mercredi 29 juillet 2015

CHINE 2/5 : MÉGALOPOLES


Shanghai, la nuit sur le Huangpu.
Shanghai.  Canton,  Hong Kong, ont en commun la modernité déjà ancienne, par leur développement économique lié à l’accès maritime, aux échanges avec l’occident et les traces de la colonisation britannique. 


Shanghai.




Shanghai, seconde ville du pays en nombre d’habitants (après Chungking)
est traversée par un réseau de voies express surplombant les quartiers anciens. Ainsi on dépasse des ruelles, vouées à la destruction, une mosquée, un temple , des bâtiments à l’anglaise.



Temple, building, usine.



L’éclairage de toute la ville jusqu’à onze heures du soir, coûte une fortune, mais « on compte sur les touristes pour la financer ». 


Le quartier dit « français » est  aussi transformé en centre de vie nocturne.





Sur le Bund, en face , le "décapsuleur", la tour de télé et le dernier record, la tête dans le nuage.



Filles caoutchouc.

Toujours plus haut... l'architecture est une attraction qui concurrence les "Acrobates de Shanghai"  (tous bons pour le Cirque du Soleil). 

Prestation polyvalente de jongleurs,contorsionnistes, sauteurs, et au final, la "Sphere" dans laquelle quatre (facile) , cinq puis enfin huit motards tournent dans un bruit d'enfer. No photo





Le BUND: Immeubles construits entre 1897 et 1923.
Reste d’occupation anglaise : 
le Bund , que les polars de Qiu Xiaolong nous a décrit, dans le contexte des années 90,  loge d’innombrables banques de commerce.  Les «messieurs gros-sous »  ont grossi. Son dernier roman évoque autant les cadavres de porcs flottant sur la rivière que l'affaire des sièges du TGV. Mais ces 
dernières semaines, la bourse chutait, les petits actionnaires en font les frais.

Un "nouveau capitalisme socialiste".
En face, de l’autre côté de la rivière Huangpu, la forêt de buildings atteint non seulement des hauteurs impressionnantes mais aussi, selon nos guides, des prix au m2 presque londoniens. En 2000, au milieu des rizières, seule la tour de télé figurait sur les plans de la ville. 


En haut à droite, un point lumineux, le dernier appartement de luxe dans la brume.
Heureux grand-parents et l'enfant unique.
La question du logement obsédait nos guides. L’accès à la propriété depuis 2000 a permis aux habitants aisés d’acquérir un appartement (pour une durée de 70 ans) , d'autres par échange de leur terrain en campagne (mais la tendance est au retour).
Une frénésie du nouveau capitalisme, couplé avec des traditions séculaires relatives au mariage, amène (certains) chinois à acheter un appartement pour le fils. À Shanghai, ville riche, les jeunes hommes sont supposés très ouverts au partage des tâches ménagères, et pour trouver l’oiseau rare, il convient d’offrir un appartement à la future belle-mère…

Une situation qui amène certains à préférer avoir une fille, contre toute tradition, c’est « gratuit », voire rentable !!  De nombreux jeunes couples s’installent maintenant sans mariage ni tractations. Les couples d'enfants uniques pourraient désormais avoir deux enfants. Leur espoir.


Ancien jongleur ?


Sérieux, les cartes


Autres considérations sociologiques, les fonctionnaires bénéficiant de la retraite à cinquante ans ont des loisirs,  (on a vu les effets sur le tourisme de masse).  Certains "accros" aux jeux d’argent perdent tout (et donc leurs appartements). 


Avec partition et texte.

Les autres, sages, occupent les parcs de la ville pour jouer, au diabolo, badmington et autres jeux d’adresse, et surtout à danser et chanter en choeur. Les instruments et sonos sont installés dès l'aube.
 Nous avons dû participer, en fonction des nationalités, à "Happy birthday to you" puis, faute de mieux, "Frère Jacques".



Façon pour les veufs ou divorcé(e)s de retrouver un compagnon ou une compagne.  Un charme inouï de ces coins tranquilles proches des rues commerçantes des quartiers chinois.










Ce matin - là, dès 9heures une charmante Mimi très inspirée n'attendait rien que ses souvenirs de ballerine, ou de l'amour perdu.


Enfin loin des histoires d'argent.


Musée de Shanghai.
















