mercredi 25 avril 2018

JAPON 4 : LES CHATEAUX DU SHOGUN.

1. Forteresses.
Détail d'un paravent à fond or, période Edo. Osaka castle.
 Première découverte de ce modèle d’architecture défensive: un modèle presque standard : Un donjon de plusieurs étages, "tenshu",  domine un ensemble de constructions civiles et militaires formant enceinte et dédale de murs et portes:

Chateau d'Osaka. 
Hokusai, chateau d'Osaka, 


Construction de bois et terre sur un soubassement de blocs de pierres énormes, la forteresse est située sur un point stratégique, rivière ou route, un fossé complète l’ensemble. 

Ces châteaux furent construits par dizaines au XVè et XVIè siècle, dans la période des guerres médiévales entre clans des diverses régions du Japon. 
Actuellement il n’en reste qu’une douzaine authentiques ou reconstruits, on en visitera quatre qui illustrent l'histoire - la saga- du Japon.


Le pays était alors découpé en nombreux fiefs tenus par des petits chefs, des daimyos, quelquefois dépendants d’un pouvoir central, et gérant des domaines avec leurs vassaux et samouraïs.
Plus souvent chefs de guerre avides d’étendre leur pouvoir et de conquérir Kyoto, siège d’un gouvernement de l’empereur, au centre du Japon d’alors (mais sans grand pouvoir). 
Le pouvoir réel sera détenu par un shogun, chef des armées, qui peut résider en dehors de Kyoto.


Dans les décennies 1550-1600, trois chefs de clans se distinguent dans une série de batailles avec leurs alliés, fort capables de changer de camp..


Ces batailles ont été illustrées, (souvent après coup) sur des peintures de paravent à fond or, de l’école de Kano.





Exposées à Osaka, elles montrent des panoramiques de mouvements de troupes,  des portraits supposés de chefs de guerre identifiables à leurs emblèmes. Chaque figure, très détaillée ne dépasse pas 3cm: une vraie BD.

Les massacres et fuites des populations locales, complètent la description de détail des armements traditionnels que l'apport des arquebuses portugaises va détruire. Arcs et flèches, lances pour les fantassins, et lourde cavalerie : les emblèmes flottent qui appartiennent aux clans et dénombrent les armées.

Oda Nobunaga.

Les trois chefs de guerre. Futurs shogun

Oda Nobunaga, 1534-82 ,  né à Nagoya (un château fortifié)
 s’empare de Kyoto après avoir vaincu nombre de chefs dont Takeda Shingen, sur son terrain lors de la bataille de Nagashino.
Fin lettré, un peu artiste bien que grand stratège,
Il  fait raser des temples bouddhistes, eut quelque sympathie pour les jésuites; installé à Kyoto comme shogun mourut assassiné -ou dut se faire seppuku; les avis varient.

Toyotomi jeune,  estampe 19è.




Hideyoshi Toyotomi

1536-1598, général du précédent , tente de conquérir la Corée,  et continue d'unifier la plupart des provinces, plus éloignées du centre. 

Toyotomi, shogun.
Commence à déléguer les fiefs, par exemple le château d'Himeji à des vassaux qu'il contrôle.




Combattant particulièrement politique, son personnage inspire toute une série de récits héroïques.

Tokugawa Ieyasu.
Ieyasu Tokugawa. 1542-1616 :

membre du conseil, défie le successeur de Hideyoshi, gagne la bataille de Sekigahara en  1600 contre tous les alliés.
se fait nommer shogun. Une dynastie qui correspond à l'Ère Edo. Installe le pouvoir à Edo/Tokyo. Deux siècles de paix par des méthodes rusées que ses
descendants et successeurs développeront dans le Japon jusqu'à la reprise du pouvoir par l'empereur, "L'ère Meiji" en 1868.

Bataille de Sekigahara, 1600.
De cette histoire fondatrice du Japon, les arts se sont emparés : des estampes d’abord, au XVIIè et XVIIIè,  puis des récits et enfin le cinéma. 

Château d' Osaka :

construit par Hideyoshi en 1586; sur des pierres transportées de l’ile Awaji. Des salles de garde pouvant contenir 10000 soldats.

Transports de blocs.
 Au 4ème étage, la salle du daimyo était décorée à l'or, par l’école de Kano.    Détruit pendant la guerre fut reconstruit en 1947.










Sakura à Osaka.


Pour animer la visite, un dispositif d'animation en vidéo illustre des scènes de la vie : le transport des pierres, la surveillance des forts ou plus pacifique, les cerisiers.
Ce château fut l’objet de la dernière grande bataille, en 1615 , contre le fils de Toyotomi qui permet à Ieyasu Tokugawa de résorber toute contestation. Il s’y installe, tout en construisant un château  à Kyoto et à Edo.

Siège du château. Panneau commandé par un chef de clan vainqueur. Détail.
Château d’Inuyama : 

Proche de Nagoya, est authentique; moins élevé que  d’autres, il domine la rivière. 
Construit par l’ancêtre de Nobunaga en 1537, fut pris par Hideyoshi, d’où il combattit Tokugawa.  
Puis fut la propriété des Naruse, sans doute aux ordres,  jusqu’à l’ère Meiji. 
Est associé un sanctuaire shintoïste.








Château de Matsumoto




Sous la neige et dans les montagnes, noir sur fond blanc: un donjon de cinq étages : Le "Corbeau Noir".


Les femmes fabriquent les balles.
Casques et pinces.


Le château fut attribué en 1590 par Hideyoshi Toyotomi au clan Ishikawa, au moment où la région était déjà gérée par Tokugawa.

Version de Kuniyoshi, XIXè...









