mercredi 9 novembre 2016

BIRMANIE 4/5: LE BOUDDHA en IMAGES.


Détail d'une grotte de Po Win Taung, XVIe s.
Images et récits.

Selon la tradition historique, le Bouddha Siddartha Gautama, né vers 500 avant JC au Népal, a voyagé en Inde. Il ne serait que le quatrième, des reliques des trois premiers sont enfouies dans la pagode Swedagon  à Rangoon.
« La voie des anciens » du bouddhisme theravada, répandu dans le sud-est asiatique, Laos Cambodge, Sri Lanka, se rapporte au modèle le plus essentiel de la doctrine. 
Statuaire.























Les innombrables statues illustrent trois postures (asana), debout pour l’enseignement, assis pour une méditation et couché à l’approche du Nirvana. Des figures qui se distinguent des bouddhas tibétains; ni "avenir", ni "médecine" ni obèse, toujours jeune et mince.









À BAGAN, dans l’Ananda temple,  du XIe s , double circuit de coursives dans le plan carré, quatre bouddhas dorés, debout dans des chapelles à chaque direction de l’espace sacré.



     Les quatre "mudra" (positions des mains) des quatre bouddhas de l'Ananda à Bagan.


Musée Yoke sone Khyaung
On retrouve cette figure dorée, élancée et quelque peu "féminine" dans les sanctuaires et des musées. D'autres statues plus modestes peuplent les pagodes et les temples de cette période médiévale de l'empire Bamar.


Bagan.













































Dans les différents sanctuaires moins célèbres du site de Bagan, une majorité de bouddhas assis, main droite vers le sol, 
de charmants petits bouddhas du XIIs nous sourient. Un florilège d'expressions. 








Les cohortes des bouddhas des grottes de Pho Win Taung,  plus de 400 grottes et infiniment plus de statues taillées dans le rocher.




Le plus souvent assis (question de hauteur sous plafond?) sont auréolés de peintures des XIV au XVII siècles. Quelques petits bouddhas couchés plus récents dans les grottes tardives.





Peintures et reliefs.

Peinture XVIIe, grotte de Po Win Taung.












En peinture , assez dégradées, registres et «vignettes» d’une BD figurent une vie mythique de Gautama,





que les «Jataka» peintures ou reliefs développent dans les sanctuaires et surtout les monastères. 









Le Monastère Yoke sone Khyaung à Salay quelques kilomètres au sud de Bagan. hauts reliefs en bois noir cernent la terrasse. Construction et sculptures du XIX siècle. Scènes de genre.

"Upatissa et Kolita regardent Pwe dansant sur la montagne".


Pwe dansant, détail de la frise.
Les frises du Monastère Nar Auk, près de Hpa An dans l’état kayin des reliefs polychromes très animés nous ont interrogés sur la signification des images.
Une série de petits panneaux, période de l’occupation anglaise, artistes venus de l’Inde (?) on se croirait dans les aventures de Krishna.(ndlr sans preuves).

Pour l'échelle. 



Détail: la frise mesure environ 70 mètres de long sur le pourtour intérieur de la salle de méditation.







Dans une technique identique, un sanctuaire à Pyay.XIXe
LA VIE DE BOUDDHA

Dans une vie antérieure à l’Eveil, le prince Siddhartha,  fils du roi aurait eu plusieurs autres vies et aventures, ce qu’illustrent les peintures, reliefs élaborés au cours des siècles dans les sanctuaires. Et principalement dans les monastères, pour l’édification des fidèles. Une séquence illustrée. À Bago, sur le base du bouddha couché, une imagerie populaire, légendée.


Parti à la chasse, il rencontre une jeune fille qui devient son épouse.


Déjà bouddhiste, elle fut expulsée avec Siddharta et menacée de mort par le beau père
L'exil et la menace de mort.
Le repentir du roi.
Le démon explose, les gamins jouent.







mais après que l’idole païenne explose littéralement, devant les marques de dévotion qu’elle pratiquait, elle fut réintégrée et le roi adopta la nouvelle religion. 











