lundi 27 octobre 2014

IRAN 3 : SHIRAZ


Des mosquées,  des poètes et des jardins: des fleurs



Mosquée Nazir-o Molk


Une première approche d'une religiosité intense dans les mausolées: la légende et les vertus des imams défunts emplissent les mausolées plus que les mosquées. 



La mort de Hussein 





Les images du martyre d'Hussein à Kerbala ornent jusqu'aux façades des commerces.







Le croyant shi'ite vit sa foi à domicile, nous a t-on dit, et le culte se réduit à trois prières par jour, et autorise les visites des mosquées aux étrangers.



À l'entrée du mausolée, le petit commerce des nomades.


L'imâmzadeh Shah Cherâgh, et de son voisin Sayed Mir Muhammed (qui disparait sous les échafaudages:


Vue sur la coupole du mausolée.







On y entre après un contrôle digne d'un aéroport, et pour les telles, revêtues d'un tchador, en réalité une sorte de drap fleuri. Photos interdites. Dans une vaste cour carrée bordée de cellules à l'instar des medressehs, la construction actuelle surmontée d'un dôme remplace l'originale du XIVe, détruite par un tremblement de terre.












Voute du vestibule  Medresseh






Les salles réservées aux femmes, entièrement revêtues de miroirs ne permettent pas d'accéder au cénotaphe d l'Imam Reza, mort en 835. Parmi d'innombrables silhouettes noires en prière sur les tapis, de jeunes femmes nous commentent la visite en anglais. 







         La madresseh-ye-Khan




dans une petite rue proche et fort encombrée: une entrée discrète sur un vestibule dominé par une coupole de mosaïque du XVIIe de la période safavide conduit à une vaste cour arborée où déambulent quelques mollahs. 











Les décors de faïence plus tardifs des arcades et de l'iwan sud multiplient des agencements floraux dans les tons roses et bleus, superbes.





La mosquée Nasir-ol Molk:







construite sous le règne des qadjars au XIXe offre des décors floraux comparables, agrémentés de médaillons figurant des architectures. Autour de la cour, quatre iwans , tous ornés de faïences.
Les tons roses et bleus dominent: 


Coupole de la salle de prière.







La salle de la mosquée aux piliers torsadés (citation d'architectures antérieures) est éclairée de vitraux un peu kitch.



Dans le bazar, les femmes.

Le héros Roustam tue le démon blanc



Dans le quartier du bazar du Vakil , coupé de la circulation de la ville (presque 2 millions d'habitants), proche de la forteresse ornée du Roustam cocasse de l'épopée de Firdoussi, une imagerie très populaire,

nous visitons la mosquée du régent Karim Khan géra la ville vers 1750.



À l'entrée de la mosquée...













Mosquée du Vakil


La salle de prière.

Des piliers torsadés soutiennent la salle de prière, sans tapis ni vitraux, 


Plafond à stalactites



Détail de la voûte.
L'iwan de la mosquée du Vakil
Dans la cour les décors floraux subtils s'épanouissent dans les tons jaunes.


Les JARDINS

Bagh-e Narajestan

Un art de cour nourri de la littérature et de la poésie perse qui conjugue les plaisirs et la fraîcheur bienvenue de l'eau et de l'ombre.

Le Bagh-e Narajestan:
 Le "Jardin des orangers", fut la résidence du gouverneur du Fars à la fin du XIXe: u pavillon au bout d'un bassin bordée de fleurs, -des vraies et quelques unes sur les murs. 

Fronton du pavillon

Le fronton courbe figure deux soleils, deux lions affrontés serrant un sabre, symbole de la royauté. 
Un fauve terrassant un cervidé, autre symbole. 










La terrasse de réception ouverte sur le jardin, entièrement tapissée de miroirs intègre quelques références aux fastes du passé achéménide.

Une cheminée,  peu utile...














Plafonds peints de fleurs et petits portraits de femmes.



Un motif que l'on retrouve  au Bagh-e Eram

Palais du Bagh-e Eram



Une version agrandie du précédent, le pavillon dans le jardin botanique abrite une université. Les frontons sont décorés de scènes historiques.


À la sortie des cours



C'est l'occasion de rencontrer de jeunes étudiantes bavardes et curieuses, qui se livrent au "selfie", signe d'une émancipation rapide. 










LE JARDIN d'HAFEZ



Devant son tombeau au coeur d'un jardin, les récitants et chanteurs continuent d'honorer le poète le plus célèbre du XIVe.

La tradition demeure

Sur un tapis, quelques étudiants travaillent des textes coraniques, et partout des familles se promènent, les enfants jouent autour des bassins. 


Les  émancipées


















Des jeunes filles, assez peu conformes à la tradition vestimentaire viennent discuter; photos obligatoires. 



Après-midi en famille.







L'ambiance décontractée se poursuit à la tchaikane où l'on déguste le sorbet à l'amidon citronné.


Le Jardin de Saadi


Tombeau de Saadi


L'autre poète, enfant de Shiraz, dont les versets apportent quelques vertus morales. Notre guide Ali ne manqua pas de nous en réciter, avec la traduction. 