CULTURE et patrimoine
Vase VIè siècle av. JC




Le musée, une architecture symbolique dans sa forme, recèle des splendeurs remarquablement mises en scène et en lumière. Toutes les oeuvres en bronze des périodes Zhou et Han, une salle bouddhiste, et un étage "minorités ethniques".
(à suivre, chapitre paysages).

Les vitrines n'éclairent les peintures que lorsqu'on s'approche. 



Entrée du bazar de la vieille ville.  Les vélos qu'on ne croise pas ailleurs.


Les jardins du Mandarin YU, accessibles au coeur d’un bazar de la vieille ville chinoise offrent une autre vision de la tradition des lettrés.
Les sept jardins aménagés autour de maisons destinées au bureau du propriétaire ou  à des concubines, sont  remarquablement restaurés et visités par de jeunes  couples  « romantiques ». Shanghai est sans doute une ville plaisante.


Vite, on va le rater..



Nous étions arrivés en TGV, nous repartons pour l’aéroport dans un train qui atteint 430 km heure ( en trois minutes,  puis trois autres minutes pour ralentir) en sept minutes le trajet est bouclé, on n’aura rien vu.
les sculptures contemporaines suivent le rythme.




Canton, Vue de ma fenêtre.
CANTON
Guandong

Plus tranquille, et moins peuplée, seulement 4 ou 5 millions !,  le développement économique s'est déplacé sur Shenzhen qui bénéficie d'un statut spécial, comme Chungking -voir quelques films terrifiants-  
présente une même hiérarchie de constructions : 


le reflet de notre hôtel dans un bâtiment qui domine des quartiers plus anciens.









De l'autre côté d'un mur, un autre monde.



Dans l'ile de Shamian, le long de la rivière des Perles, le quartier britannique ancien protégé est peuplé de statues figurant un temps colonial révolu. 
Tel un parc, parcouru par les familles et les joggers. 







Petit Chen joue aux billes avec ses amis anglais ???


Nous n’avons le temps que de visiter un marché aux épices et  le « temple de la famille Chen" construit en 1890, qui fut une académie 
La dizaine de bâtiments sur le modèle des palais, est maintenant un musée des Arts Populaires.





Remarquable par ses sculptures ornementales  en céramique peintes qui ornent les rampants de chaque toiture. 
Des expositions montrent des jades, et les oeuvres d'un sculpteur contemporain assez humoristique, Wan Zhaoquan, sur une morale confucéenne très obsolete.




Wan Zhao : Scène de rue.
"Etre pauvre dans l'enfance est une richesse,
pour toute la vie".








Rue commerçante. 












La ville est  située sur la Rivière des Perles  qui débouche sur la mer de Chine. Un hydroglisseur nous conduit pour une dernière escale à Hong Kong en croisant  les gigantesques porte-containers et en longeant docks et grues géantes.



Canton, immeuble de bureau.




Le même, la nuit.












Hong Kong



Arrivée par la mer.
Du haut du Pic Victoria

Avant











Lors du parcours (contre la montre) sous la conduite d’un guide très titi parisien, bien qu'il ne soit jamais venu en France, on teste tous les moyens de locomotion:  à pied, dans la zone ex-anglaise, la cathédrale déborde  à l’heure de la messe.





Souvenirs britanniques







Bus, funiculaire, escalators, coursives vitrées , métro, ferry: 
on peut même éviter de marcher dans les rues; les centres commerciaux réfrigérés sont reliés par les passerelles. 




Comme au cinéma












  Tout n’est que centre commercial, depuis l’observatoire de sommet, les buildings, (marques plus chères qu'en France)
ou le hall d’embarquement du ferry converti en marché aux légumes. 
L’urgence, la foule et quelques mendiants musiciens.

Une vue « traditionnelle » sur une ruelle chinoise (internationale). 




La foule dans tous les sens.






Mendiant aveugle















Femmes de ménage, la pause...








Vue plongeante aussi sur un trottoir, où selon notre guide, les femmes de ménage, venues des Philippines ,  se reposent en bas des immeubles dans lesquels elles travaillent . C'est aussi le jour de repos dans les rares parcs, à l'ombre pour les autres immigré(e)s. Les travailleurs viennent d'ailleurs, quand les traders tradent.




De la verdure, enfin- à l'embarcadère.

