mardi 28 février 2017

SRI LANKA.5/5. Sanctuaire bouddhiste.




Dans une "histoire", rédigée par des moines, le Mahavamsa relate la fondation mythique des royaumes cinghalais au temps du Bouddha. 

Au 3e siècle avant Jc, l’envoyé de l’empereur indien Ashoka convertit le roi Tissa. Il importa des reliques , la clavicule, le bol, et une bouture de l’arbre sacré,  le Bo, sous lequel Gautama Bouddha trouva l’illumination à Gaya. ficus ou figuier (?)


Un "Bodi" et sa cloture à Kalutara.



Autant de boutures furent plantées dans les différents sanctuaires , les VIHARAS, les lieux de dévotion, qui s’organisent autour d’un stupa, ici nommé DAGOBA.
Le bouddhisme theravada , dit ancien, en usage au Sri Lanka fut répandu dans l’Asie du sud-est, comparable à la religion pratiquée en Birmanie  (voir blogs de novembre) en Thaïlande, Laos et Cambodge.






ARCHITECTURES et STATUAIRE.

Anuradhapura 

Installation de Richard Serra?
  

Capitale des rois cinghalais, pendant quelques dix siècles, le site est devenu grand centre de pèlerinage. Il ne conserve que quelques ruines d’architecture civile;  du palais royal, Palais de bronze conçu par Dugutumunu, ne restent que les 1600 piliers qui soutenaient une construction de neuf étages.


Abayagiri Dagoba.






Les temples, en revanche sont nombreux. Des stupas, d’une blancheur qui se confond avec un ciel laiteux.
Comparés aux ors de Birmanie, leur pureté est modeste. 











La foule se presse dans le sanctuaire de l’arbre sacré, le Sri Maha Bodi.

Le vêtement blanc est obligatoire.
Tous tenteront de s’abriter sous les édifices qui l’entourent. Il pleut des cordes.
Un bassin, sur le chemin qui mène aux autres sanctuaires -on sait que les  rois créèrent des réseaux d’irrigations et des lacs artificiels, assurant la richesse des plaines du nord.
Les constructions se multiplièrent pendant les siècles suivants. Parmi celles-ci:








L’Abayagiri Dagoba:  sur une plateforme, cernée par des éléphants noirs. 




Dans une annexe, des prêtres stockent des montagnes d’offrandes, pour les remettre sur le marché ? Autant de bols et de robes qui dépassent le nombre de moines du pays.



Isurumuniya




"The lovers"

Proche d’Anuradhapura, ce sanctuaire rupestre, aurait été fondé au 3è s avant JC, par le roi Devanampiya Tissa:  le stupa est construit sur le rocher sculpté d’éléphants; une terrasse supporte l’arbre . Un autel au sommet des marches, pour l'effigie sacrée

"Famille royale" ?










et un petit musée expose de beaux reliefs sculptés du 6è siècle alors que les cultures de la salle des images, met enscène un bouddha couché d'une date très récente, moins subtil. On en verra d'autres de cette facture.

Jolis pieds fraichement repeints, sans date.

Sigiriya

Royale, La mariée  du jour.


Le roi Kassapa, après avoir assassiné son père, en  477, construisit sa forteresse sur le «Rocher du Lion».























Une double enceinte, un aménagement de jardins en contrebas (on nous a cité le Versailles, pas un anachronisme près) des bassins. Superbe exemple de paysagisme. Puis une longue ascension. 
Dans la partie basse, une plateforme destinée au Conseil.
Un siège destiné à la reine.






Une grotte aux banquettes taillées et quelques restes de peintures illisibles était réservée aux moines qui occupaient antérieurement le site.
À mi-hauteur, la fameuse «Grotte des Demoiselles» ne serait qu’une partie d’un ensemble de peintures murales. (tout photographe pris en flagrant délit est mis en prison et expulsé du pays).

Illustration de l'ouvrage en vente..



La plateforme « du Lion », dernière étape avant le sommet qu’on atteint par un escalier amène aux ruines du palais. Seule une vision aérienne donne l’idée des travaux réalisés en vingt ans par un souverain paranoïaque,  et l’on se pose la question: comment montait-il avec sa cour, avant les escaliers de fonte, palanquin, monte charge ?  













Kassapa meurt en combat singulier à dos d’éléphant contre son frère Mogalla, lequel retourne gérer Anuradhapura…

Au Xe s la royauté en danger, après quelques coups d’état, assassinats  et conflits avec les tamouls, se déplace à:

Polonnaruwa 

Le Vatadage.
L'état du Vatadage en 1910. La jungle avait envahi le site.


Les rois de cette nouvelle capitale, ont régné sur l’ile jusqu'en 1214. Des noms charmants: Vijayabahu 1er, Parakramabahu 1er qui a développé l’architecture et la statuaire, dont les constructions ont été remontées par les archéologues au XXe siècle.


Ruines du Palais royal.



En parcourant un domaine de plus de 5 km, on rencontre
Le palais royal, dont ne subsistent que les murs de façade et les fondations des nombreuses pièces.








