigran fut suivi du rattachement  au monde romain, le royaume de Tiridate 1er payant un tribut à Rome.



 De cette période  reste le temple de Garni, (remonté après les destructions suivantes) qui date du premier siècle après J.C. De style hellénistique, un péristyle aux colonnes ioniques et un plafond à caissons, il fut peut-être un monument funéraire.






Le royaume se maintint contre les Parthes, et fut le premier à se convertir au christianisme , sous le règne de Tiridate III, grâce au rôle de Grégoire l’illuminateur.

Relief à Khor Virap

Celui ci, instruit par les premiers apôtres de Cilicie (Paul de Tarse) fut néanmoins enfermé à Khor Virap, avant de gagner à sa cause le souverain et de fonder rapidement plusieurs églises et monastères, dont le dogme s’opposa à la domination byzantine.



L’église arménienne (comme celle de l’Ethiopie) restant opposée au conclusions du concile de Calcédoine fonda une église « autocéphale », dirigée par un Catholicos.
Plusieurs centres du pouvoir religieux se déplacèrent en fonction de l’expansion du royaume pendant plusieurs siècles, en se fixant au Xè dans la cité d’Ani (actuellement en territoire turc) qui comporte les seuls décors figurés en relief sur les murs de l’église d’Agh’Amar.


Ereruk
Des premiers siècles, Vè-VIIe , on peut encore visiter les cathédrales dans la plaine d’Ararat.
Ereruk, portail ouest




Le bâtiment, de plan longitudinal, est hérité des basiliques, Ainsi l’église d’Ereruk (actuellement dans le no man’s land) sur un podium se réfère par son décor à l’influence de la Syrie.







La construction se dote ensuite d’une coupole centrale supportée par des piliers.

Talin



La cathédrale de Talin, VII è siècle, en cours de réfection voisine avec une église à plan centré, une stèle représente le roi Tiridate transformé en sanglier avant  sa conversion.












L’église  d’Arouch, une croix inscrite dans un rectangle, comporte encore des fresques dans l’abside. La coupole n'a pas été remontée.








À coté de la cathédrale d’Odzun, en réfection active, non sans le dynamisme de son prêtre médiatique, qui met la main au ciseau, pour la photo. 

un monument  votif voisin  contient deux stèles gravées.
















Notre guide rejoue l'Assomption..

Odzun
La structure des églises primitives consiste en un cube supportant un tambour dominé par une coupole couverte.  Symbole du ciel  porté par les quatre côtés de la terre. Selon l’évolution, le tambour peut être cylindrique ou polygonal.  La coupole sur trompes ou sur pendentifs. Le toit épousant la forme du tambour est alors conique ou « en parapluie ».


Mastara
Le plan de base cruciforme, qui inscrit le cercle du tambour  permet d’aménager des absides polylobées. Aucun contrefort.





L’église de Mastara, proche de Talin, illustre cette densité de la construction.










L’église de Zvartnotz, sur plan circulaire, hérité des baptistères (?) –complètement détruite s’élevait sur trois niveaux. Au centre une colonnade sur plan polylobé, couronnée de chapiteaux aux aigles.



 






Edifiée au VIIè  sur ordre du catholicos Nerses, sa restitution en forme de rotonde fut tentée par l’architecte Tormanian, mais le puzzle reste au sol…


Les églises sur le bord du Lac Sevan conservent le plan simple.

Airavank, Lac Sevan.

Au moment  d’une nouvelle expansion de l’église arménienne, les églises qui avaient souffert de destructions lors des  conflits entre perses et byzantins se reconstruisent aux IX et Xè siècles. Les transformations du plan amènent à des adjonctions d’espaces à partir du noyau central.

Sainte Hripsimé
Au XIIIè puis encore ensuite, des « narthex » couverts de lanternons sont ajoutés sur le côté ouest, pour magnifier l’entrée. 
A Sainte Hrpsimée , dans Etchemiazin et plus encore dans la cathédrale, la complexité du plan outrepasse l’église primitive.

 Les monastères,

Dans le cadre du développement du monachisme, de nombreux monastères sont construits dans les régions, montagneuses de préférence. 

