samedi 24 mars 2012

TURQUIE 2. La CAPPADOCE



Uçhisar
Ravies du premier circuit Mosaïque, pour seniors cultivés mais cool nous avons repris l’offre Cappadoce début mars 2012, dans la suite de la découverte des églises rupestres (voir les chapitres Ethiopie).
Prémunies contre la pluie de 2011, nous avons vécu cette fois des sports d’hiver imprévus, option patinage artistique, sous des couches de neige jamais vues depuis dix ans, selon les habitants. Si le paysage anatolien est qualifié de lunaire, il le fut totalement dès la traversée des monts Taurus.


Métaphysique de l'ascension


Tout au long du parcours, notre guide passionné, Nedim, formé chez les Jésuites et à Louvain, déploya ses talents d’orateur, pour situer l’histoire de la Turquie, et commenter l’architecture, l’iconographie religieuse de toutes confessions. Tout sur les Hittites ou la conversion de Paul de Tarse. 


Les aspects sociologiques et économiques contemporains étaient au programme pendant les trajets : comme l’année précédente, la question des taxes, du prix de l’essence, de l’automobile et du protectionnisme, mais rien sur les Kurdes.





Un premier arrêt sur la route de Konya, pour visiter le caravansérail de Sultanhani, d’époque seldjoukide (vers 1230), une étape sur la route de la Soie. 
La porte monumentale dans l’enceinte flanquée de tours et rythmée de pilastres conduit à une grande cour dans laquelle s’élève une petite mosquée-kiosque,









et qui ouvre sur les espaces de repos, hammam et cuisines.







Le motif  de la porte est repris pour l’entrée de la partie destinée aux voyageurs : un plan basilical à trois nefs de très grande hauteur et une coupole sur pendentifs.







Une synthèse entre architecture civile
et religieuse.







À Konya, la visite du Musée de Mevlana, fondateur de la secte des derviches. Rumi, son autre nom, un mystique, vécut au XIIIè siècle, son tombeau est vénéré et la foule des pèlerins du dimanche permet de prendre quelques images, interdites. 




Décors de mosaïques et collections de
manuscrits enluminés,
des tapis et des objets de culte sont exposés.
La Kaaba














Les derviches tourneurs, façon musée Grévin des cellules qui entourent le sanctuaire s’animèrent pour une soirée,



 





une confrérie de fidèles, en partie amateurs,
le lendemain à Urgüp, au centre de la Cappadoce, où par chance, nous étions logés dans un hôtel de charme en partie troglodyte.





Des paysages... Trois jours de visites dans les vallées environnantes,

la vallée des moines, ou de l'amour, la vallée rose, pour apprécier les formations de tuf érodé, les cheminées de fée, les blocs truffés d'églises,



de loges d'ermites, et des pigeonniers (un recyclage des fonctions antérieures pour le guano.

 





Le poste de police dans le même style. Un paysage d’autant plus magique que la neige en détachait chaque détail. Les premiers Chrétiens y trouvèrent refuge pendant la domination romaine, puis les Grecs orthodoxes pour échapper aux invasions Sassanides.






Cavusin, un village abandonné après un tremblement de terre, mais où la restauration des maisons est en cours. 

Là aussi, l’immobilier pour le tourisme tend à se développer comme dans les autres villages, dominés par des blocs de rochers. : Uçhisar ou Ortahisar.


Cavusin



Partout la coexistence de bâtiments d'habitation, creusés ou construits, d'églises et de mosquées.
Chaque village porte un nom grec et un nom turc.



















Des ballades dans Sinassos (Mustafapasa) et ses maisons grecques, aux décors sculptés, et plus loin dans la vallée d’autres églises, et des forteresses naturelles.



Le site de Göreme, « musée en plein air » recèle une série d’églises rupestres décorées de fresques ou de peintures a secco. La structure architecturale, nefs et absides taillées dans le rocher, varie selon la dimension du rocher. 

L'église sombre Karanlik kilise
Malheureusement détériorées ou vandalisées, elles illustrent les cycles bibliques, elles couvrent les murs et les voûtes. Le Christ Pantocreator domine les coupoles.



l'église à la boucle: Tokali kilise
















Le programme iconographique ordinaire de l’ancien testament, la vie du Christ et la vie de la Vierge,











les prophètes et les apôtres,
s’augmente de la représentation des saints locaux qui diffusèrent la foi chrétienne. Basile le grand, Grégoire de Nysse ;












Saint Onulfe en particulier, dans Yilanli kilise, « l’église au serpent », nu derrière son buisson ne peut s’oublier. Face à lui, un Saint-George et son dragon.




La plupart des peintures datent du Xè et XIè siècle, et les couleurs restent éclatantes : les bleus lapis-lazuli dans Tokali kilise « l’église à la boucle » ou Karanlik kilise « l’église sombre ».