Un Bassin taillé et décoré dans la pierre, la Piscine royale. 










Un petit temple dédié à Shiva remonte à la période du règne des tamouls. le lingam seul dans la salle du sanctuaire.



La salle du conseil, sur un soubassement rythmé de reliefs animaliers, aurait supporté une toiture soutenue par les piliers.
l’accès se fait par une volée de marches, précédées de la « Pierre de Lune », un seuil que l’on trouve devant chaque temple.



Salle du conseil.


Un lion du Xe s.


















Dans le « Quadrilatère »; l’enceinte sacrée édifiée sur un podium  cerné de murs, 
se répartissent plusieurs temples datant des Xè et XIè siècles: 

Le  Vatadage


















La  base circulaire sur deux niveaux, les escaliers gardé par deux figures encapuchonnées par le cobra, conduisent à la plateforme centrale, son petit stupa et ses quatre bouddhas selon les directions de l’espace.  
Ce temple bouddhiste, inspiré en partie du modèle de Sanchi, était couvert; des reliefs animaliers ornent les escaliers et le pourtour. Le lion est omni présent.




Le Hatadarage,  et son voisin, le Atadarage, de plan rectangulaire ont un temps contenu la dent.





Le couloir mène à la salle de culte: Un bouddha flanqué de deux boddhisatvas.





Plus au centre, un petit temple aux colonnes en forme tiges de lotus, le Mandapaya
Ce temple était aussi couvert d'un toit à double pente.












Une architecture plus hindouiste pour le temple ; le Thuparama, qui contient plusieurs statues. 
















et le « bâtiment à 5 étages » Sathmahal Pasada





Plusieurs autres constructions ruinées ne laissent que des forêts de piliers, semblables à celles qui s’érigent dans les sous bois. le parcours se poursuit en visitant des stupas, 









 la brique à nu, quelques tombeaux de moines d'un format modeste  à proximité du Rankot Vihara.



La statue de Bouddha qui l'accompagne a perdu la tête
comme beaucoup.










Le dernier Le Lankatilaka, d’une élévation inquiétante, serait encore une architecture de style hindouiste. Quelques restes de peinture.





BOUDDHAS géants 


Au nord de l’enceinte actuelle  de Polonaruwa, la merveille: le  Gal Vihara 
les trois +1 effigies de Bouddha, 



Une grande figure assise, sur la gauche de l'ensemble.
























Creusé dans une niche, un "petit" Bouddha
derrière une vitre, recueille les offrandes. 

Un Bouddha debout, les bras croisés, semble garder le Bouddha couché atteignant le nirvana.(14m de long).
sont les plus belles  (selon mes goûts) sculptures de toute l’Asie  in situ. 





Les nervures du gneiss du rocher dans lequel ils sont taillés leur imprime une sorte de voile qui double les plissés palpables de la robe.

Deux autres sites de la même période stylistique:  VIIe/XIè siècle se situent hors du « Triangle culturel » région qui correspond aux cités royales. 

Mawigawila :








Perdus dans une  forêt peuplée d’arbres étranges, on découvre
Un  bouddha  debout en posture de l’absence de crainte; 

























et un Bodhisattva de compassion au sommet de son escalier, (malheureusement pour la photo) protégé par un toit de tôle.


 Trouvés en morceaux, ils ont été restaurés.






Buruduwagala :




Taillé dans le rocher de basalte, un ensemble de 7 hauts reliefs, datant des 9e/10è siècles.  
D’une hauteur de 16 m , le Bouddha central conserve une partie de l’enduit , 




 À gauche un  avalokitesvara et deux disciples.

















À droite un  Bouddha du futur, Maitreya et  un disciple et Vishnou porteur d’un trident.

GROTTES PEINTES:

Dambulla

Ce temple rupestre, fondé par le roi Valagambahu, chassé d’Anuradhapura au 1er siècle, 
comporte cinq grottes précédées de constructions du XVIIe siècle de style Kandien. 
Les grottes d’origine, ont été complétées à cette période , en copiant rigoureusement leur décor. Une identité très troublante, il faut se référer au livret du site.




Un Bouddha couché dans la grotte la plus ancienne nous montre ses pieds de géant, fleuris de lotus. 

Dans les grottes tardives, les sculptures se multiplient. Leur double peint à différentes
échelles.






























Les statues polychromes se dressent devant des figurations des personnages. 



Les peintures de la voûte, soit des motifs floraux, soit des reprises de la sculpture (image du titre) épousent les faux plis du rocher. 






Golden temple à la bouche avide.





L’accès au site est malheureusement précédé d’un monumental bouddha doré, de création récente sur un "Golden temple" ouvert en 2000. Les chinois auraient-ils frappé ?


De nombreux autres sanctuaires peuplent les grottes de sculptures polychromes plus récentes. (voir plus bas) dont le goût n'est pas toujours certain.


Kandy.


Le style Kandien, une région très pluvieuse.




