jeudi 25 janvier 2018

TAMIL NADU, Terre des Dieux. Inde du sud 3/6.


Le nom provient de « tamoul », la population aborigène, de peau très foncée, de langue à l’origine « dravidienne » et d’une culture religieuse essentiellement hindouiste. 
Si Chennai (Madras) capitale au nord de ce très grand état de l’Inde du sud, pilier de l’empire britannique au XIXè, en garde tous les aspects architecturaux, les autres villes sont construites autour des sanctuaires: la culture spécifique a résisté, les studios de Madras font concurrence avec Bombay, pour la réalisation de films en langue tamoule,  marqués par les récits héroïques et moraux.


IMAGES des Dieux.

Durga, avatar de Parvati, femme de Shiva.


Les différents empires (Guptas, Mauryas) qui ont régné sur l’Inde du nord durant le premier millénaire n’ont pas atteint le sud en raison de la géographie, montagnes et forêts du centre assez infranchissables. Le bouddhisme instauré dans l’Inde du nord, dès l’empereur Ashoka et pendant les Guptas (vers 350) n’a pas migré, mais l’osmose des motifs, dans l’architecture et surtout la statuaire en témoigne.





Ganesh très moderne. 









L’hindouisme se fonde sur une  trinité de divinités, le Trimurti : Brahma, à 3 têtes, le créateur -plus rarement figuré que Shiva, selon les cas créateur ou destructeur, (sur son taureau Mandi ou dansant) Vishnou, dont les avatars, Krishna le pasteur, les formes féminines de Durga (et en dixième déclinaison,  Bouddha). Sans oublier Ganesh, dieu de la prospérité du foyer, fils de Shiva et de Parvati. (un malheureux accident domestique avait produit ce montage monstrueux). Les temples leur sont dédiés.


Krishna soulève la montagne. Mahabalipuram, Grotte du Trimurti, VIIès.
Toute la mythologie qui accompagne le culte et les images se fonde sur les textes devenus sacrés du Mahabharata, et du Ramayana; aventures édifiantes régissant la lutte du bien et du mal, et son illustration dans les arts de la scène.


La tradition du Bharata-Natyam, danse rituelle aurait été apprise aux hommes   et surtout aux femmes par Parvati, épouse de Shiva. L'expression des sentiments par la gestuelle, rencontre les postures de la statuaire.


















Les danseuses sacrées, les Apsaras encadrent les
  portes des temples.

Mamallapouram, Ratha de Draupadi. Temple de Durga.
 La déesse Durga tue le démon buffle. Mamallapuram, vers 650. Dynastie Pallava.
Découpages historiques. 

Se sont donc combattus puis succédés des « petits » royaumes dans les plaines et collines cultivables, et ces rois, maitres de l’océan dans le golfe du Bengale, n’ont pas manqué leur expansion économique et religieuse vers l’est. 

Découpage géo-politique du sud.
L’arrivée des européens à partir du XVè siècle pour le contrôle des ports de commerce, et l’expansion des états moghols et musulmans depuis le nord, à la même période, expliquent une mixité des cultures, sans grands confits (à part la guerre civile des tamouls du Sri Lanka). 
Depuis l’indépendance, les états du sud se développent. L’état est  vaste, riche, pour ses ressources agricoles, « le taux de pauvreté inférieur à la moyenne nationale -de fait nous n’avons pas vu les mendiants usuels-  et le taux d’alphabétisation, y compris des filles, supérieur au reste de l’Inde ». (Discours officiel).

Une économie agricole, 
Sur le plan politique, le Tamil Nadu a conservé un parti politique «indépendant», l’ AIADMK.
À notre arrivée, le pays célébrait le premier anniversaire de la mort de Jayalitha Jayaram,  dont la photographie géante couvre encore les murs;  cette femme était au départ une star de cinéma des années 70/80, puis, militante d’opposition, député, était devenue «ministre en chef » de l’état, pour ce parti indépendant, non sans quelques problèmes de corruption. Double désolation pour les  populations qui la vénéraient. 



ARCHITECTURES Dans l’histoire 
La richesse du Tamil Nadu est aussi architecturale, et par conséquent touristique, pas seulement d'étrangers.

Mamallapuram: la plage au petit matin, au loin, Le temple du Rivage.
La côte, sableuse, envasée ou marécageuse, balayée par les moussons et autres tsunamis, comporte des zones balnéaires, et les sites religieux, devenus «monuments » historiques, drainent des visiteurs très divers.

Pour faire  simple, (le puzzle est compliqué)  les sites ont été construits  puis développés par des royaumes hindouistes indépendants successifs: 

Mamallapuram, Les Cinq "Rathas". Architecture rupestre. Pallava.

