Histoire
Pierre tombale à Noradouz |
Le
voyage « hautement culturel,
à plusieurs points de vue, altitude et érudition » en Arménie, était
consacré à l’architecture religieuse.
Aussi, il s’agit ici de classer les sites visités non par régions, mais dans
l’histoire complexe de la culture et de la religion. ( Qu’on me pardonne des
erreurs…) La carte n’est pas très lisible et les noms varient selon la source.
De
la période des premiers millénaires, le royaume d’Ourartou, ne laisse aucune
trace sur le terrain, sauf au musée (photos interdites). La soumission du
royaume d’Arménie à l’empire hellénistique d’Alexandre le grand, en Asie
Mineure au II è siècle av.JC, sous le règne des Tigran fut suivi du
rattachement au monde romain, le
royaume de Tiridate 1er payant un tribut à Rome.
De cette période reste le temple de Garni, (remonté
après les destructions suivantes) qui date du premier siècle après J.C. De
style hellénistique, un péristyle aux colonnes ioniques et un plafond à
caissons, il fut peut-être un monument funéraire.
Le
royaume se maintint contre les Parthes, et fut le premier à se convertir au
christianisme , sous le règne de Tiridate III, grâce au rôle de Grégoire
l’illuminateur.
Relief à Khor Virap |
Celui
ci, instruit par les premiers apôtres de Cilicie (Paul de Tarse) fut néanmoins
enfermé à Khor Virap, avant de gagner à sa cause le souverain et de fonder
rapidement plusieurs églises et monastères, dont le dogme s’opposa à la
domination byzantine.
L’église arménienne (comme celle de l’Ethiopie) restant
opposée au conclusions du concile de Calcédoine fonda une église
« autocéphale », dirigée par un Catholicos.
Plusieurs
centres du pouvoir religieux se déplacèrent en fonction de l’expansion du
royaume pendant plusieurs siècles, en se fixant au Xè dans la cité d’Ani
(actuellement en territoire turc) qui comporte les seuls décors figurés en
relief sur les murs de l’église d’Agh’Amar.
Ereruk |
Des
premiers siècles, Vè-VIIe , on peut encore visiter les cathédrales dans la
plaine d’Ararat.
Ereruk, portail ouest |
La
construction se dote ensuite d’une coupole centrale supportée par des piliers.
Talin |
La
cathédrale de Talin, VII è siècle, en cours de réfection voisine avec une
église à plan centré, une stèle représente le roi Tiridate transformé en
sanglier avant sa conversion.
À coté de la cathédrale d’Odzun, en
réfection active, non sans le dynamisme de son prêtre médiatique, qui met la
main au ciseau, pour la photo.
un monument votif
voisin contient deux stèles
gravées.
Notre guide rejoue l'Assomption..
Odzun |
La
structure des églises primitives consiste en un cube supportant un tambour
dominé par une coupole couverte.
Symbole du ciel porté par
les quatre côtés de la terre. Selon l’évolution, le tambour peut être
cylindrique ou polygonal. La
coupole sur trompes ou sur pendentifs. Le toit épousant la forme du tambour est
alors conique ou « en parapluie ».
Mastara |
Le
plan de base cruciforme, qui inscrit le cercle du tambour permet d’aménager des absides
polylobées. Aucun contrefort.
L’église
de Mastara, proche de Talin, illustre cette densité de la construction.
L’église
de Zvartnotz, sur plan circulaire, hérité des baptistères (?) –complètement
détruite s’élevait sur trois niveaux. Au centre une colonnade sur plan
polylobé, couronnée de chapiteaux aux aigles.
Edifiée au VIIè sur ordre du catholicos Nerses, sa
restitution en forme de rotonde fut tentée par l’architecte Tormanian, mais le
puzzle reste au sol…
Les
églises sur le bord du Lac Sevan conservent le plan simple.
Airavank, Lac Sevan. |
Au
moment d’une nouvelle expansion de
l’église arménienne, les églises qui avaient souffert de destructions lors des conflits entre perses et byzantins se
reconstruisent aux IX et Xè siècles. Les transformations du plan amènent à des
adjonctions d’espaces à partir du noyau central.
Sainte Hripsimé |
Au
XIIIè puis encore ensuite, des « narthex » couverts de lanternons
sont ajoutés sur le côté ouest, pour magnifier l’entrée.
A Sainte Hrpsimée , dans Etchemiazin et plus encore dans la cathédrale, la
complexité du plan outrepasse l’église primitive.