Une royauté cinghalaise s’installe à Kandy, dans les montagnes et la jungle du centre-sud à la période des invasions coloniales qui s’accaparent le littoral. Au XVIIIè siècle le roi négocie avec les anglais. 
Depuis, deuxième ville du Sri Lanka, la cité devenue lieu de pèlerinage et de tourisme s’organise autour du lac et du Temple de la Dent.
Un style architectural s'invente, qui sera adopté par les sanctuaires construits à l'époque, et depuis.








Le temple dans son enceinte est gardé par le prêtre qui ouvre la séquence rituelle du matin en musique, 




le temps que la porte du sanctuaire de l’étage permette aux fidèles d'honorer l’écrin d’argent.








 
Les pièces voisines s’ouvrent sur des trésors. On referme tout une heure plus tard.







Une salle du conseil, sur piliers de bois illustre le style Kandien au toit à double pente.




Un Musée historique expose les documents témoignant de l’attentat de 1998 qui détruisit une partie du sanctuaire, et quelques pièces historiques sauvées. Le tout ayant été restauré avec des copies. 

Au mur des peintures illustrent  La saga de la dent





La dent de Bouddha, relique fondamentale, qui garantit la légitimité du trône,  prélevée lors de sa mort,  parvint au Lanka vers 800, dans la chevelure de la fille d’un prince.




 Dès lors, on déplace la dent de temple en temple à Polonnaruwa. À la destruction de la cité, la dent repart en Inde; elle sera rapatriée puis les portugais la renvoient en Inde à Goa. Réduite en cendres et jetée à la mer, la dent se « reformera » pour naviguer jusqu’au Lanka en 1592. Miracle ou contrefaçon, tout a été dit, y compris que son dernier état fut une dent de crocodile…
Le retour triomphal et la procession rituelle.




Kandy préserve la tradition royale, pour les

cinghalais et le plaisir du touriste, des boutiques en tous genres; on y trouve des moines heureux...










Dans les jardins, les couples de mariés portent les costumes traditionnels d'une époque révolue, superbes femmes comme les danseuses


des spectacles musicaux qui se terminent par la marche sur le feu (rituel hindouiste extrême) et cracheurs de feu.



Les sanctuaires et la dévotion.


Des petits sanctuaires associés aux monastères, fondés dans les premiers siècles pour certains, ont été augmentés de constructions plus récentes qui présentent des éléments très anachroniques et témoignent de l’interpénétration des iconographies bouddhistes et hindouistes. Leur fréquentation atteste de la vitalité de la religion, dont les statistiques citent qu’elle concerne  plus de 60% de la population, cinghalaise. Bien évidemment soutenue par l'état, garantie de paix (?).






Nombreux dans les campagnes, ils reprennent l’organisation spatiale : le stupa, ou gopura,  la salle des images, la salle d’ordination, et l’arbre : 

Au   Demata Mal Vihare,  le stupa ancien, sans doute 5è s en briques, proche de l’arbre sacré.









Dans une belle architecture imitée de la tradition,







Un bouddha ancien, au style classique, 





probablement du 9è s, est entouré de deux statues récentes.








La salle des images: assez kitch : les parois sont ornées de personnages issus du panthéon hindouiste.










Une série de peintures illustre l’histoire du bouddhisme, les monuments dans l’histoire  Le stupa de Sanchi voisine avec quelques conceptions du cycle de la vie. 





















Le temple de Dimbulagala 





Adossé à un promontoire rocheux, les bâtiments de style Kandien précèdent des grottes aux scènes sculptées et peintes d’un kitch assez stupéfiant.
Sans date.

Un armée ennemie diabolique.








Des femmes se prosternent devant chaque scène, un bouddha couché, un bouddha assis  et quelques sculptures plus anciennes.










Phase de B Malade.




















Le pavillon blanc, salle des images, expose des sculptures réalisées par un moine dans les années 50 :  d’un style qui évoque plutôt l’Afrique noire..







Dans le petit sanctuaire de Seruwawila
Un bouddha doré a pris place très récemment dans un pavillon moderne.















Femmes en blanc et vaches superbes déambulent dans l’enceinte, quand les fidèles se prosternent au pied du stupa.



Le temple de Kalutara




Au sud de Colombo, sur l’estuaire de la rivière Kalu Ganga. Sans doute le plus récent et cependant particulièrement sacré oppose l’arbre, précédé d’une clôture qui reprend le modèle indien de Sanchi et le temple.
Le stupa creux, une voute de béton, abrite une petit goura en forme de cloche et ses quatre bouddhas dorés, l'or est donc un apport très récent.


Quelques peintures assez naïves relatent une version de l'histoire, et une morale:

Un ascète perd son pouvoir par le désir charnel.


Les foules méditent, vêtues de blanc ou écoutent le commentaire d'un moine.
C'était le jour de POYA, comme à chaque pleine lune.





 



35m, record battu.


Kalutara.


Sur la route de Colombo (et dans la ville, on ne compte pas le nombre de statues), 


un nouveau bouddha géant de béton se mire dans un bassin. 
Qualifier le Sri Lanka de "conservatoire du bouddhisme" n'est pas un vain mot..



Pour finir, quelques fleurs dédiées à mes compagnons de voyage, qui n’ont, pas plus que moi, compris un mot des explications de notre guide ..