dimanche 28 avril 2019

CHYPRE du Nord 1 : Antique et Médiévale.

Petite Histoire de l'île comme une succession d’occupations, de destructions. Vue du Nord
Salamine, statues féminines décapitées.
Mieux que les ruines des sites,  les vitrines des musées  rassemblent les trésors et indices des peuplements successifs et des échanges économiques et culturels qui ont formé l’ile de Chypre.


Un temps immémorial d’avant la partition.  Si le Musée de Nicosie sud recèle les objets des premiers millénaires et les plus belles pièces trouvées à Salamine. (voir blog fev 2015: Venus de la mer), dans le monastère Saint Barnabé, proche de Famagouste,

Période archaïque grecque, (-700-500)
Le petit musée installé dans le cloitre présente des collections composées de pièces trouvées dans les fouilles ou que les grecs avaient emportées en fuyant les combats de 1974.


Monstre énigmatique.
Genre phénicien.



Quelques belles pièces montrent les influences artistiques et religieuses des peuples du Levant,
lors des échanges du commerce d’avant la Grèce et Rome. 

 Apports Phéniciens, puis grecs, un art archaïque avant la période hellénistique, influencée de l'art égyptien ptolémaïque.  Un métissage très particulier dans des petites statuettes en terre cuite. Ateliers locaux et importation...




























Eros et Psyché, 


Stèle funéraire double




















Les sites de la période grecque et hellénistique ont laissé des nécropoles,  où l'on a trouvé des objets votifs mais les constructions détruites y compris par les tremblements de terre furent reconstruites, seuls les archéologues en débrouilleront les différentes strates. 





                                 SALAMINE




L’empire romain organisant ses provinces pour poursuivre les routes du commerce instaurées depuis les grecs, refonda deux cités commerciales déjà prospères:  Salamine sur la côte est, face à la Syrie et Paphos au sud ouest de l’ile. Des établissements qui rivalisèrent avant que Salamine ne redevienne une capitale dans la période byzantine.

Double de la cité grecque proche du Pirée, (célèbre par la Bataille qui peupla nos livres d’histoire) fut fondée par un mythique Teucros fils de Télamon roi de la cité grecque au retour de la guerre de Troie.
le port face à la Syrie fut soumis aux assyriens puis aux Grecs en lutte contre les Perses. La ville soutient Alexandre le Grand, devient le centre du pouvoir hellénistique jusqu’à l’annexion de l’ile par les romains en - 58, qui transfèrent la capitale à Paphos.




La Salamine  de Chypre, un bon exemple de cité romaine qui organise ses espaces autour d’un cardo, avec des marchés, des fastueux établissements de divertissement, et d’hygiène..  


Le théâtre :  édifié sur des murs à arcades pouvait contenir 10.000 spectateurs. La frons scaenae a perdu les statues des dieux qui présidaient aux spectacles. Une acoustique pour orateur…




L’amphithéâtre, envahi de fleurs n’a pas été entièrement fouillé.  D’autres structures, des bains, petits, recèlent quelques sols de mosaïque entre des colonnes corinthiennes. 






Hormis les murailles, la construction la plus visible est la palestre et les  grands bains qui sont associés, sans compter les latrines.











Grand quadrilatère bordé de colonnes, pour l’entrainement des sportifs: 
Au sol du vaste couloir qui la sépare des thermes, les dédicaces aux vainqueurs sont gravées dans le marbre.






Bain froid : frigidarium.



Les différentes parties des bains, tièdes, froids ou chaud furent voûtés, ne restent que quelques fragments de décors: guirlandes,  parasols stylisés. 
Un fragment du motif de Léda et le cygne semble craindre la chute..
Il voisine avec un autre sujet, difficile à interpréter . Deux exemples de la qualité artistique des décors des 3è et 4è siècles.
Les séismes de 332, 342 et 365, détruisirent Salamine et Paphos, dans les deux cas la reconstruction incomba aux propriétaires et gouverneurs, déjà sous l’empire byzantin, issu de la séparation de l’empire romain entre occident (Rome) et Orient (Byzance/Constantinople). En totale continuité du type des établissements et de leurs décors, que l’on observe aussi à Paphos.



Dans les siècles suivants le site servit surtout de carrière de pierre. Sans compter les guerres.  Un site "romantique "  mais du travail à l'infini. 



Une nécropole des rois fut découverte sur le site de Salamine, que nous n’avons pas vue, faute de temps.
Tombeau hellénistique, Paphos.

La nécropole de Paphos en revanche est particulièrement impressionnante avec des tombes de dignitaires qui reprennent -en version souterraine- la structure des maisons hellénistiques.  (Vers -300)
Plan du tombeau.












Les mosaïques de sol de Salamine, risquent la désagrégation, même géométriques et un peu anarchiques,  on rêve de trouver des sols de Villas comme à Paphos. Il semble qu'une découverte proche de Nicosie renouvelle les connaissances.





Paphos, Maison d'Aion, IVè s.                               