Les
monastères,
Dans
le cadre du développement du monachisme, de nombreux monastères sont construits
dans les régions, montagneuses de préférence.
Hovanavank : le tympan |
À Hovanavank, le chevet de l’église plonge littéralement dans le canyon de la
rivière. Le « gavit » réunit les deux églises. Le porche exceptionnellement historié sur le tympan représente Les "Vierges folles".
L’ensemble
monastique se développe autour d’une église principale, dédiée soit à un saint
soit à la Vierge, qui fait l’objet d’un culte « La sainte Mère de
Dieu » ( Asdvadzadzine). Souvent fortifié, le monastère s’augmente de
petites églises, réfectoires et de
bibliothèques où sont copiés et conservés les manuscrits.
En
montagne au nord est, à Ketcharis, entre deux églises, une chapelle miniature,
et l’alignement des chevets plats. Une autre église hors de l'enceinte reproduit le même modèle.
Goshavank,
reconstruit après un séisme au XIIIè était comme d’autres monastères de
véritables centres d’études théologiques.
Goshavank |
Ils
sont aussi des lieux d’expérimentation architecturale : les voûtes,
soutenues par des croisées d’arcs précèdent les solutions occidentales.
Sanahin XIè ( en cours de réfection)
L’adjonction
d’un narthex, qui dessert l’église principale peut servir de lieu de sépulture :
des dalles gravées de manière fort schématique.
Sanahine |
Haghpat : Xè-XIIIè, d’une organisation complexe,
comporte outre deux églises, un campanile,
Haghpat, le "gavit" |
à deux étages, une
« bibliothèque » où le sol est percé de jarres qui durent contenir
des boissons moins spirituelles (c’est en tous cas l’avis de notre conférencier
et de Paradjanov (voir blog cinéma) ;
Haghpat: bibliothèque |
Crucifixion |
Dans le couloir de liaison entre les
églises, le khatchkhar figurant la crucifixion est une exception
iconographique.
Le campanile |
L’interdit
de la figuration entraîne l’invention de stèles ornées de motifs végétaux et
symboliques, généralement autour de l’arbre de vie, équivalent à la croix.
Cimetière de Noradouz |
Ces
khatchkhars, le plus grand
nombre est rassemblé dans le cimetière de Noradouz, sont souvent placés de part et
d’autre du porche de l’église principale, dont les parois sont gravées de croix innombrables.
Haghartsine
, en pleine montagne , a retrouvé
une école de musique, et des touristes.
Hagartsine |
Geghart :
à l’est d’Erevan dans la montagne, complètement fortifié, comporte aussi des
églises taillées et chapelles dans
le rocher (à partir du sommet de la coupole, comme en Ethiopie).
Geghart |
Ce fut le lieu
d’un concert de chants religieux transcendés par l’acoustique.
Les
autres monastères, non moins intéressants, au contraire, sont visités par les
touristes, les familles et les scolaires :
Noravank
(région sud)
Les monastères du XIIIé
inventent des structures d’églises
à étage, et des coupoles
surmontées de colonnettes, afin d’augmenter l’éclairement du sanctuaire.
L'accès à l'étage est assez périlleux.
Le décor des tympans superposés sur chacune des deux églises est un exemple rare de figuration de la Vierge à l'enfant, et de la figure de Christ -Dieu.
Sainte Mère de Dieu |
St Jean-Baptiste |
Le monastère de Tatev
, au sud, est perché sur une montagne accessible par téléphérique, ou par une
route impressionnante.
Tatev |
L’église Saint Pierre et Paul du Xè siècle a été détruite ou vandalisée à plusieurs
reprises , remontée dès l’époque soviétique, elle fut augmentée au XVIIè d’un
clocher. Autour de l’église, au centre des fortifications, de nombreuses
stèles.
D’autres
sites mériteraient la visite, mais, faute de temps… Il n’en reste pas moins que
la fréquentation des églises ne manque pas de surprendre, en témoigne le
commerce des cierges.
L’Eglise
arménienne n’a pas de crise de vocation, le mariage autorisé et statut de
fonctionnaire pour les prêtres n’est pas la seule raison, beaucoup y croient
encore.
Une jeune nonne sonne les heures dans Sainte Gayané (une vierge martyrisée au IVè siècle) où des jeunes filles suivent des cycles d'étude.
Sainte Gayané |