dimanche 29 juillet 2018

MONTENEGRO 1/3: Histoire et icônes.

Stari Bar, cité médiévale.
Etat  autonome depuis 2006,  le Monténégro est une  république parlementaire,
qui rassemble de multiples anciennes petites principautés. 

Carte en 1980
Inséré entre la Croatie, la Bosnie Herzegovine , le Kosovo et l’Albanie; rattaché d'abord  à la Serbie, dont il s’est séparé par référendum. 
-autant de frontières assez peu naturelles entre ethnies conflictuelles,  et dont les langues sont parlées dans la mesure où leurs ressortissants résident, en particulier sur les limites du territoire.
 Le Monténégro utilise l’euro, contrairement à sa voisine croate qui reste au kuna.
Le puzzle des Balkans est 
Plus compliqué qu'un casse-tête chinois, (mais attendons la suite, voir ch.3). 
en résumant, au vingtième siècle : 

Après le regroupement de tous les états slaves du sud sous la Yougoslavie dès 1918,



Un lion vénitien fatigué.




pendant la 2ème guerre mondiale le Monténégro fut occupée par l’Italie faciste;

Réintégré dans la république socialiste autogérée de Tito après la rupture avec Moscou en 53, on assista à la pulvérisation des états lors des guerres tragiques des années 90 . 


Les soumis, sur Ilot du Récif. 
Paradoxalement la frange côtière fut loin des conflits récents mais si l’on remonte aux origines, le pays fut la victime de toutes les invasions. 

Dès l’antiquité  pré-chrétienne; les côtes furent occupées par les différents groupes dominants:

Les  Yllyriens ,  romains et Byzantins.


Aqueduc romain à Bar.
Ce peuple indo européen, proche des grecs,  forma un royaume unifié avant que les romains, qui occupèrent toutes les rives possibles, ne fonde une colonie, la Dalmatie, dans cette partie du futur Montenegro dès 35 de notre ère. 
Des sites archéologiques sont fouillés dans la baie de Kotor.
 Lors du partage entre empire d’orient et d’occident, en 330, sous Constantin, les cités  de la côte se trouvaient juste à la limite entre Split et Constantinople. 

La ville de Bar : un exemple d’une cité  défensive contre les ottomans  mais  commerçante. Entièrement fortifiée elle était alimentée par un aqueduc de l'époque romaine.
Bar, cité fortifiée.
L’absorption de quelques cités par Byzance, 
et la soumission à la république de Venise, dans la période gothique et renaissance se marquent par les architectures des cités de la côte dalmate et les arts, les oeuvres conservées dans les musées en témoignent. 

                          

Les Slaves.

 Au VIè le pays subit la domination de royaumes slaves, venus du nord, orthodoxes après le schisme des églises d’orient. 
Tout site expose des objets ethnographiques : pressoir à Bar.

Quelques monastères s’implantent dans un territoire assez hostile, le long de voies de communication que constituent les rivières.

Les villes côtières, en relations commerciales et concurrentielles pendant des siècles, et en liaison forcée avec l’Italie, et  vers le nord, les prétentions (une géographie impossible)  des royaumes austro-hongrois, puis allemands, les petites cités se retrouvèrent autour d’une première royauté "monténégrine"   au XIII ème siècle.



                               Deux Capitales:

                    1.CETINJE

Monastère de Cetinje.




Une combinatoire austro-hongroise et le lion.

Principauté plus ou moins autonome de 1485  à 1910,  sur un haut plateau de l’autre côté du Mont Lovcen. Montagne noire qui lui donne le nom.  Fondée par Ivan Crnojevic.

Kotor.
Kotor fut reliée en escaladant la montagne, 
de même que Bar par des routes moins abruptes.

Prince-évêque.




Dans  un premier temps le pouvoir était détenu par un Prince-Évêque, double fonction, héréditaire ou élective, ou forcée par les serbes.
Un conseil entourait le prince. l’alliance avec la Russie au XVIIIè permit de lutter contre les turcs.


Symbole rustique ?



Le palais royal, modeste.
















À la fin du 19ème Petar rompit avec cette double fonction pour instaurer un pouvoir civil. 
Son successeur, le roi Nicolas épousa  en 1910 la fille du roi d’Italie (accords politiques) mais en 1918, l’assemblée nationale de la nouvelle capitale, Podgorica, imposa le rattachement à la Serbie (qui gagne un accès à la mer).


 Le couple royal, chambre Style Nouille, 1900.

