vendredi 29 mars 2019

LE LIBAN ET LE RÊVE ORIENTALISTE: LIBAN 4/4.

                                                  ARCHITECTURES DES FRANCS AUX OTTOMANS:

La période médiévale a laissé sur les rives et les hauteurs les ruines des châteaux des croisés: comme à Saïda, la Sidon antique, le Château de la Mer . 

Le fort de Mussaylha.
Ou plus au nord,  Byblos  et en Syrie  Le Krac des Chevaliers:  autant de sites défensifs puissants.  
édifiés dans une guerre (sans fin?) entre chrétiens et musulmans pour la défense de Jérusalem. 
Il en reste des architectures (ruinées)  en très grand appareil, quelquefois soigné et à bossages, comme à Byblos, souvent solidifiés par le réemploi de colonnes, ou encore grossièrement montés dans des blocs de calcaire irrégulier.  

Les états latins d’Orient sont défaits après l’échec de la huitième croisade, et la chute d’Acre en 1291. 
Saïda
Byblos: le fort.















Saïda : caravansérail en restauration dans le souk








Le Liban fut annexé à l’empire ottoman en 1516; le territoire est cependant partagé entre chrétiens (catholiques, maronites, orthodoxes grecs ou arméniens) et les druzes. 






La richesse économique favorisée par la politique, tant  des turcs que des sultans arabes, se fonde sur les échanges avec l’Italie  Gènes Venise, Chypre ou l’Espagne : 




De SAïDA à BATROUM. 
Porte du caravansérail  des francs de Saïda.

Les caravansérails, les khans,  garants de la richesse du commerce  et de leur sécurité: des écuries aussi vastes que les entrepôts et chambres.  
d’une régularité  sur plan carré : un fort près du fort.  dans la vieille ville, fortifiée à l'époque et dont  les murailles ont été détruites. 

Les villes portuaires comme Byblos et Batroum construisent des maisons aux murs épais: 


Du modeste 
Au plus cossu, (restauré).













Les églises fortifiées  font bloc dans les rues étroites, les mosquées réaménagent le bâti.



Batroum: église croisée fortifiée.

















À BATROUM, Deux exemples de consoles soutenant des arcs
à l'étage qui ne servent plus vraiment. Mémoire de jets d'huile bouillante?

Mosquée à Byblos : bricolage dans le souk.

Des échanges commerciaux des XIIIè- XVè résulte une évolution de l’architecture : de l’Adriatique au Liban.

On peut en ajouter !!!









 l’influence des architectures byzantines et vénitiennes :
galeries et arcades ogivales sur colonnettes se retrouvent sur toutes les côtes méditerranéennes.
           
                             La tentation « orientaliste » des voyageurs: 

Le voyage est l'occasion de (re)lire les récits des romantiques:  de Chateaubriand (Itinéraire de Paris à Jérusalem) ou Alphonse de Lamartine, lors de ses chevauchées depuis la Palestine jusqu’aux montagnes du Liban.  Mieux qu’un guide touristique, il fait une analyse des groupes ethniques et religieux qui coexistent sur le territoire.
Dix ans plus tard, ce fut Gerard de Nerval qui donna des reportages plus aventureux encore sur les villes et maisons où il fut reçu. 
A Jezzine : un exemple de belle maison du XVIII ème encore intacte.
La version romancée de Pierre Benoit: La Châtelaine du Liban se situe au début du mandat français, 1923, mais très floue quant aux lieux,  des affaires d’espionnage et d’amour : du pathos,  des morts, des pleurs  et toujours à cheval…
 Tous ont vu, dans le Chouf ,  deux sites touristiques majeurs maintenant:

                                         Architectures Ottomanes



                               La cité de  Deïr el-Kamar

Fakr el-Dine II


Sur le versant de la montagne à 40 km de Beyrouth,
Edifiée au temps du « grand »  émir Fakr el-Dîne II , (entre 1590 et 1630) ,  




Son  modèle de gestion , il réussit à unifier la province,  est resté dans les mémoires. 
Ce «Couvent de la Lune », fut visité par nos poètes explorateurs très cavaliers.
À l’époque un fief des Druzes du Chouf, la cité était à l’époque le siège du gouvernorat de la province sous l’autorité du sultan  de « la sublime porte » ,  Stamboul:  

À droite , le souk de la soie, au balcon, un institut français??
Au XIXè, la région est gouvernée par l’émir Béchir II,  de 1788 à 1840, quelquefois taxé de violence belliqueuse, ou encore loué pour l’unification. Et immensément riche.  Il s’allia avec l’Egypte, erreur fatale. Pris entre les turcs et la poussée de l’Égypte; le Liban vit alors une période d’anarchie.
Gérard de Nerval y séjourna en 1843, noua (?) une romance avec la fille du Cheik, déja exilé,  participa à quelques vendettas.   Il décrit dans le détail les croyances des Druzes.   

  
Zone de conflits religieux dès 1840, les chrétiens en furent chassés après des massacres en 1860, entrainant l’intervention française.  Une émigration importante vers l’Amérique, en témoigne la statue du "Libanais»  sur le port de Byblos.














Un autre rêve ??