Dernière nuit dans l’hotel Panda, 32 étages, dont cinq de supermarchés. Le couloir réservé aux femmes seules «Ladies only » est sécurisé; la décoration de la chambre est digne de la version ado d’une série américaine. Je me sens rajeunir, avec mon canard porte savon, mais j'ai oublié mon nounours..  



lundi 13 juillet 2015

CROISIERE sur le YANG TSE. Chine 1/4









Moment central d’un circuit très zig-zag en Chine, la croisière sur le  «Fleuve bleu »(!), expose tous les problèmes et contradictions de l’expansion économique fulgurante de l’empire qui n’a plus grand chose de céleste.


Yang tse à Chongqing.












Nous partions juste après le naufrage d’un bateau de touristes, publicité malencontreuse ; les raisons (typhon ? ) puis selon notre guide, transformations techniques inadaptées, (n’) ont provoqué (que) la disparition de plus de 400 chinois fort agés -no comment. Les flux du tourisme de masse concernent maintenant plus de chinois que d’étrangers.




Chongqing :




Désormais plus grande ville de Chine avec quelque 30 millions d’habitants sur un territoire restreint. Sa situation géographique au confluent de la rivière Jialing et du Yangtse et le statut spécial hors province, transforment une ancienne petite ville en une gigantesque forêt de buildings et des noeuds d’échangeurs routiers.

De la vieille ville (décrite dans un guide de 2000) ne reste qu’une rue commerçante aussi folklorique que saturée débouchant sur la vision d’un abime de vase -encore faut-il que le brouillard se lève...
Les records de pollution concurrencent l'esthétique de la peinture au lavis.



Mamie la récup.




À contre-courant de la foule des touristes gourmands et désinvoltes, une vieille femme a repéré un carton, sa fortune du jour. On ne verra que très peu de mendiants (sauf musiciens) et de vrais démunis.

Le respect se perd...














Mais pas la gourmandise.






















Le "mur de l'amour" et ses cadenas.








Les nouvelles traditions des amoureux ont gagné les sites. Comme tous les lieux touristiques, l'entrée des grottes de Dazu était équipée. Sourions, jaune.












BAS ETIAGE


Chongqing, "Marée Basse".

Fuling
Après la superbe excursion à Dazu (autre chapitre), départ en bus pour Fuling, car  l’embarquement prévu à Chongqing est annulé en raison de la baisse des eaux : les pontons sont inaccessibles, les fonds insuffisants. La version officielle: « abaissement volontaire de 15m du niveau en prévision des crues », cache un vrai problème lié aux nombreux barrages en amont du fleuve, qui prend sa source au Tibet. (voir archives octobre 2013) et finit à Shanghai. Le Tigre n’a plus à sauter. Voir aussi Courrier international, n° 1288, juillet 2015.

À l’embarcadère, en haut d’une pente impressionnante, des porteurs - dernier métier d’esclaves- descendent les valises liées par paquets de six au bout d’une perche, sur lit de bambous gluants jusqu'au paquebot de luxe.



Comme échouée dans les vases.


Au matin, passent les convois de voitures, de charbon, de sables, le trafic fluvial assure depuis des siècles les liaisons économiques sur le fleuve. L'enjeu stratégique s'est accru avec l'industrialisation. Chongqing et Wuhan produisent l'essentiel des voitures.















Vase, brume et crachin; quelques barques de pêcheurs. Une autre échelle.










la barque du pêcheur qui prépare son filet.


Astuces
Petits métiers.

À l'étape certains viennent s'amarrer aux paquebots pour livrer des crevettes et autres denrées, au bout d'un haveneau..










En bas de l'échelle.



Ailleurs, au bas d'un ponton, des familles font leur lessive, dans quelle eau...
Partout ce contraste entre le gigantisme du paysage et la fragilité des "petits". Il n'y a pas que des "messieurs gros-sous".



Les paysages hors d'échelle, des hommes microscopiques.


L'histoire, le mythe et la modernité.




Aux étapes, le bateau se vide de ses touristes (écrasante majorité chinoise) qui remontent en colonne de fourmis pour la visite de monuments, eux-mêmes remontés pierre à pierre, avant la mise en service du barrage.
La ville fantôme de Fengdu,  fantôme elle-même, peuplée de démons, puis,


Shibaozhai, perchée.
Dominant le fleuve et quelques cultures, au bout d'un pont flottant, glissant, et loin de la cohorte de petits commerces de la rue de la ville, le temple de 
Shibaozhai, la forteresse du trésor de pierre


















édifiée sous le règne de l'empereur Qing, Qianlong : pagode de 12 étages recélant un bouddha et depuis, une longue séquence de reliefs narrant la saga militaire, dans un style «néo-néo» héroïque.