Des jeux d’ocre et rouge dans Elmali Kilise:  «l’église à la pomme ».



Sainte Barbe, présente des décors abstraits et symboliques, à l’ocre, en imitant le style de la période iconoclaste. (Photos interdites, on triche avec un téléphone, mais c’est flou, désolée).

Sainte Barbe






De nombreuses églises manquaient dans le parcours, une autre fois ? Toutes risquent la fermeture en raison des risques liés au gaz carbonique dégagé par les visiteurs.


le Pantocreator









Nombreuses autres petites églises qui presentent
un arcosolium dépourvu de décor..


Eglise à la boucle, les absides

Nous avons survolé le site et une partie de la région, car l’attraction touristique incontournable est la montgolfière.

Göreme vu du ciel
C’est une industrie, si l’on compte le nombre des assistants, des véhicules nécessaires à la récupération des  passagers et des ballons, que le vent pousse où il veut.  Une expérience mais surtout un spectacle superbe au petit matin. La vue permet de discerner les oliviers et les vignes, une ressource agricole locale, le vin est bon.

Et la manoeuvre d’atterrissage de notre aérostier en direct sur une remorque ne manquait pas de panache, champagne !



Reprendre la route pour visiter une ville souterraine de Saratli, un dédale de pièces et de couloirs sur plusieurs étages, creusée entre le Vè et Xè siècle par les habitants pour se protéger des envahisseurs.


Plusieurs centaines de personnes et animaux y trouvaient refuge, chaleur et puits.

Le col étant dégagé des congères, le bus rejoint Antalya. 







Arrêt buffet avec une mini mosquée
décorée de derviches, pour un rappel.





La côte sud est le paradis des Russes et des Allemands dans des énormes hôtels. Urbanisme galopant de villages résidentiels d’une architecture post-moderne.

 Visites archéologiques au programme aller et retour sur les sites de la période romaine, qui complètent le circuit égéen précédent.
Aspendos, la plus lointaine cité du royaume de Pergame, que les colonies romaines ont développé.





Le théâtre romain bien conservé fut utilisé ultérieurement en caravansérail. Des figurants pour l’imagination, mais ce n’était pas une arène. D’autres plus ludiques ont été construites récemment.









Une sortie très touriste en bateau sur le fleuve Manargat et la visite de la toute nouvelle mosquée de la ville : nous avons tout appris sur la culture et l’exportation de la tulipe, un motif islamique des céramiques et des décors, mais aussi sur la signification et l’emplacement des noms calligraphiés.






Manavgat
Puis le site de Pergé, autre cité hellénistique, 

Pergé
et enfin le vieux port d’Antalya, dominé par la place où s’élève une statue d’Atatürk, le père fondateur de la république. Autour, les panneaux électoraux et les gerbes de remerciement pour quelques bienfaits.. .


La dernière image :
Les monts Taurus enneigés tombent directement sur un littoral où poussent les palmiers et les hôtels.








vendredi 23 mars 2012

TURQUIE. 1. La région Égéenne.

Éphèse
Entre Izmir et Bodrum, un voyage pour rafraîchir la mémoire d’études archéologiques lointaines. Un manuel d’histoire serait plus utile que ce survol. Un guide en couleur ferait aussi l’affaire.
Une expérience nouvelle (pour moi) : le circuit culturel organisé, sans la moindre aventure.
Dans l'avion
C’était l’offre « Mosaïque du monde », destinée aux abonnés du Courrier International, et autres revues, à un tarif défiant toute concurrence. Notre guide, Ata(turc), seul lien avec la réalité locale, pendant les trajets en bus donnait dans un français parfait des informations économiques sur le développement de la Turquie et expliqua que cette promotion, financée par le tourisme turc, était destinée à maintenir l’emploi dans les sites et les hôtels de la région pendant l’hiver. Un pari réussi.



Peu de gags, sauf la publicité dans l’avion, et si nous ne coulâmes point, nous avons pris l’eau, car il pleuvait sans cesse et le marbre est très glissant, les plafonds n’étant pas la particularité des sites archéologiques.





Les CITÉS hellénistiques.

Des villes portuaires ioniennes, colonisées par les Grecs et développées dans le cadre de l’empire d’Alexandre Le Grand au 4è siècle av JC, puis au 2è siècle de 
notre ère par les romains, il ne reste que des ruines. 


Priène, le plan hippodamien
Et les plans et reconstitutions.  Le principe d’urbanisation dû à Hippodamos de Milet reste lisible à Priène et Milet. 
Constater que la trame orthogonale des rues a pu s’inscrire sur un terrain aussi montagneux  surprend toujours.
L’ensablement progressif de la côte par les alluvions du fleuve Méandre, entraîna l’abandon des cités en promontoire, les guerres ont fait le reste sans compter les tremblements de terre.
Et comme dans tous les sites, les amas de blocs et de fragments d’architectures ressemblent à un vaste puzzle. Quelques temples sont en partie remontés, 

Milet, le théâtre
et les bâtiments les mieux conservés sont les théâtres qui épousent les collines.

