lundi 24 juin 2019

L'INDE PLURIELLE: une géopolitique imprévue.


Circuit touristique vers des régions aux monuments et cultures moins connues que d'autres , Uttarakhand, Himachal Pradesh et Penjab. Je pars pour des monuments, j'ai vu des miniatures; c'est un cinquième voyage en Inde et je reviens plus surprise et intéressée par la réalité politique.


    Dehli  une expérience multi-confessionnelle. 

Villa d'un député;  un "voleur" du Congrès; triple protection.
C’est un samedi de fin de campagne électorale, de début de canicule, et de Ramadan… le contexte dépasse le programme touristique:
Grand vide dans les avenues de New Delhi, le quartier des ambassades et « des voleurs » selon notre guide moustachu.  qui se revendique "rajputh" de la caste des guerriers. Pas moins.
Barrières de police aux abords des sites. Après coup, on voit police sur toutes les photos.
Le Fort Rouge est fermé.


Old Delhi,   
42 degrés le matin: c’est le Ramadan : Jama Masjid, la grande Mosquée  est pratiquement vide; quelques fidèles sont couchés, assoupis  dans les galeries, un léger courant d’air…


seul le balayeur ose traverser la cour, en dehors des bandes de toile ou plastique supposés éviter de se brûler les pieds. 















Relâche pour tous, même la caisse, les femmes se désaltèrent.
Un dormeur ( mort ?)


Namasté.
Passé les tas d’ordures au bord d’une petite centrale thermique, et qui entravent la circulation de manière fort odoriférante, une technique archaïque de ramassage;








on se fraye un passage dans les petites ruelles du marché du quartier ancien :



à la pelleteuse et à la main..

Héroïque : le seul qu'on croise ce matin-là.









Réparateur d'éléphants?








à vendre  ou changer ?



Une Collection de belles portes d'anciens Haveli,  des faces à face curieux,
et des locaux rarement souriants. Même les bouddhas.
















un école primaire fermée.



seulement des gâteaux et des guirlandes et autres objets votifs pour des temples hindouistes invisibles.   Et des bijouteries, souvent propriété des jaïns. Pas vus..







Fonction énigmatique : boutique, crèche ou mini temple hindouiste ?




       Vers les beaux quartiers : on zappe ce Gandhi -là. on zappe aussi les sites Moghols. 



   Désertique..
Barrage, encore..
Quelques missiles..
















Dans New Delhi, 
on ne fait que passer devant la Porte de l’Inde et des bâtiments gouvernementaux. Police,  Avions, chars;  lors d’un arrêt en terrasse, quand des jeunes demandent d’où nous venons,  ils nous regardent avec un air très désobligeant: « c’est vous qui avez vendu des rafales »…  il est loin le temps de Zidane…

Le temple Sikh Gurudwara Bangla  sahib
Le sanctuaire sikh, salut mam..
 Tenue immaculée à l’instar des coupoles de style moghol, très 18è siècle, et fort compliqué.  (voir ch.3)
là encore, on se brûle les pieds; quelques fidèles font leur bain lustral dans le bassin central.   On en rêve, 45°..
Dans un couloir des groupes font la queue pour bénéficier du repas gratuit: 
Il parait que 12000 repas sont servis chaque jour. Frugal : nan, dal et riz. Les cuisines sont stupéfiantes:  sourires et regards bienveillants pour la bande de touristes curieux, et des belles barbes !!!

                  Le Mémorial de Gandhi :  le Raj ghat:




Un immense jardin traversé de sentiers pour accéder au monument en partie enterré. 
Des files d’indiens de tous styles : 
les anciens en bonnet « gandhien », femmes en saris et autres jeunes plus décontractés. Multi confessionnel: des musulmans aussi.  Le mahatma continue de fédérer des fidèles..
Tous écrasés de chaleur,  ( 44/45° ?) ne se déchaussent qu’au pied du cénotaphe. 


La verdeur des pelouses interroge, quand on connait la pénurie d’eau, à l’étape suivante , le même  vert  et autant de kilomètres de tuyaux: 

       Le temple Bahaï


dans les quartiers sud très cossus : une nouvelle religion ouverte à tous: 
son inventeur,  the Bab,  « investi d’une mission divine » se définit comme le prophète annonçant l’arrivée du vrai  Baha’u’llah:
  la « gloire de dieu ».  
Proche des soufis du chiisme  iranien,    Mirza Husayn -Ali Nuri  (1817-1892) étend sa parole dans toute l’Asie mineure.  Un centre en Israel et des sièges dans tous les pays du monde.  il y aurait 7 millions de disciples dans le monde….