Un lointain successeur en 994 fit donc construire le bouddha couché. 

Devenir Bouddha:
Trois sculptures à Pyay.



Le jeune Siddharta, converti, quittant la cour, son épouse et son enfant,
rencontra sur son parcours, un malade, puis un vieillard, et un mort, cette prise de conscience d’une vie éphémère l’amène au renoncement aux richesses. 









Une méditation après un jeûne prolongé provoque L’éveil ou L’illumination.
(bodhi) À Bodgaya, non loin de Benares en Inde. 

L’arbre sous lequel Gautama  accéda au statut de Bouddha est vénéré en Inde mais aussi curieusement au Sri Lanka. Une capacité à déplacer dans l’espace et dans le temps, les prodiges de la vie de Gautama, grand voyageur mythique.  


Shwedaung: Xè ? relooké.

La prédication :

correspond à toutes les statues d’un bouddha assis, avec plusieurs significations selon la position des mains.


Un bouddha capable de miracles  



à Shwedaung, le bouddha à lunettes édifié par le roi Puyi au Vè siècle aurait permis au roi Duttabang de recouvrer la vue. On a changé les lunettes volées depuis à nombreuses reprises. 




Grotte de Po Win Daung, XVè 

Le nirvana:



Le moment de conscience d’une mort proche, 
l’arrêt des réincarnations successives, la fin des souffrances (ici les opinions divergent)
Les figure du Bouddha couché est souvent entouré de ses disciples, les bodhisatvas qui ont connu l’éveil. 

Ancien mais restauré.


Seul et monumental, le plus beau. à Bago la Shwemawdaw.
le bouddha couché , édifié par le roi Migadippa, de la dynastie Taungoo au XVe, envahi par la jungle puis redécouvert par les britanniques lors de la construction du train. Restauré il est supporté par des caissons qui résument l’histoire. Imagerie tardive à l’ancienne mais avec quelques vignettes «modern style ».

Manuha temple, Bagan.



D'autres sont très à l'étroit: Bagan, dans Manuha temple. 











Les Modernes.



Pyay, en contrebas du stupa.


Les progrès techniques, béton, aluminium, moulage,  facilitent le gigantisme des figures du Bouddha, assis debout ou couché.

Des adjonctions aux grands sites, ou de nouveaux sur des modèles anciens, dans des campagnes.

Tels des champignons.






Pagode de Thanboddhay.







Une inflation quantitative: en milliers ou centaines de milliers
et en gigantisme: de la copie au kitch absolu.

Thanbodday, 1940:
500.000 sur les parois extérieures, autant à l'intérieur dans un dédale de salles, les miniatures du sol au plafond, et partout des clones à l'air chinois vus par Tintin.

















ainsi dans le corps du (presque) dernier bouddha géant de Win sein Taw, proche de Moulmein, les dioramas illustrent la vie de bouddha, à l'échelle 1
 des festivités de la cour à l’enfer, horrible sur le plan plastique.  











Tous ces sanctuaires restaurés ou nouveaux, visent à la modélisation du comportement de la population: modestie, patience, politesse, sourire, 







en attendant un jour meilleur, peu de révoltes, 
Sauf a prendre en compte la «Révolution safran » de 2007, des moines sur le prix des denrées alimentaires..



Qui sera le prochain bouddha, que certains attendent : une révélation miraculeuse. En attendant, des images.


samedi 5 novembre 2016

MYANMAR 3/4: Dans l'ÉTAT SHAN.


Vers l'est, à la frontière de la Chine, le Yunnan, cette région de montagne est maintenant accessible aux touristes -dans un secteur limité par une route surveillée. 
Cet état du nord est de la Birmanie longtemps le lieu de conflits ethniques, et politiques reste   d’actualité. 