Fin de soirée romantique , la nuit tombe, photo de carte postale, et diner de plats traditionnels dans le bazar. Les shirazis prennent le frais autour du bassin de l'ancien caravansérail. Nuits étoilées.


Fraicheur du soir ...

jeudi 16 octobre 2014

IRAN 2: La Perse.


Persepolis: taureaux ailés à figure barbue.
Un voyage dans le passé ancien de l'Iran dont l'avant goût des rêves est donné au Musée de Téhéran.

Les ACHÉMÉNIDES.

La puissance de la dynastie fondée au nom d'Achemenes, chef d'un petit état de tribus perses, venues du Caucase dans la province du Fars rayonna durant trois siècles.

Dans les années 600, les souverains du nouvel empire perse, Cyrus 1 et Cyrus II le grand, puis Darius 1er et son fils Xerxès, conquérirent un territoire dont les frontières s'étendaient de l'Egypte à l'Asie centrale et l'Indus, en incorporant l'Asie mineure, soit l'emprise territoriale antérieure des Hittites, des Assyriens que les Mèdes avaient vaincus. L'occupation de la Macédoine et de la Grèce échoua après les batailles de Marathon et de Salamine (-480).



Vue du site actuel: le mur de soutènement et l'escalier. 
 L'histoire des guerres entre les grecs et les perses est mieux connue par les textes. Hérodote reconnaissait la valeur de cette civilisation, ce qui n'exclut pas les échanges au plan artistique. 


Un rêve du 19e siècle...



Suse fut reconstruite par Darius, qui fonda une nouvelle capitale, proche de Pasagardes, la capitale de Cyrus.







PERSÉPOLIS


Les ruines de la cité impériale, grand sanctuaire adossé à la montagne, réservé aux cérémonies de Norouz, occupent la construction d'une gigantesque terrasse artificielle qui fut entourée de murailles. Elle commença en 518 av JC, sous le règne de Darius, ne fut jamais totalement achevée, puis détruite par Alexandre Le Grand en -330, dans sa conquête de l'Asie. Revanche symbolique?

Maquette de la cité.

Les archéologues et les restaurateurs du XXe en proposent des restitutions hypothétiques: à une version romantique "ouverte" s'oppose une maquette qui montre un ensemble dense de bâtiments couverts, dont il ne reste que des bases, des chapiteaux et des portes en pierres historiées; les colonnes de bois recouvertes de stuc, les plafonds et les murs de pisé furent détruits dans l'incendie.




Vue depuis le tombeau : l'immensité du site.

Porte des nations, les photographes sont photographiés.





La Monumentale "Porte des Nations", édifiée sous Xerxès au sommet du grand escalier ouest conduit aux différents palais: les taureaux ailés à tête humaine symétriques sont marqués par l'influence assyrienne. Il faut l'imaginer comme une salle close de murs et soutenue par quatre colonnes.













On accède à L'Apadana  , la grande salle d'audience édifiée sur une terrasse par les escaliers  est et nord,








Procession des satrapes




dont les reliefs illustrent les processions des émissaires des différentes satrapies de l'empire, reconnaissables à leur costume, et les interminables files de soldats.







Lion et taureau









L'emblème du pouvoir, le lion terrassant un taureau se répète identiquement au bas des terrasses. Voir un ouvrage, car entre barrières aménagements techniques et foules, aucune vue d'ensemble n'est possible; le soleil zénithal brûlant non plus=photos nulles...






Audience royale et gardes.








Sur les parois intérieures des portes, le roi surmonté de l'emblème d'Ahura Mazda





Le hadish

Du palais de Darius, le tachara, de celui de Xerxès, le hadish, ne restent que des portes et les reliefs des escaliers. L'imagination au pouvoir, le musée est fermé.


Devant la terrasse du palais de Darius


Les tombeaux d'Artaxerxès II et III, taillés au flanc de la montagne anticipent (et reprennent) sur la découverte des tombeaux des souverains creusés dans la falaise qui domine la cité: 

Persepolis: Tombeau d'Artaxerxès

Le relief de la façade représente le roi soutenu par les nations vaincues et surmonté du symbole d'Ahura Mazda, que l'on retrouvera dans les édifices zoroastriens de Yazd.


Naqsh-e-Rostam :


Tombeau de Darius.


Quatre tombeaux des rois achéménides, attribués à Darius Ier (-521-485), Darius II, Xerxès 1er (485-465), Artaxerxès 1er(465-424). 
Un même principe, le caveau creusé au centre d'un plan cruciforme dont le motif illustre le roi et le symbole d'Ahuri Mazda.

Face à la falaise, une tour carrée creusée de niches est interprétée comme une "tour du feu" de la période achéménide.

La Religion:

Naqsh-e-rostam, Tour du feu.



Le Mazdeisme, dans la religion achéménide, commune aux indo-européens aryens se basait sur le culte du dieu Ahura Mazda, organisateur du monde, dont le feu sacré était le rite purificateur. L'apport de Zarathoustra, un mage dont le livre "L'Avesta" chante la doctrine, amène à élaborer la religion zoroastrienne, la lutte du bien contre le mal, les actions vertueuses et la sagesse conduisent à une éternité spirituelle. (Je résume, mal sans doute).