1. Mamallapuram.

La dynastie des Pallavas  commerçait déjà avec le nord et l’occident quand au sixième siècle,  un site se développe en bord de mer autour d’un port. Mavalipouram: «La ville du Grand roi des démons Bali ».
Ses rois au nom impossible: Narasimhavarman 1 puis 2, (traduction « le grand lutteur »),  font édifier des temples dont les premiers, vers 600, sont creusés directement dans les collines de granite qui bordent le rivage.





Sur la colline, des grottes creusées, ou taillées en salles rectangulaires ouvertes par un portique, des piliers ornés de lions. 
Les  parois intérieures sont sculptées pour figurer les divinités ou quelques scènes de la saga de Krishna . 




Vishnou se repose sur le serpent Naga.



Des reliefs peu profonds, la nature de la pierre interdit des découpes complexes.











Scène bucolique.
Cette priorité au décor sculpté est comparable aux reliefs des grottes de Badami, de la même période, à 1500 km de là.  Question, quelle fut la circulation des techniques et répertoires??
Une oeuvre incomparable :  le bloc de "L'ascèse d'Arjuna".




Détail du centre.
Ce gigantesque relief monobloc de granite, 
« La descente du Gange » . 27m x7m, illustre le récit du miracle d'un ascète, Arjuna, dont le sacrifice convainc la divinité de faire tomber le Gange pour irriguer la terre: Shiva et une ribambelle d’éléphants. On remarque l'habile exploitation de la faille médiane.


Exemple de "mandapa" à portique.



Le Ratha de Ganesh.


Toujours "en usage" , les fidèles apportent des offrandes.











Dans un bloc de taille imposante, les architectes sculpteurs peuvent tailler un petit temple, nommé «Ratha », qui représente - en principe- un chariot. 



Deux danseuses , les Apsaras.


A l’opposé de la colline,  «  les Cinq Rathas » .


Un seul énorme rocher fractionné pour tailler cinq exemples de temples, et quelques figures d’accompagnement. Nandi, un éléphant, un lion.


Aux angles, Shiva et Vishnou.

Chaque mini temple adopte une forme d’architecture traditionnelle et innove sur les couvertures,  depuis la représentation du toit de chaume jusqu’a la pyramide, le shikara, ou vihara, constitué de registres de figures miniaturisées de ce même modèle.  

Le rathas ont été nommés pour ne pas dire baptisés du nom des cinq fils de Mandu, un héros du Mahabharata: Draupadi, Arjouna, Bhima, Dharmaradja, Sahadeva. 




Temple non terminé: l'angle est brut.

Le travail de découpe commence par le haut du bloc. Portiques rythmés de piliers ornés de lions.

Décor extérieur de statues en bas relief dans des niches.  Deux temples n’ont pas été terminés en 640((!) dont l’un en forme d’abside, seul cas avec AIhole .
On voit ainsi les traces des outils primitifs utilisés et la masse de roche encore intacte: work in progress.


Sur la plage, au risque des tsunamis et de l’ensablement, comme un phare : 
Le temple du rivage . 




Le bassin et la rangée de taureaux Nandi




Édifié sous le règne de Narasimah Varman II, il est considéré comme la première construction, de l’architecture de l’époque Pallava : des pierres taillées  empilées  ou assemblées pour obtenir une tour au dessus du sanctuaire.   Le «vihara ».
Une technique, largement exploitée dans le nord, et qui aurait pu être importée par les constructeurs Hoysalas de Badami (voir chapitre 5, Karnataka, il a fallu aller voir en vrai!!), lors de leurs  tentatives d’invasion. 
À l'intérieur du sanctuaire, un relief en basalte (rapporté) et un puits (ou pour l'évacuation des montées de la marée ?).

Comment gérer une colline éléphantesque.
Le Mandapa du tigre.


Pas plus que les intérieurs sculptés des Mandapas, 
toujours par une négligence du guide (no comment) nous n’avons pas vu deux ou trois monuments exceptionnels à 100m à pied du bus.  Que voici :  (merci la bibliothèque et les cartes postales). 






Dans les monuments de ce millénaire « hindouiste », d'architecture dite "dravidienne", seule la construction en poteau/poutre; empilement /encorbellement est visible, nulle trace d’arc ou de voûte, connus ailleurs.. énigme.

Tanjore.
2. La dynastie suivante est celle des Cholas, dont le roi règne depuis Tanjore, et qui étend son royaume au delà des limites du sud, et envahit  entre autres le Sri Lanka. 

Tanjore 
Sanctuaire de Nandi.
Un nom facile : le roi  Radjaradja Ier, vers l’an mil, dédie à Shiva son temple. Un modèle qu’on retrouve ensuite.