La cité est construite  autour d’une place : le midan.

la mosquée s'intègre à l'ensemble.
L’ancien harem fait actuellement fonction d’hôtel de ville : des arcatures en fers de lance.
et un souci du détail dans un salle à coupole sur pendentifs.  Et même une cheminée...

L'ancien harem.
Une architecture marquée par les nécessités défensives, et la fonction commerciale. Mais un soin du décor intérieur , sans doute plus tardif : arcatures et petit salon aux boiseries damasquinées.









Le souk  de la soie est intégré dans le corps de la muraille.
  






Ce Produit d’échange importé de la route de la soie, à l’aboutissement de la route des caravanes venues de Chine. Les muriers furent développés dans la région, y compris par les moines. 

Une fleur et des haches...












Les magnaneries du Chouf jouent un rôle dans l’action du roman d’Amin Maalouf, qu’on visualise mieux après les visites:
 "Le rocher de Tanios", palpitant, se situe dans un village de montagne, chrétien (le curé, sa femme) narre les aventures en 1838 du fils de l’intendant dont la femme sublime fut convoitée par le cheik. Sont évoquées la culture française, l'ingérence anglaise, les guerres inter confessionnelles. et l'exil du héros vers Chypre.  

             Des petites marionnettes  vues au souk pourraient en illustrer les personnages.
Église maronite: le dépouillement.



En contrebas dans les rues très médiévales, et bruissantes de ruisseaux, l'église maronite, fêtait la fin d'un deuil, trente jours après le décès.

Toujours une architecture de voûtes , en très basses croisées d'ogive.
Changement d'époque et de style : 


                                               



                                                              Beït ed-Dîne   : 




Une architecture de « Mille et une nuits », qui fut commanditée par le cheik  Bé
et qui  demeure la résidence d’été du Président de la république. 

La construction, plus récente qu’il n’y paraît, remonte au tout début du XIXè s.  Une reprise très éclectique des architectures ottomanes.


Lamartine y séjourna en 1832 : on visite "sa chambre"  avec cheminée, ou du moins un appartement somptueux destiné aux invités.

 














Vaste palais dominant la vallée et organisée autour de cours intérieures : 




les grandes salles de réception, et le diwan, salle du trône et de rencontre pour les politiques:  Correspondant à la loggia, ci-dessus, le "boudoir des dames".



"Lave-main dans une galerie"


Point de vue sur la vallée, des jardins et terrasses: le luxe de l’eau :  fontaines  extérieures et intérieures.
"Fontaine de salon"














Le bruit de l'eau permettait dit-on, de préserver le secret des conversations...





    AU HAMMAM

On admire les robinets..
                                                 



















Plusieurs salles, tièdes chaudes ou  froides, comme dans les thermes, une baignoire profonde, et un décor aussi élaboré que dans les salles de réception.















Des coupoles percées d'oculi vitrés,  et du marbre....

                    DÉCORS  intérieurs .

 Des murs en bandes horizontales de blocs sont assorties aux arcatures en alternance de claveaux clairs et ocres.  




















Des retombées d'arcs  sur "culs-de-lampe" en forme d'architecture miniaturisée : les  "Muqarnass":




Marqueteries de marbre, reliefs sculptés dentelles de calcaire  et  de nacre, d’ivoire, y compris au plafond. Une multiplication de niches, avec ou sans petit bassin:  réplique des entrées de mosquées ottomanes en usage en Turquie. 
Mosaïque de Basilique...











et des écuries qui sont maintenant transformées en musée des mosaïques romaines et byzantines découvertes aux alentours. 
Une architecture de voûtes en pierre. La matière première ne manque pas.


                  Dans le Souk de Saïda,  Le Musée du Savon  


Le salon/diwan
Le "petit salon". 


La maison musée  de la famille Audi : un décor comparable à celui de Beït-ed-Dine: un même esprit lié à la fonction de représentation
Une maison reconstruite au début XXè au dessus des allées couvertes du souk qui remonte au XIIIè s, non sans ruines et reconstructions. 





















On visite les mêmes types de pièces, moins nombreuses mais aussi luxueuses :    les salons , le fumoir. 
Un même système d'arcatures décoratives.

Les instruments de musique nous font rêver à un environnement plus  harmonieux,  que le piaillement des canaris .











Les  portraits des propriétaires historiques  vers 1850, Said Youssef Debanne et Madame née Klhat, nous donnent une image très européanisée de l’épouse. Un milieu du commerce éclairé.






















Porte d'entrée de la maison.
Dans les sous sol de l'ilot, accessible par les allées du souk, le Musée du savon:












le réaménagement d’antiques cuves pour la fabrication du savon ont été restaurées et valorisées comme musée et boutique.



















AU coin d’une courette, un oranger….
 Des POLITIQUES DE RESTAURATION. 

 Il y eut les nécessités de reconstruction après des tremblements de terre, et surtout après la guerre de 75/90,  comme à Beyrouth; 
le développement urbain forcené avec la pression des pays du Golfe sur toutes les cités côtières:  et Maintenant une revalorisation du patrimoine historique pour le tourisme : 

Le meilleur exemple à Batroum  un "village" authentique.




On peut rêver aux Palais nouveaux 
 ou encore sur un panneau vers Xsir (voir Ch 1), acquérir une de ces villas  standardisées, avec piscine: tous identiques…  Déjà vu une idée de ce genre en Turquie.