samedi 2 novembre 2013

TIBET . 4 : Dans LHASSA

Le 1er octobre, sur le Barkhor, les tibétains doivent accrocher le drapeau chinois. Certains n'ouvrent pas.


Retour à Lhassa :


De Shigatze, assez frustrés de ne pas poursuivre la découverte des paysages et lieux de l’est du Tibet, on reprend la route principale  pour Lhassa qui suit la rivière :

Quelques champs d'orge au ras du torrent




au-dessus des gorges, à chaque méandre, des ponts en construction et des tunnels en cours de creusement pour le train.



Villages abandonnés









Lorsque je demandai à Chen pourquoi continuer la ligne de chemin de fer au-delà de Lhassa, la réponse simple, naïve ou cynique, « pour acheminer l’armée sur la frontière de l’Inde ». On tremble, mais le pharaonisme du chantier laisse à penser qu’il faudra attendre un peu.



Chantiers en cours






Il semble qu’un train entre Kunming et Bangkok, via le Laos, soit aussi à l’étude. Le réseau s’étendra donc sur tout le sud-est  asiatique. Une expansion sans fin.

Vue de Lhassa ouest, la ville chinoise.











Le contrôle des véhicules est constant, (des radars qui flashent) des arrêts pour compenser les « excès » de vitesse de notre chauffeur - la durée du trajet est vérifiée  (au risque de la suppression du permis)-, sans doute pressé de rentrer chez son épouse, charmante.





Lhassa  la vieille ville tibétaine, contrastant avec les immeubles chinois,

Transport de tissus dans la ville ancienne,  maison de Lamas
 les constructions du centre piétonnier conservent leur architecture, normalisée par les fenêtres.




Les réverbères de la rue de notre hôtel sont un curieux métissage du moulin à prière et du zhi (cette pierre qu'on voit au cou des nomades) et qui vaut dit-on une fortune.










Les moulins à prière d'un petit temple sur le Barkhor








Tenues ethniques


Autant de boutiques que de maisons autour du Jokhang. Tenues monastiques, librairies et souvenirs.


Un jeu de mots en anglais!












Mais aussi des grands magasins dominant la place des bijoutiers.









Les cours intérieures des vieux immeubles habités par plusieurs familles (on compte les compteurs) sont proches de taudis ;

Tricoteuse







Notre guide n’a pas l’eau à l’étage, ni toilettes dans la cour, ni chauffage, même s’il ne neige que rarement -réchauffement climatique- les nuits sont glaciales. Mais le choix de rester dans la communauté prime sur l’hygiène des immeubles chinois (chers) des quartiers extérieurs.

















La fontaine collective







Peu d’enfants d’age scolaire dans les rues ; dès le primaire, ceux-ci doivent apprendre le chinois et l’anglais en plus du tibétain ; une performance quand les langues et la graphie sont aussi différentes. Tout panneau publicitaire est en trois langues.


Les thangkas à la chaîne

Le dédale des rues de la vieille ville  est truffé de petites entreprises textiles, de boulangeries et de restaurants traditionnels. Les ateliers de thangkas  travaillent jusqu’à pas d’heure.

Cour fleurie du monastère

Monastère de femmes : le Tsamkhung  Nunnery:
150  nonnes vivent dans un pâté de maison enclavé  de la partie sud-est de la vieille ville, non loin d’une mosquée.



Le bâtiment a été construit autour d’une grotte de méditation du roi Tsong tsen Gampo, petite chapelle au bout d’un couloir.

Pétrissage
Gâteaux pointus




















Dans l’entrée de la salle de prière  (récitation de mantras comme dans les monastères masculins) 






certaines nonnes fabriquent des gâteaux teintés de rouge, d’autres des décors en beurre rance (les mains trempées dans
l’eau froide).

Atelier d'écritures











Dans une salle voisine, un groupe de novices roule et ligote des sutras.




Entre les chapelles et la rue, les nonnes tiennent aussi un restaurant pour pèlerins  et une boutique d’objets de piété.

Restaurant du monastère.

Sur le Barkhor, jeunes et vieux, moines et civils.