Le zoroastrisme fut instauré comme religion officielle par les Sassanides et pour cette dynastie l'intronisation des rois se fait sous l'égide d'Ahuri Mazda, incarné en pied ou a cheval, qui remet la couronne au roi, à la de même échelle.



SASSANIDES.

Le territoire perse, après la conquête par Alexandre fut administré par les Séleucides ( Séleucos héritant de la partie asiatique de l'empire hellénistique), puis par les Parthes dont le dernier roi Artaban V fut tué par Ardeshir Ier, premier souverain sassante.

Cette dynastie régna entre les 3e et 6e siècle de notre ère eut comme ennemis les romains du bas empire qu'ils réussirent à vaincre, en limitant l'expansion du limes de Trajan.

Naqsh-e-Rostam : les tombeaux achéménides; en bas à gauche un relief sassanide

Leur art est connu par de nombreux reliefs figuratifs marquant les lieux sacrés. Ainsi , sur la falaise de Naqsh-e-rostam, en bas des tombeaux achéménides, les reliefs auliques les relient symboliquement, à cinq siècles de distance, à la puissance achéménide dont ils adoptent la religion.
Les reliefs représentent l'investiture et les combats des rois sassanides:

Ardeshir 1er, fondateur de la dynastie (224-241) reçoit la couronne d'Ahuri Mazda, à cheval.

Ardeshir et Ahura Mazda piétinent le corps de leur ennemi, Artaban et Ahriman , le dieu du mal.

Sur le coté une scène d'audience du roi sur un trône, les assistants sont réduits à des bustes.

Combats : un sens du mouvement





Quelques scènes de combat à cheval, façon tournoi médiéval. C'est un peuple de cavaliers.




Investiture de Narseh, à droite La déesse Anahita

L'investiture de Narseh (vers 300) en présence de la déesse des eaux Anahita.

La reddition de Valérien devant Shapur 1er, 260.





La coiffure du roi, un gros globe de faux cheveux outrepasse la loi du cadre imposé par l'aplanissement régulier préalable du rocher.







On retrouve les mêmes représentations dans trois reliefs de la falaise en face:

Naqsh-e-Rajab :


Ardeshir et sa suite
Ahura Mazda remet l'anneau du pouvoir


 Investiture d'Ardeshir 1er face à Ahura Mazda, 
Triomphe d'Ardeshir et sa suite, 







Investiture de Shapur 1er. 
Les barbes sont fleuries et les voiles frémissants. Mais le soleil n'atteint pas le fond de la falaise.


Kartir

Dominés au centre du triptyque par la figure de Kartir, 
un mage zoroastrien qui organisa le clergé dans les années 300 désignant le texte qui commente la loi.










ARCHITECTURE SASSANIDE.


Un relief d'Ardeshir en montagne.
Au sud-ouest de Shiraz, la route de montagne vers Firouzabad traverse des gorges impressionnantes. Me revient à l'esprit le récit de Jane Dieulafoy, héroïne cavalier et culottée, femme de l'archéologue chargé des fouilles de Suse en 1880, qui traverse le pays en décrivant finement les sites et ses aventures.







Dans le défilé, où, au dessus d'un torrent (actuellement un barrage le vide), un relief encore d'Ardeshir, 
Plus loin, la montagne est dominée par la "Forteresse de la Fille" . le Qalah-ye-Doktar, attribué à Ardeshir.




Source de légendes dignes des romans courtois. La jeune fille laissa pousser ses cheveux pour que l'amant puisse l'atteindre.....Mélisande.



En attendant les touristes à Ardeshir,  poupées et filles colorées

Le Palais d'Ardeshir, aux limites de l'antique ville de Gur sur un plateau.

Vue lointaine de la tour au centre de Gur.


La ville de Firouzabad était construite sur un pan rigoureusement circulaire au centre duquel une tour du feu (?) pointait le centre. (Voir sur Google earth).
Les fossés et murs en sont assez illisibles sur le terrain.

Palais d'Ardeshir









Vestige des inventions architecturales de la période sassante, consiste en un bâtiment clos de murs dont un vaste iwan central ouvre sur une cour, et conduit à une grande salle carrée couverte d'une coupole sur trompes.






Ardeshir, l'iwan.



Ce qui est une préfiguration des systèmes de l'architecture islamique et une avancée par rapport à des architectures romaines à voûte.


Construction de moellons rustiques et de pisé, enduit de stucs au décors simples de listels.




Sur la route du retour, une vue superbe sur les restes d'un pont sassanide.

Un peu d'eau courante...

Autre route vers l'est, avant le désert, le palais de Sarvestan.

Sarvestan
Très comparable à celui d'Ardeshir, il est attribué au roi Bahram V, vers les années 420 de notre ère.

Coupole sur trompes, incomplète.



Deux grandes salles à coupoles autour d'une cour, et reliées par des couloirs voûtés. 


Sarvestan, la cour centrale.







Les quartiers d'habitation sont reliés par des arcades soutenues par des piliers d'angles. 








Après quoi, les paysages du désert à perte de vue sur la route de Kerman.