Les régions frontalières, très militarisées sont encore le lieu de conflits armés entre l’armée « nationale Ta’ang »  et l’armée « de l’alliance démocratique du Myanmar » qui ont repris en 2015. 
Le film de Wang Bing, en salle, évoque l’exil de l’ethnie Ta’ang, partant du nord ouest de l’état shan vers le Yunnan, aussi soumis à des répressions. Des groupes de l’ethnie Daï aux tenues noires traditionnelles proches des Hmongs fuient aussi la région.

La situation est loin d’être pacifiée en dépit des efforts de Aung San Suu Kyi. (cf Le courrier international n°1350  15 sept, 2016).

L’ethnie Shan, s’est depuis le XVe siècle opposée aux différents régimes centraux pour la propriété et le bénéfice des mines de pierres précieuses, situées sur leur territoire. Et quelques conflits depuis pour la route de l'opium.
Les Shan originaires de Chine et descendants des envahisseurs mongols -leur physionomie en garde des traces- ont conservé une langue et une culture différente des ethnies majoritaires de Birmanie.


Sanctuaire "nat" près de Hsipaw.






Néanmoins bouddhistes, leur pratique est plus modeste, peu de pagodes dorées, mais des monastères et un culte aux divinités nat  qui trouvent leur autel, jusque dans les maisons. 




Wang Bing: Femmes et enfants en exil, les hommes ont rejoint le front.






Les hommes portent des tuniques et de pantalons bleus, des chapeaux de paille, tel notre guide. Les femmes des pantalons, peu de longyi.










La limite de l'État (autonome, ?) se situe juste après la ville de  Maymyo , le Pyin U- Lwin des résidents anglais du XIXe.




Cottages recyclés en hôtels, et pour le transport du touriste, quelques calèches d’un siècle passé.









Un grand marché couvert déjà envahi de produits chinois, tout en plastique...

Surtout les fleurs.







VU DU TRAIN.







Un petit marché près de la gare ; salle d’attente réservée aux étrangers (!) , Altitude 1400m  le début des hauts plateaux.


























Un étal assure le petit déjeuner de gamins, soupe de nouilles, à coté du maïs, de sardines douteuses, des beignets et des fleurs, une spécialité plus rare: les feuilletés de pâte de riz.


Maïs, en chapeaux aussi.
Miam, mais un peu gras.

















Le train « mythique » qui relie Mandalay à Lashio met 15 heures, nous n’avons passé que les 5 heures et quelques attentes (pour 150 km) de Pyin U-Lwin à Hsipaw. 



Porteur cassé: Le septième sac, poids ???





Des problèmes techniques, des voyageurs de toutes catégories, modestes et des chargements de produits agricoles.











Un train aussi sauteur que cahotant traverse des montagnes et enjambe des ravins où déboulent des cascades.
Une mince idée de la jungle.













Petit pont d'avant le métal britannique.














Des arrêts de gares réduites à quelques cabanes et des passagers :  différentes ethnies et vêtements, des anciennes ou des jeunes en ballade.























Le fameux viaduc Gokteik,  mérite deux minutes d’arrêt pour la photo.




SUR  LES HAUTS PLATEAUX

 Hsipaw:  une petite ville assez cosmopolite réduite à quelques rues, un hôtel pour étrangers genre « Lonely planet », et un restaurant en terrasse sur le rivière -cuisine thai et chinoise très élaborée.


Chez le bouquiniste.




Une librairie chinoise: des illisibles en papier kraft; un bouquiniste zarbi qui expose indifféremment des ouvrages oubliés par les routards, le Christ, des drapeaux israéliens et la photo de Aung San Suu Kyi et son père, 











face à un sanctuaire en étage et ses gadgets lumineux. une boutique de saris indiens…



Un lycée privé payant, « photos et étrangers interdits » assure les cours en « trois huit ».


Monastère :



À proximité de Hsipaw, un petit monastère en bois, le Maha Nanda Kantha, fut construit en 1848 sur le sire d'anciennes pagodes de l'époque Bamar, "le petit Bagan".