Dans une enceinte ,  le sanctuaire  couronné par une tour pyramidale de pierre ornée de figures; une salle d’audiences à piiiers, le mandapa, et un sanctuaire à Nandi. Le porche d’entrée de l’enceinte est surmonté d’un gopuram, de pierre sculptée, sans couleurs.   Le sanctuaire au centre trouve la forme qui sera reprise, avec une haute tour surmontant l'espace sacré, précédé d'un porche.







Dans un sanctuaire annexe on procède aux ablutions de la statue du dieu.






À l'intérieur des enceintes, galeries, et constructions annexes : un petit mandapa.



Le fils,  Radjendra continue les conquêtes jusqu’à l’Inde du nord, et  Sumatra,  fonde vers 1025 , la ville de 

Kumbakonam .. 
Un air de Benares.




Quatre temples en usage se visitent. 
 Au centre de la ville, le bassin où, le soir tombé, les fidèles font leurs ablution sur les ghats.


Un petit temple discret dédié à Brahma, vide et dépourvu de décors, hormis le fronton.

Temple de Brahma, fronton figurant les divinités.
Deux des temples sont consacrés à Shiva, toujours actifs, les pèlerins sont nombreux.


Au  temple de Nageshwara, un gopuram fut ajouté au XVIIè, le plafond (re)peint du Mandapa . 


Drapé comme mode d'offrande.
Yali monté par un cavalier.







Dans les galeries, les piliers sont traités comme des figures de chevaux ou de "Yalis", créatures mythiques hybrides. Ils transforment les petits lions des premiers temples, un indice de la période de construction.



Complément moderne.
























Une partie du temple considéré comme un charriot, est flanqué de chevaux. 
Ratha et son cheval de trait,  authentique période Chola, XI è s.

































Les chars sortent aux fêtes annuelles.




Les adjonctions récentes témoignent de la vitalité religieuse:  toitures ornées de personnages fort hauts en couleurs.




Le grand  temple  Sarangapani 
Gopuram, XVIè s
dédié à Vishnou  . 


Servant du temple: les trois traits
sur le front signalent Vishnou.



Une même structure :  une enceinte avec des gopuram en couleurs et des salles de prière ou de travail.







Pour la première fois on voit des groupes d'hommes qui récitent ensemble et des jeunes étudiantes qui travaillent.

Un angelot venu d'ailleurs ??

















Un mandapa rajouté et sous les piliers quelques objets très kitch: de vrais chariots tirés par de faux éléphants. Un Yali à roulettes, tel un jouet.






Période de fête: les bananiers doublent les piliers: illusion d'arche.
Villes et Dynasties.

3. Madurai.


Quatorzième siècle, Fin de la dynastie Chola. Les rois de Vidjyanagar,  venus du Karnataka actuel, (voir Hampi au chapitre 5) prennent le pouvoir sur le sud,
occupent la région des Pandyas vers 1350, délèguent un vice-roi dans leur capitale Madurai,  qui résistera en dépit de l’arrivée des musulmans du Deccan.
Contrairement à certains pays, les monuments et les temples tamouls sont conservés aux changements de régime.
À TRICHY, (Tiruchirappalli), l’ensemble la ville temple , (7 enceintes, 21 gopuram) s’est constituée sur Sept siècles et autant de royautés. 
Vue intérieure.








Le temple de Minakshi. 
 Madurai.






Seule une partie du temple est accessible.

Le temple a été agrandi et transformé au XVIIè par les successeurs des vice-rois de Vidyanagar, par l'adjonction d'enceintes et de portes surmontées de  gopuram

On ne passe pas.

Shiva "baroque" enguirlandé.
Un grand bassin intérieurs.
























C’est  le plus sacré des temples dédiés à Shiva; 







Entrée vérifiée par portique. 
















De novembre à mi-janvier les troupes de pèlerins tamouls vêtus de noir et venus de tout la péninsule se pressent  et selon les cas font du tourisme militant dans les autres régions.







Des galeries gigantesques; Plafonds peints,  des sculptures intégrées aux piliers. Dans les coursives , quelques figures connues. Un vrai est logé dans sa salle.Certains ne prient pas vraiment.





et un musée installé dans l’une des salles (antérieurement dédiées au culte) . 
Harihara, dieu mixte. 

Le mariage de Shiva.























Quelques peintures, enfin, (nous n'avons pas trouvé les fresques annoncées). Un sujet identique à la sculpture qui lui fait face: technique très fine, liée à la pierre tendre ou aux éditions en bronze, du XVIII.

 Le mariage en présence de Vishnou . Peinture tardive , style de Tandjore, après le XVIII.




La saga des princes et de dieu trouve aussi sa forme dans des séquences de miniatures, sans doute influencées par la tradition persane ou moghole, les voisins occupent la région. 
Une BD très populaire, très théatre de rue. 
Et aussi un récit complet: il nous manque hélas l'interprète...

Le Ramayana (?

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