Dans les étages, une documentation sur les armements.
La modernisation due aux arquebuses portugaises puis locales, le fer ne manque pas.


le Château d’Himeji"le héron blanc".






Au sud de Kyoto et sur la mer intérieure. Premier site classé au Patrimoine Mondial.
Construit par Hideyoshi en 1581 et donné après la bataille de Sekigahara, à Ikeda Teramasa (son gendre) qui le rehausse. Les étages du donjon,  très protégés, dominent
un  dédale d’enceintes et de portes.  

Salles de garde avec mezzanine pour les tireurs.






Viseurs dans les enceintes.
Porte et mur; technique de terre


Au dernier étage du donjon, 
un petit autel shintoïste. 

L'emblème d'Hideyoshi est
 estampé sur les tuiles de
couverture. 
Le poisson qui garnit les angles
aurait des vertus antisismiques, 
plutôt paratonnerre..



Kurosawa : synopsis.


 Himeji : Un Décor pour le film Kagemusha  d’Akira Kurosawa.  



Kagemusha : l'ombre du guerrier. 1980. 

Peinture période Edo.

Le film narre la fin du clan Takeda, après la bataille de Nagashino en 1575, sous le coup des armées de nos trois  futurs shogoun, Oda, Hidehyoshi et  Tokugawa.



 Shingen par Kuniyoshi
Station service à Sakai (!)
Takeda Shingen, grand chef de guerre du centre de Chubu, est suffisamment  célèbre pour figurer sur un autel, dans une station service du coté de Matsumoto.
















Dans le film, (fantastique acteur Tatsuya Nakadai) un double prend la place de Takeda, tué par un tireur de Nobugana, supposé résider dans le château: au passage Nobunaga se livre à un récit chanté, présence de jésuites portugais, dont on sait que le commerce a introduit des armes à feu. 


le tireur embusqué, in situ.



Kurosawa:Takeda


Oda Nobugawa.
ce film passionnant permet de visualiser ce que pouvaient être les guerres, les troupes de l'époque.
Kurosawa préparait son film par des gouaches qui décrivent les portes, les salles, les fortifications. en s'inspirant des grandes peintures de l'époque :
Le chef de guerre dominant le champ de bataille. 
    
Tokugawa Ieyasu: le daimyo, son armure et son sabre: ( in Kagemusha)

2 DAIMYOS et SAMOURAÏS.


Cuirasse et masque de Nomura.
Quand le daimyo, chef de clan fait fonction de gouverneur au service du shogun, ses  aides ou vassaux, les guerriers à son service sont soumis à un code d'honneur: voir toute l'inspiration du cinéma "chambara"; et la pratique du seppuku, (harakiri 


les samouraïs , une caste de guerriers «fidèles»  deviennent plus que des hommes de mains mais progressivement l’équivalent d’aristocrates, avant d'être supplantés par la montée des marchands. 


Intérieur à panneaux donne sur un jardin :

Connus pour leurs qualités guerrières, se sont, comme leurs chefs, des personnages lettrés,
écritoire incorporé.












ce que montre le décor de la maison du clan Nomura à Kanazawa.


des casques ahurissants et
les cuirasses exposées actuellement à Paris au Musée Guimet,   présentent d'une part le niveau de luxe de tenues d'apparat, peu utilisées (en  période de paix) et la subtile allusion aux pratiques lettrées : un manchon  s'ouvre comme un écritoire.





Autel et peintures dans la maison de samouraï à Kanazawa.

4. les châteaux  « administratifs ».


Palais du gouverneur à Takayama.



Salle de jugement et de torture.














Conséquence de l'unification du Japon et de la mise en place d'un réseau  de routes et relais. 



La gestion des territoires est délocalisée par des bureaux régionaux, chargés de la police, de la fonction judiciaire et du collectage des impôts.
Routes à l'Ère Edo.

Takayama  : Le palais du TAKAYAMA JINYA :  au centre du Chubu. (ch.2) 
au coeur des montagnes des Alpes Japonaises,  le site du bakufu (pouvoir militaire et politique sous responsabilité du shogoun d'Edo) gère les provinces du centre nord de Tokyo . Une administration de Tokugawa, encore lui.


Les espaces sectorisés, donnent sur un jardin : bureaux, salles de conférence et parties privées. 
Toujours des coursives longent les salles surélevées sur tatamis: 








Matériel d'écriture.

Toiture en lauzes de bois.
Le foyer au centre d'une salle





Les greniers, qui à l’époque stockaient le riz, seul paiement de l’impôt sont transformés en musée. 








Salle de  "conférence/tribunal.
KYOTO : Château NIJO-JO.



Tigres symboles de la puissance du shogun.
Une entrée monumentale par un porche ornementé à l’identique des temples:
Construit pour Ieyasu Tokugawa, à une portée de lance-pierre du palais de l’empereur, cet édifice a perdu son donjon mais conserve la partie de réception et d’habitation.


Plan du bâtiment. 

Trajet en zigzag dans les coursives qui ouvrent  par panneaux coulissants sur les pièces décorées de peintures à fond or :  école de Kano.





Plafonds à caissons et encore beaucoup d'or, avant de parcourir les jardins. 


Les thèmes du pouvoir, les tigres  et la longévité, le pins noirs se succèdent. 
Hiérarchie des zones, et subtile surveillance par le son du rossignol produit par les clous des planchers. 



Aigle et pins.

Pendant ce temps, les Tokugawa fils et petits fils obligent les chefs de province à séjourner tous les ans à Edo : plus de temps ni d’argent pour penser la guerre….

On oubliera les cabanes  misérables,  les révoltes paysannes et la misère des ronins, samouraïs sans maitres. (aller au cinéma).