Un petit lac très "romantique".





















Les femmes des villages voisins chantent devant un bouddha de bambou doré. C’est jour de carême.


























 Les robes des moines sèchent, le riz aussi,  ils sont trois qui s'abritent de la chaleur  sous la construction.
Des salles de méditation tout en bambou, aussi modestes que les maisons ordinaires, diffusent une lumière (divine?) et une ombre bienveillante.











 Escapade rurale:







Vente au porte à porte.



Hsipaw est le principal lieu de départ de treks pour amateurs dans les montagnes ou pour un tour en piroque « long tail ». 
Notre groupe pérégrine entre rizières et petits villages: 








Un pensionnat d’obédience baptiste recueille des orphelins. cours en chansons. Ce n’est pas l’hymne national.












Véritable filature

























Une fabrique de nouilles : ce qui tombe va directement aux restaurants locaux,  ou dans l'assiette des ouvriers. L'essentiel est exporté en grands cartons bilingues, birman/chinois. 













Pus loin des fabriques de parpaings. Une presse à main, des moules et de l'huile de coude.

















Quand une femme fière de sa tenue de sortie pose, 


les autres lavent et se lavent dans des cadeaux d'irrigation ou devant leur maison.

Bain du matin
Le village Shan  « Shanlon » que nous visitons, proche de la rivière,  n’est accessible que par l’eau ou le train.






Navigation sur la rivière Nam Yi Tu, affluent de la Salween qui rejoint Moulmein:

Sur les berges, des habitats très précaires. 








Les buffles  bien propres, lavés par leur propriétaire broutent près de pirogues taillées dans un seul tronc.


















Des arbres énormes aux racines horizontales se redressent










Dans le village, 
 de très belles maisons, bois et bambou, plus élaborées que celles de villages que  nous avions vus auparavant.

Avec des paraboles.  Jardins soignés, de vraies pelouses et des fleurs.






À chaque maison son annexe pour l’autel, bouddhiste ou pour des «nats » assez confus. 




De l'autre coté de la voie ferrée, l'école primaire.




Le torse nu  des hommes montre les tatouages de signes et textes sacrés à fonction protectrice. Équipé de panier et couteau.


La voie ferrée traverse le village, les buffles y broutent tranquilles, un seul passage par jour. C’est la sortie de l’école.
La richesse -relative- est liée à la culture et l’exportation du maïs, qu’on voit sécher près des maisons ou emballer et charger sur une pirogue.










En bateau pour la ville.
Au retour De Hsipaw vers Mandalay, par la route, plus rapide, mais tout est relatif, on à une idée du trafic entre la Chine et Myanmar:

Dans les deux sens, 

La « Burma road » , la route fut stratégique pendant la guerre lorsque la Birmanie était occupée par les japonais.
C’était la voie montagneuse permettant aux anglais d’acheminer des troupes et des vivres pour le gouvernement de Tchang Kai-chek  retranché à Kunming. L’autre voie à l’époque étant les pistes du tibet en provenance du Népal. Plus dangereuse encore. 


Pour le cinéphile, le film de Raoul Walsh: Opération Burma héroïse un bataillon américain chargé de libérer la route et perdu dans la jungle.
Actuellement la route est le principal axe de transport des exportations vers la Chine. 
Monstrueux embouteillages de camions de dizaines de tonnes dans des virages en épingle à cheveux, orchestrés par des militaires. 

Echange de denrées alimentaires contre des produits chinois standards qui inondent les marchés birmans. 
Exportation d'un goût pour les jeux d'argent. 
Dans une gargote mal tenue, (le seul cas du voyage), les femmes passent le temps en d'âpres parties de dominos.


Allez voir le film.










Le lecteur curieux pourra trouver des chapitres sur le Yunnan dans les archives d'octobre 2013, et surtout voir "Les trois soeurs du Yunnan", de Wang Bing.