À nouveau des files de visiteurs s’étirent dans les allées d’un immense jardin  conduisant au  temple « du Lotus" .
On attendrait l'ouverture du dôme pour le lancement d'un missile...
Construit entre 1980 et 90,  la structure de béton est entourée de bassins : un peu de fraicheur… 
Francfort.
Chili..



La version "florale" complète une série de projets architecturaux modernistes, toujours basés sur un plan octogonal à coupole. 
Entre les anciens observatoires et le cinéma fantastique. Méditons...


               Des religions  Dans les provinces: 

    le circuit continue par les villes du Gange puis les provinces du nord.

Limite masochisme..



L’importance des cultes, le nombre de fidèles, la ferveur inquiétante des pèlerins dans le moindre temple des petites villes. 


Dans tous les sites hindouistes, boostés par le parti du premier ministre dans les villes saintes;   (il était candidat à Benares)  la couleur safran sature.
ou des petits temples ruraux: des fidèles locaux dans des zones peu peuplées: tradition conservatrice. 
Le modèle idéal: Vishnu et Lakshmi. 


Le couple et la famille, comme valeur première: les mariages arrangés existent encore,  et la loi des castes aussi, témoignages des guides.

Après des dizaines de miniatures dans les musées: aucune mère à l'enfant, affaire à suivre..  un érotisme du désir, et Faut-il engendrer un éléphant??

Après  les séjours dans des capitales historiques de la colonisation,  puis le refuge tibétain, (ch.5  et 6)
le circuit se termine à Amristar,  en territoire des Sikhs, après la découverte de régions soumises à différentes cultures,
Où l'on perçoit  souvent les signes d’une campagne électorale qui transforme l’équilibre du pays. 
Même le guide et les chauffeurs affirment voter pour le premier ministre, dont la politique économique n’a pas vraiment répondu aux attentes. À en juger par les suicides de paysans.

                   

Une ambiance politique latente, orange sur le terrain.



Jours d’abstinence :  veille et jour d’élection, nous avons donc connu « deux week-end sans ». Pas de bière au restaurant,, végétarien of course, même pour occidentaux (rares)
Le samedi, et le dimanche, jour de vote à Delhi: on part dès l’aurore  «en cas de problème»  
Un ancien de l'armée anglaise
échappé de Shimla..
(rien, ville vide)
pour prendre le train d’Haridwar, ville sacrée sans alcool dans un rayon de 8 kms;





  





La prohibition s’interrompt pendant la semaine, cependant sur une route, arrêt et fouille des voitures;  Pas pour des engins et autres bombes,  suspects au voisinage du Cachemire, mais pour des bouteilles d’alcool.  Même régime le samedi suivant, coté bouddhiste…  

Pour mémoire, un seul film de Bollywood  Dil Se, évoquait le rôle de l’Inde dans le rattachement musclé de la province contre les autonomistes musulmans (majoritaires).  La crise a ressurgi cet hiver, avec comme conséquence l’interdiction de survol du Pakistan: trois heures de vol supplémentaires pour le détour.
DIL SE: mélo politique avec Shahruhk Khan, journaliste.
Fiction prophétique..

Dans cette ambiance, À Haridwar, les mouvements de foules orchestrées par des sortes de militaires, changent la dévotion en plébiscite pour le parti safran (ch1). Il faut relire "Le ministère du bonheur suprême"















On comprend après coup les blocages des monuments de Chandigarh, pour cause de manifestation contre un meeting du candidat.


 lire : 4 lakh = 400 000 manifestants. 
Résultats le 25/5.













La suspicion sur les manipulations religieuses au profit du politique, (des articles de journaux corroborent cette impression, y compris pour le Congrès) trouve sa confirmation lors de la parade à la frontière:  ambiance très inquiétante.

Le résultat tombe le lendemain: une majorité écrasante pour Modi et le BJP: deux éclaircies au sud et au Penjab. On conçoit que les sikhs votent pour d’autres tendances non-intégristes. (ch.4) Les caricatures étrangères ne manquent pas: Vishnu destructeur.









Le  24 mai, un soleil  safran se couche sur la porte de L’Inde .