Théâtres grecs immenses, ou théâtres romains pourvus de murs de scène (frons scaenae), que de gradins à escalader qui permettent d’évaluer le nombre des habitants de l’époque.

Priène




Priène : Le temple d’Athéna de style Ionique, 
le Bouleuterion (salle destinée au sénat), et autres sanctuaires et marchés sur les pentes .

Milet













Milet : le gigantesque théâtre, et vu d’une coursive (vomitorium), un caravansérail, tout le reste du site était inondé.



Didymes, base de colonne









Didymes :Le monumental temple d’Apollon, construit au VIIè s av. JC, en l’honneur de l’oracle (un petit hôtel du même nom), fut transformé en église : 


deux passages couverts conduisaient à la basilique (un pédiluve). Les bases de colonnes sculptées et le célèbre relief de Méduse.










Dans les thermes voisins, momentanément envasés, une vaste piscine, au bord de laquelle médite Neptune, dieu des eaux.




Laodicée :dans l’ancienne Carie


Une découverte totale (avec même un rayon de soleil) : cette ville ne figure pas encore dans les guides ; en cours de fouilles, une superbe cité de marbre blanc. Fondée au 3è siècle av. JC par le roi séleucide Antiochus II, 


la ville fut un important centre de commerce sous la domination romaine, (un second théâtre prouve l’importance de la population)
puis à l’époque byzantine abandonnée après un nième tremblement de terre. Les nombreux temples, nymphées de part et d’autres des rues et agora dallées  que bordent des portiques sont documentés par des panneaux didactiques. 







Comme les autres sites abandonnés, la ville devint une carrière pour le réemploi des blocs.













Hiérapolis
Une « ville d’eau » : le thermalisme était en vogue dès l’époque hellénistique. 

Théâtre de Hiérapolis

Après l’apogée au second siècle sous les romains, la cité déclina et fut submergée par les eaux.

Notre traversée de la Nécropole le fut aussi.










En contrebas du site, les cascades de calcaire de Pamukkale : la patinoire géante. À l’hôtel, la piscine thermale, et le sèche-cheveux (pour les chaussures).

Ephèse

Proche de Selçuk, une forteresse byzantine domine une mosquée seldjoukide et le site de l’ancien Artemision.


Temple d'Hadrien



La cité grecque dédiée à Cybèle fut remplacée par la ville hellénistique puis le port de commerce a connu son apogée sous l’empereur Hadrien, son temple au fronton syriaque est remonté.









Le culte d’Artémis absorba celui de l’ancienne déesse de la fécondité. Ses représentations hiératiques, le buste garni de seins multiples, montrent l’intégration des croyances et des styles statuaires, comme politique oecuménique de l’empire romain.



Au début de la Chrétienté, les deux conciles d’Éphèse attestent de l’importance religieuse de la ville où saint Jean, et la Vierge Marie s’établirent selon la légende.






La rue de marbre descendant vers le port (comme dans les autres cités, la mer a reculé, ruinant l’économie) dessert les principaux monuments. La porte d’Hercule, la bibliothèque de Celsus, le théâtre...


Théâtre d'Éphèse



Sur une dalle, un relief dirigeait les marins vers des lieux de plaisir.






Les maisons de la colline, en cours de fouilles, permettent d’évaluer la richesse des négociants, décors peints  et mosaïques en place.












Le très riche musée contient  les sculptures et reliefs trouvés sur le site, les deux statues d’Artémis, 









et aussi de petites merveilles de statuettes  de terre cuite. Belle mise en espace.











Bodrum







Ancienne Halicarnasse, dont le fameux mausolée, une des Sept Merveilles du monde, se présente comme un triste amas de pierre ou un concours de restitutions hypothétiques.


















Son démontage permit en 1406, aux Chevaliers de Saint-Jean de construire le Château Saint Pierre. Une double enceinte contient des tours consacrées aux nationalités (Italie, France, Espagne, Allemagne) des  chevaliers. 
















Occupée par les Ottomans au XVIè, puis transformée en prison, la forteresse a été restaurée et transformée en musée.





























La figure d’un homme célèbre pourrait s’adapter à la statue d’un gouverneur. À la période romaine,

les têtes des empereurs étaient amovibles, en prévision...








Les collections de trésors et d’épaves nous rappellent une charmante croisière en caïque, lointaine elle aussi. Mais les fonds étaient alors désespérément vides. Normal, tout est au musée.

Bodrum, le port vu du château






Le circuit, comme les autres, passe aussi par les boutiques, de joaillerie et fabrication de cuir et de tapis, l’économie locale y gagne, on craque, c’est le jeu. D’autres boutiques ne mentent pas.









Victoire ou fortune à Éphèse