Un Cham

Tout en convoitant les vitrines, encore plusieurs tours du Barkhor pour observer les pratiques et les costumes. On repère parmi les pèlerins de grands et beaux hommes vêtus de noir, une tresse enroulée tenue par des rubans rouges, le poignard à la taille. Ce sont les éleveurs nomades du Cham, la région orientale du Tibet, voisine du Sichuan et du Yunnan. L’élevage est la principale ressource économique, hors de la vallée.

Couple nomade
On trouve une mine de renseignements historiques sur les rapports du Tibet à la Chine, et à la Mongolie pendant les années de guerre dans : Les Aventures d’un espion japonais au Tibet.
Hisao Kimura, un jeune Japonais déguisé en moine, traversa les territoires d’influence bouddhiste depuis la Mongolie jusqu’en Inde (via le Qinghai et Lhassa), à pied ou en caravane de pèlerins et marchands. 
Il informe de la vie dans les monastères, des réseaux de trafics, de la vie des tibétains émigrés, jusqu’à son expulsion lors de l’arrivée des communistes puis l’exil du Dalaï Lama en 59.



Le récit de son expédition dans le Tibet oriental, le pays de Cham, concorde avec les descriptions que fait Peter Goullard (Forgotten Kingdom) des nomades tibétains qu’il rencontrait au Yunnan, les luttes politiques de ce peuple contre les deux « envahisseurs » alternatifs chinois ou tibétains,



Bijou de coiffure

 ainsi que leur rôle dans le commerce  (et le banditisme).
La dévotion n’exclut pas les achats.








Les élégants








Hors du circuit, sur une place à peine surveillée, ces nomades en tenue chic ou de « gaucho » se livrent au commerce de leurs pierres précieuses, et des harnachements pour les chevaux.







En gros ou au détail..















Vendeuse au marché













Figures fascinantes, les femmes sont aussi couvertes de bijoux, leur richesse portative.







Beurre de yak

Plus loin, un marché couvert de fruits et bonbons, un déstockage de cocottes et cuiseurs à riz, les carcasses sur les vélos ; le beurre, les fromages (de ceux qui, en boulettes, ne fondent jamais).




 Le long de la partie est du Beijing Street,  côté vieille ville, les boucheries tenues par les Hui vendent le yak en cubes congelés.









Un spectacle tibétain « historico-folklorique » et néanmoins superbe, comme à Kunming,  est annoncé par voie d’affiches. Une vieille femme, qui porte ses rangs de colliers semble perplexe. On ne verra que des touristes.





L'eau, la terre, le ciel
 Entre décors et effets spéciaux dignes de superproductions hollywoodiennes, ou taiwanaises, des symboles, montagne et rayons de soleil (allusion à l'ancien  drapeau ?)  les danseurs, chanteurs et musiciens jouent une histoire mythique du Tibet


Célébration des récoltes de l'orge

 qui se clôt par des scènes de paradis multi-confessionnels.   Bon, Hindouiste et bouddhiste.
Les bonnets jaunes


















Une séquence de lamas aux bonnets jaunes (sans les manteaux, les tuniques courtes évoquent surtout les armées romaines)





 s’insère entre des scènes d’intérieur chinois dans des compartiments latéraux et des danses du pays Cham. 




Un public clairsemé de touristes chinois occupés avec leurs téléphones semble totalement indifférent, ne se réveille que pour l’hymne national et sort sans applaudir.



Et le dernier matin, la police fait une descente générale sur le Barkhor pour obliger les commerçants à accrocher le drapeau rouge. Le lendemain, 1er octobre, sera Fête nationale.  Occasion d’une semaine de vacances pour des chinois vers des régions moins hostiles.



L’avion qui transite cette fois par Chungking est plein. Dernière vision de la Chine : le stand de vins du duty free: la cuvée  « Marylin » ou « La Perle ».  Notre guide chinois nous avait offert une bouteille de « The great wall ». 

Nos émerveillements ne cesseront jamais, mais l’analyse du système continue de nous inquiéter. Quel devenir pour les tibétains et les autres minorités (même  protégés par le Bouddha du Futur) ?