                     Les Débuts du christianisme

Saint Paul dictant à un scribe. Agia Paraskevi.
L’évangélisation de Chypre commence par Paul et Barnabé vers 40: les deux apôtres venant des côtes de Palestine. 
 Saint André fit escale à contre-sens et resta le patron. 

Le rôle de Barnabé  martyrisé à Salamine, est déterminant pour la diffusion du christianisme, on se souvient que Constantin rendit cette religion officielle. Ce qui permit aussi d’imaginer que Hélène, mère de Constantin fit un séjour à Chypre. 

Chypre devint une « île sainte », en raison de l’importance des chrétiens du moyen-orient qui s’y réfugièrent pendant plusieurs décennies. 


                                        BYZANTINS  

Saint George , version chrétienne du conquérant. 

Constance ( 337-361) fils de l’empereur Constantin reconstruit Salamine et, sous le nom de Constantia, en fait la capitale de la province.

Après les conciles du IVè siècle, l’église  byzantine bénéficie du statut d'archevêché autocéphale, donc sans l’autorité de Constantinople, bien que les évêques fussent issus des familles proche du pouvoir central.

La domination de Byzance fut une période assez troublée pendant trois siècles par la menace arabe, entrainant la construction murailles défensives dans les ports principaux. 
Et peut-être des allusions dans la peinture : ici une décapitation de Jean-Baptiste par un soldat  "pas très romain"..
Version allégorique tardive de la situation politique ?


L’ile conserve, même au nord, quelques basiliques paléo-chrétiennes  des IV-VIè  sur lesquelles ont été construits d’autres églises et monastères. L’exemple le plus intéressant: 



SAINT BARNABÉ : Apostolos Varnavas

Chevet et abside de Saint-Barnabé.
Sur l’emplacement d’un petit monastère, il fut reconstruit sur le modèle des églises romanes, et fut le siège de l’Évéché orthodoxe de Chypre jusqu’au 16è. 
Un chevet : construction en grand appareil. 
Devant l’église au clocher décalé, une fontaine au centre du cloître.
Un tombeau a été construit après la découverte des restes du Saint dans la nécropole voisine. :





mini chapelle de style pseudo.



La collection d’icônes collectées dans les églises voisines sont exposées thématiquement dans l’église: 

Saint Mamas

On trouve donc des séries de Saint-George, des Vierges à l’enfant, 





















un très drôle Saint Mamas (le saint importé d’Asie Mineure, qui sauva un agneau de la voracité d'un lion, reproduit dans les églises du Troodos et le Musée de Nicosie). Toutes datant du XIXè






















Et quelques innovations dans la montée au ciel de quelques prophètes.
Le musée du cloitre contient des objets des périodes néolithique et hellénistique. 
Dans le Karpas, péninsule nord est de Chypre,  


Monastère Saint André:  Apostolos Andreas.



à l’extrême pointe de l’ile: cap de grand site de pèlerinage, pour les chrétiens et les musulmans, zone touristique pour les ânes du parc national, et les chats bien nourris des étals de bimbeloterie et de l’ artisanat local. 




Un site choisi en raison d’une source miraculeuse et un tombeau musulman du VII.
Une restauration très moderne des annexes de l’église du XIIè, sur poutrelles métalliques et piliers bétons. 

L’intérieur du sanctuaire expose une très belle iconostase du XIX siècle.

sur la route  face à la Syrie et proche des côtes de Lycie .  


Des petites églises:  paradoxalement épargnées par les ottomans, puis les turcs,  furent construites  à proximité de la mer.  
























Tassée entre la plage et le café de la falaise une très petite église de VII ou IX, ouverte à tous vents expose des lambeaux d’icônes.











Sur la place, sa voisine plus récente:  un escalier extérieur sur la façade plate poursuit l’escalier intérieur; 










le ciborium.






un  modeste  ciborium (nous ne sommes pas à Kotor)  devait surmonter l’autel de la période chrétienne,

Une Trinité impossible...








l’iconostase fut édifiée ensuite, la tolérance ne garantissait que les orthodoxes. 
Le tout dans un état de déréliction assez dramatique, conséquence des guerres civiles et de la partition.  

Église remaniée en orthodoxe. Village sans nom...
Rizokarpazo ou Dipkarpaz: 

le dernier village multi-confessionnel de l’ile,  qui se développa dans le giron des Lusignan. 
Face à un Ataturc équestre: et sous la mosquée, l’Église Agios Synesios, chrétienne, ( évêque de Lybie du IVè s) 
 Un clocher campanile de type vénitien  complète une construction du Xè.

Abandonnée..
Nombre d’autres églises intéressantes dans le Karpas n’étaient pas au programme…..






La sortie au sud de la ligne verte nous permit de visiter l'Église proche de Paphos, Agia Paraskevi, et admirer les fresques: (voir Blog Février 2015)






plusieurs périodes se succèdent, selon les murs: du XIIè au XVIè siècle , entre Byzance et Venise.