Le boudoir de la princesse, un peu exotique.
Une petite ville maintenant très endormie autour du palais royal et du monastère. 
Le palais devenu musée national (une architecture internationale) expose les portraits du roi Nicolas, sa femme, ses enfants; les relations internationales: le tsar, Alexandre de Russie, Napoléon 3, tous les alliés de la fin XIXè. 
Un goût certain de la modernité,   l’ameublement fin de siècle et deux  Gauguin (ou copies) au mur! 
Costume de Nicola 1er.






La tenue officielle reste locale, et des emblèmes et drapeaux à profusion. 

Le loup des Carpates s’étale dans la chambre à coucher. 

Dans les espaces verts, des sculptures de styles cosmopolites. Toutes symboliques.
On y fait les foins près d’une aire à battre (reconstituée) tracteur..


Aire à battre (fausse) et vrais foins.



La chapelle contient la dépouille du prince Alexandre, fils du roi, assassiné à Marseille en 34.







Dès l'enfance, l'arme blanche.
La remontée héroïque du corbillard à cheval sur les 30 km de virages à pic, suivi par la fanfare et le clergé nous fut conté.  Mais si l’on en croit, les sources officielles , un dernier descendant de la famille royale (qui refusa l’annexion) touche encore une somme équivalent au traitement du président de la République.   
La tradition des armes, un apprentissage dès l'enfance en vue de la guerre, pour la chasse aussi.


Le palais est une galerie: 
Quelques scènes de genre et paysages romantiques: une vue du Vésuve, (la reine est italienne).
De cette période déjà conflictuelle datent des gravures que l'on peut voir dans les auberges.

Le valeureux combattants moustachus, et les femmes héroïques, armées berçant l'enfant et priant la Vierge. D'autres femmes sont plus soumises..














Une version "cubiste" des réunions de clans.











Tous en tenue traditionnelle.

 2. Podgorica

La nouvelle  capitale depuis  1918,  dans une plaine assez vaste et reliée à la côte par le Lac de Skargar. 

Un nouveau centre religieux.
Elle devint Titograd, des années 45 à 80, puis retrouva son nom.
Urbanisme bétonné, grandes avenues et commerces multinationaux. 
Cependant au centre de l'espace vide d'un ancien cimetière, se dresse une gigantesque église orthodoxe.
Catholique.
Edifiée en trois ans, juste terminée: le signe d’un retour, pas seulement du religieux mais d'une politique, appliquée dans tous les états anciennement socialistes. Vu à Tbilissi, en Georgie, une cathédrale aussi gigantesque (décor intérieur moins probant, ch. Georgie, 2015)

Une cathédrale catholique  "moderniste" a été construite, en contrepartie.  
La population du Monténégro se répartit entre orthodoxes pour presque 75%, au centre et dans les villes de la côte,  des catholiques, 10% sur la côte et à la frontière de la Croatie, majoritairement chrétienne,  10 à 12% de musulmans sur les frontières est, en particulier à Bar, proche de l’Albanie.

 3. Actualité des Religions. 

 Moraca: Détail d'un Jugement Dernier. XVIIè siècle. Comparer avec les fresques de Bucovine, en Roumanie.
Byzantins puis orthodoxes  : une tradition de cette partie des balkans. Les deux sites principaux, Moraca et Ostrog font partie du patrimoine livré au touriste.





L'iconographie de l'histoire du Christ et surtout le rôle de la Vierge dans la foi, offre des variations sur les motifs traditionnels : certains sont empruntés à des peintres moscovites. La vie de Saints moins connus et de quelques ermites se loge dans des BD avant la lettre.




Les monastères médiévaux : 

Moraca. 
Le surveillant regarde ailleurs...

 Fondé dès le IXè,
 la construction actuelle a conservé des peintures du XIVè et du XVIIè.
(photos en douce) et surveillance sévère; ni cartes ni livre.


La "maquette" et le donateur.
Détail de l'iconostase : la Dormition,  peintre local.
Iconostase, XIV ème.  Facture t.raditionelle



































Ostrog. 


Prendre la file, en silence. Et contempler rapidement la voute rupestre du sanctuaire. Fresque superbes, pas de photos, même dans l'énorme boutique de piété.

  Les pèlerins , en quête de miracle,   sont d’origines très diverses.. 
à la suite d'un miracle sur le corps du Saint, les fidèles déposent des chaussettes dans une corbeille..  qui seront redistribuées. 

Les surfaces des terrasses ont été décorées très récemment : une technique que l'on trouve dans la nouvelle église de Podgorica.  