Hovanavank : le tympan
À Hovanavank, le chevet de l’église plonge littéralement dans le canyon de la rivière. Le « gavit » réunit les deux églises. Le porche exceptionnellement historié sur le tympan représente  Les "Vierges folles".

L’ensemble monastique se développe autour d’une église principale, dédiée soit à un saint soit à la Vierge, qui fait l’objet d’un culte « La sainte Mère de Dieu » ( Asdvadzadzine). Souvent fortifié, le monastère s’augmente de petites églises, réfectoires  et de bibliothèques où sont copiés et conservés les manuscrits.



En montagne au nord est, à Ketcharis, entre deux églises, une chapelle miniature, et l’alignement des chevets plats. Une autre église hors de l'enceinte reproduit le même modèle.





Goshavank, reconstruit après un séisme au XIIIè était comme d’autres monastères de véritables centres d’études théologiques.

Goshavank
Ils sont aussi des lieux d’expérimentation architecturale : les voûtes, soutenues par des croisées d’arcs précèdent les solutions occidentales.
Sanahin  XIè ( en cours de réfection)
L’adjonction d’un narthex, qui dessert l’église principale peut servir de lieu de sépulture : des dalles gravées de manière fort schématique.

Sanahine


Haghpat :  Xè-XIIIè, d’une organisation complexe, comporte outre deux églises, un campanile, 

Haghpat, le "gavit"

à deux étages, une « bibliothèque » où le sol est percé de jarres qui durent contenir des boissons moins spirituelles (c’est en tous cas l’avis de notre conférencier et de Paradjanov (voir blog cinéma) ;

Haghpat: bibliothèque

Crucifixion
Dans le couloir de liaison entre les églises, le khatchkhar figurant la crucifixion est une exception iconographique.

Le campanile


















L’interdit de la figuration entraîne l’invention de stèles ornées de motifs végétaux et symboliques, généralement autour de l’arbre de vie, équivalent à la croix. 

Cimetière de Noradouz

Ces khatchkhars, le plus grand nombre est rassemblé dans le cimetière de Noradouz, sont souvent placés de part et d’autre du porche de l’église principale, dont les parois sont gravées de croix  innombrables.




Certains de ces monastères sont encore « en service » :  un jeune moine, subventionné par l’église médite devant  Gndevank, petit édifice au fond d’une gorge.









Haghartsine , en pleine montagne ,  a retrouvé une école de musique, et des touristes.

Hagartsine


Geghart : à l’est d’Erevan dans la montagne, complètement fortifié, comporte aussi des églises taillées  et chapelles dans le rocher (à partir du sommet de la coupole, comme en Ethiopie). 

Geghart
















Ce fut le lieu d’un concert de chants religieux transcendés par l’acoustique.



Les autres monastères, non moins intéressants, au contraire, sont visités par les touristes, les familles et les scolaires :











Noravank  (région sud)
Les monastères du XIIIé inventent des structures  d’églises à étage, et des coupoles  surmontées de colonnettes, afin d’augmenter l’éclairement du sanctuaire.

 L'accès à l'étage est assez périlleux.














Le décor des tympans superposés sur chacune des deux églises est un exemple rare de figuration de la Vierge à l'enfant, et de la figure de Christ -Dieu.



Sainte Mère de Dieu
St Jean-Baptiste


























 Le monastère de Tatev , au sud, est perché sur une montagne accessible par téléphérique, ou par une route impressionnante. 

Tatev

L’église Saint Pierre et Paul  du Xè siècle a été détruite ou vandalisée à plusieurs reprises , remontée dès l’époque soviétique, elle fut augmentée au XVIIè d’un clocher. Autour de l’église, au centre des fortifications, de nombreuses stèles.

D’autres sites mériteraient la visite, mais, faute de temps… Il n’en reste pas moins que la fréquentation des églises ne manque pas de surprendre, en témoigne le commerce des cierges. 



L’Eglise arménienne n’a pas de crise de vocation, le mariage autorisé et statut de fonctionnaire pour les prêtres n’est pas la seule raison, beaucoup y croient encore.
Une jeune nonne sonne les heures dans Sainte Gayané (une vierge martyrisée au IVè siècle) où des jeunes filles suivent des cycles d'étude.







Sainte Gayané