Fengjie  : ville étape : située à un endroit stratégique du fleuve, elle a une longue histoire: elle fut la capitale de l'état des Kui à la période très poétique mais sanglante « des printemps et des automnes », puis des Royaumes combattants au 2ème siècle avant notre ère, elle fut choisie comme:



La « ville de l'Empereur Blanc », Baidicheng. Peuplée de statues polychromes et autres reconstitutions,   est devenue une île dominant l'entrée des Trois Gorges.











À l'heure du débarquement des touristes (tous les bus ensemble) une cérémonie  se joue "comme au cinéma". L'empereur, ses gardes, sa cour et ses ravissantes créatures. Tous incroyablement sérieux, avant dissolution de la manifestation.







De l'époque des Trois Royaumes, ce site stratégique fut choisi comme capitale de Liu Bao, du royaume WU du nord, et fut le lieu d'un combat sur le fleuve entre  Lu Bei ses alliés et Cao Cao en 209. 











Cette "Bataille de la Falaise Rouge" est illustrée par une céramique » , mais le film de John Woo, « Les Trois Royaumes », est infiniment plus animé (et confus sur les alliances). Début d'une période troublée..

La Bataille, version céramique XXème.

Le grand timonier Mao y laissa la calligraphie d'un poème de Li Bai , période Tang.

Graphie très libre de Mao
Les Trois Gorges :


Depuis Baodingshen, l'entrée de la gorge Qutang. Ne poussez pas...





Le nom poétique des pics et monts invisibles qui dominent les passes étroites, «rocher en forme de rhinocéros regardant la lune », « pic d'union des grues », devient à juste titre dans la brume et l'élévation du niveau de l'eau: «Pic de la fontaine sacrifiée », « Pic des Nuées élevées ». La Déesse se confond dans le rocher.
Les ponts sont plus impressionnants encore..



La navigation sur le rivière Shennong et ses trois « petites gorges » , en petites barques donne un meilleur aperçu des proportions des falaises, et des activités traditionnelles, revisitées pour le tourisme.


Signes nommant la Gorge de la Porte du Dragon





















Les « haleurs » se livrent à la démonstration en miniature des conditions de remontée du fleuve avant la motorisation des bateaux.
De l'eau un peu plus claire et quelques pêcheurs au filet.

À bord des bateaux, deux rameurs, un pilote. 20 passagers.


Monument aux Haleurs.
















Au retour, nettement plus rapide.


Maison flottante.















Et toujours le même geste.
Après la ballade, la réalité économique.


Fengjie 2

est aussi l'exemple de site détruit ( comme les autres villes qui jalonnaient le fleuve) puis reconstruit.


"Nouveau Fengjie"

Le film du réalisateur chinois de Jia Zhang-ke, « Still Life », 2006, montre la vie d’ouvriers migrants participant à la destruction méthodique des villes qui sont depuis lors noyées sous les eaux du fleuve .


2003: En cours de destruction.
Les populations déplacées , plus d’un million, ont perdu terre cultivable et logement.
Certains bénéficiant d’un appartement dans les tours du «Nouveau Fengjie » découvrent un plateau sans fenêtres ni équipement intérieur, qu’ils sont incapables de payer, d’où ces vues de cages trouées.

Un documentaire canadien construit autour des photos de Edward Burtynsky : «Paysages manufacturés»  comporte une longue séquence tournée sur ce même site et se poursuit par les images de la construction du barrage.



Le Barrage
Sur le pont du bateau, entre deux murs de l'écluse.

Entrée du bateau suivant.
La nuit se passe, pour les curieux et les insomniaques à prendre la mesure du passage de l'écluse du gigantesque barrage.



 Cinq échelles pour un dénivelé de 120 mètres. Plus impressionnant que les falaises naturelles.








On le surplombe lors de la visite de jour. Le soleil fait enfin son apparition, grandeur et lumière. Le livre des records est dépassé, nous aussi.



Là encore, revoir le documentaires sur la construction s'impose, à quoi s'ajoute l'énormité des ponts et autoroutes qui dominent le fleuve.
On quitte le Yangtsé à Yichang pour un train à grande vitesse, destination Shanghai, 1200 kms, 6 heures...à  suivre.