Le monastère d'Ostrog du bas.

Dormition de la Vierge, nef principale.











Construit au XIXème; la décoration suit  le programme de la vie de la Vierge.




Podgorica: cathédrale d'une autre échelle.



La construction et le décor en seulement trois ans de travaux avec des équipes de professionnels et d’artistes de très haut niveau . 










Il fallut araser plusieurs pâtés de maison et vider un ancien cimetière pour édifier un monument en blocs énormes. Rustiques, avec les trous géologiques ou gravés, et sculptés. Porte  monumentale en bronze, piliers en marbre.


 













Les voutes intérieures de peintures à fond or. 
reprenez l'iconographie totalement  conforme aux grandes église orthodoxes russes ; en témoigne " la Trinité" d’après Andrei Roublev…
Dans un bas-côté: les fidèles. (Fin du XXè, selon les costumes)
La Trinité, façon XVè.
La Trinité, XXIè  à Ostrog.















 Ostrog du Bas : Populations du début XXè: 









Quelques tableaux étonnants: sont intégrés dans les prédications des prélats illustres, intermédiaires du Christ (surplis à croix noires byzantins) des portraits réalistes de groupes contemporains.
Dans le "Monastère du bas" à Ostrog,  le même scène au XIXè, on ne portait pas encore la cravate (rouge !) 


Pendant une cérémonie de baptème,  personne dans la foule ne se préoccupe des intrus. 
Sous la cathédrale, une Crypte très théâtrale a été décorée dans le même style ( sauf plafond plat et bas). Où l'on apprend que notre guide est croyante.




samedi 21 juillet 2018

MONTENEGRO 2: La côte Adriatique.




 Entre la Croatie et l’Albanie, du nord au sud, Les bouches de Kotor : 
Deux golfes, d’une longueur de presque trente kilomètres. réunis par des canaux étroits :  Un ancrage sécurisé relativement facile à défendre naguère, mais envahi depuis par les paquebots géants..Classé Patrimoine mondial de l’Unesco en 1979 peu après un tremblement de terre, ce golfe aux aspects de fjord est bordé de  plusieurs petites cités.




Dans l’histoire de la région, Kotor fut une sorte d’état dans l’état, habité très tôt puis colonisé par les romains, puis les byzantins, les italiens de Venise, l’ Allemagne, avant de rejoindre la Yougoslavie. Une ville domine l’entrée pratiquement à la frontière de Dubrovnik: Herzeg Novi.


Dans la seconde partie du golfe, deux sites touristiques incontournables:

Perast : 



Important centre maritime pendant quelques siècles: importance de chantiers navals pour une flotte marchande rayonnant en Méditerranée; son École Navale célèbre, la « marine de la Boka »,  a formé jadis les troupes du tsar. 


Ce centre touristique  très «pittoresque », les  architectures  vénitiennes  (la cité fut sa propriété pendant 3 siècles) ont été préservées,  et grimpent sur le contrefort au départ d’une rue parallèle au rivage. 






Ville d'art en action!




Le clocher de l’église Saint Nicolas domine, (il y eut 17 églises??) Une église voisine est  transformée en musée. Belles icônes  du XVIIè siècle.

Chantiers.





















Dans l’ancienne maison de la famille patricienne, les Bujovic, en l’absence de ses descendants, un musée historique et maritime, crée en 1937, présente des portraits de capitaines et nombre d’ex-votos. Une documentation sur les navires et quelques miracles…



Le Palais/musée. 











































Des preuves de combats victorieux, et des relations commerciales avec les Ottomans.




Vue sur Perast,  l'Ile Saint Georges et Notre Dame du Récif.
En face, la petite île Saint-Georges , ancienne abbaye bénédictine, et un cimetière qui fut  dit-on, l’inspiration de « L’ile des Morts » de Böcklin. et d’une légende fort romantique d’un couple d’amants, enfin réunis.



L’ilot artificiel construit pour l’édification en 1630 de  Notre Dame du Récif  se visite d’un coup de bateau : 
L’église dédiée à la Vierge salvatrice des marins est tapissée d’ex-votos en argent.



Un cycle de peintures sur le haut des parois  ainsi que le plafond à caissons sont l’oeuvre du peintre Tripo Kokolja,  XVIIIè.  Son autoportrait au musée a souffert.



Le plafond à caissons, plus baroque que renaissance :  


Au dessus de l’autel, une icône de  Lovro Marinov Dobricevic 1452. Style plus italien de la renaissance qu'orthodoxe. Une autre Icône à perdu ses figures:





Dans les idylles de la région, on cite les amours de Pierre Loti, grand navigateur, pour l’héroïne de son roman : Pascuala Ivanovitch.










KOTOR

Tout au fond du golfe, la cité fortifiée de Kotor 

sur le « fjord »;  car dominée par le montagne  abrupte,  le Mont Lovcen.
 entourée de remparts elle  abrite des palais et des églises dans un dédale de ruelles.
La cité eut aussi son école navale, dès le XIIè siècle.

Bénéficiant du statut de république pendant un temps, après l’autorité de princes hongrois, la cité fut dépendante de Venise mais libre moyennant finances;  résista longtemps, et ne tomba jamais sous le joug des Ottomans.
Mais depuis quelques années, des commerçants turcs s’installent dans des boutiques: vêtements de cuir, céramiques, tapis. 


La Vierge de la porte.











De la porte Est, bien cachée, part l ‘ancien rempart qui conduit à l’ancienne forteresse en passant par la  petite église  ND de la Santé. (il en faut pour grimper.) 




La porte sud, sur la rive,  gardée par deux canons est  inaccessible aux véhicules, piétons et porteurs circulent entre les rues aux noms des riches patriciens, Bizanti, Buca, Drago, Vrakijen ou Karampana, dont les palais arborent les emblèmes et les églises, catholiques ou orthodoxes. Comme à Perast,  sous le signe du lion.


La cathédrale Saint Triphon
édifiée  à l’origine en  1166,  souvent reconstruite depuis, contient un rare ciborium (1362),



des autels et retables plaqués d'or et argent. 






Tels les extraordinaires reliquaires du trésor qui jouxte la cathédrale.




















De fait, Kotor, se situait au débouché d’une route caravanière, (un défilé le long de la rivière Skarda) qui rejoint des mines dans les montagnes. Seule voie avant la réalisation de routes carrossables. Cette richesse économique liée à la maitrise de la mer,  pour un commerce méditerranéen, explique le développement de la cité, et la nécessité de protection.





L'église Saint Luc, romane d'abord puis remaniée en église orthodoxe: une iconostase double le choeur. Dans la Chpalle Saint Spiridon, le pope est en trompe l'oeil.. 






  


En recherchant Sainte Anne, fermée, 

on trouve un musée de chats, puis Saint Nicolas, grand mais très banal, puis  Sainte Claire, baroque. Les deux confessions coexistent.














Autel de marbre, ultra baroque et catholique, la preuve.


On quitte Kotor par la remontée des 42 virages en épingle à cheveux menant à  Cetinje,  la capitale des XIV et XVIIIè siècles  on aperçoit l’aéroport de Tivat, l’autre ville sur l’autre branche du golfe.


ainsi que le « M » :  un hommage crypté et discret (!!!) de l’architecte amoureux de la reine.

Budva  :  sur la mer, de l’autre côté d’un promontoire redoutable.

Ancienne cité fortifiée, site de Dubrovnik miniature, s'est développée comme la plus importante station balnéaire;

Port de plaisance, (certains ont cité le Saint-Trop local) et buildings hors d'échelle.


Dans la vieille ville entièrement restaurée après le tremblement de terre de 1979, Des églises  à l’ombre de palmiers, plus calmes que le front de mer.
Bel appareil de pierres sable et roses.

Saint-Ivan, VIIè, Sainte Marie de Punta, 840, Sainte Trinité, 1804, Eglise orthodoxe au plafond  et iconostase intéressants.


















 Eglise de La Trinité

Plus loin sur la côte, on aperçoit
l’ile Stevi Stephan 










une" île-hôtel" :  modeste résidence pour stars internationales, 13000 euros la semaine ?! . même l’entrée dans la cité est payante .. on zappe.

Bar

Stari Bar.

Principal port de commerce du Monténégro, et sa ligne de transit vers Bari en italie ;
les établissements industriels et les pétroliers enlaidissent la côte.


Proche de l’Albanie, avec une population musulmane importante on découvre une mosquée neuve.


La vieille ville de  Stari Bar  dans la montagne domine la baie.:  fortifiée mais abandonnée  au XIXè siècle, après la victoire sur les turcs; Un site très touristique (en dépit ou grâce) aux ruines.  La restauration a de quoi occuper des décennies d’archéologues et d’ouvriers…  La « cathédrale », avant . Après... 
Entre Kotor et Bar, on a matière à retrouver l’histoire du pays. (Ch.1)