lundi 13 juillet 2015

CROISIERE sur le YANG TSE. Chine 1/4









Moment central d’un circuit très zig-zag en Chine, la croisière sur le  «Fleuve bleu »(!), expose tous les problèmes et contradictions de l’expansion économique fulgurante de l’empire qui n’a plus grand chose de céleste.


Yang tse à Chongqing.












Nous partions juste après le naufrage d’un bateau de touristes, publicité malencontreuse ; les raisons (typhon ? ) puis selon notre guide, transformations techniques inadaptées, (n’) ont provoqué (que) la disparition de plus de 400 chinois fort agés -no comment. Les flux du tourisme de masse concernent maintenant plus de chinois que d’étrangers.




Chongqing :




Désormais plus grande ville de Chine avec quelque 30 millions d’habitants sur un territoire restreint. Sa situation géographique au confluent de la rivière Jialing et du Yangtse et le statut spécial hors province, transforment une ancienne petite ville en une gigantesque forêt de buildings et des noeuds d’échangeurs routiers.

De la vieille ville (décrite dans un guide de 2000) ne reste qu’une rue commerçante aussi folklorique que saturée débouchant sur la vision d’un abime de vase -encore faut-il que le brouillard se lève...
Les records de pollution concurrencent l'esthétique de la peinture au lavis.



Mamie la récup.




À contre-courant de la foule des touristes gourmands et désinvoltes, une vieille femme a repéré un carton, sa fortune du jour. On ne verra que très peu de mendiants (sauf musiciens) et de vrais démunis.

Le respect se perd...














Mais pas la gourmandise.






















Le "mur de l'amour" et ses cadenas.








Les nouvelles traditions des amoureux ont gagné les sites. Comme tous les lieux touristiques, l'entrée des grottes de Dazu était équipée. Sourions, jaune.












BAS ETIAGE


Chongqing, "Marée Basse".

Fuling
Après la superbe excursion à Dazu (autre chapitre), départ en bus pour Fuling, car  l’embarquement prévu à Chongqing est annulé en raison de la baisse des eaux : les pontons sont inaccessibles, les fonds insuffisants. La version officielle: « abaissement volontaire de 15m du niveau en prévision des crues », cache un vrai problème lié aux nombreux barrages en amont du fleuve, qui prend sa source au Tibet. (voir archives octobre 2013) et finit à Shanghai. Le Tigre n’a plus à sauter. Voir aussi Courrier international, n° 1288, juillet 2015.

À l’embarcadère, en haut d’une pente impressionnante, des porteurs - dernier métier d’esclaves- descendent les valises liées par paquets de six au bout d’une perche, sur lit de bambous gluants jusqu'au paquebot de luxe.



Comme échouée dans les vases.


Au matin, passent les convois de voitures, de charbon, de sables, le trafic fluvial assure depuis des siècles les liaisons économiques sur le fleuve. L'enjeu stratégique s'est accru avec l'industrialisation. Chongqing et Wuhan produisent l'essentiel des voitures.















Vase, brume et crachin; quelques barques de pêcheurs. Une autre échelle.










la barque du pêcheur qui prépare son filet.


Astuces
Petits métiers.

À l'étape certains viennent s'amarrer aux paquebots pour livrer des crevettes et autres denrées, au bout d'un haveneau..










En bas de l'échelle.



Ailleurs, au bas d'un ponton, des familles font leur lessive, dans quelle eau...
Partout ce contraste entre le gigantisme du paysage et la fragilité des "petits". Il n'y a pas que des "messieurs gros-sous".



Les paysages hors d'échelle, des hommes microscopiques.


L'histoire, le mythe et la modernité.




Aux étapes, le bateau se vide de ses touristes (écrasante majorité chinoise) qui remontent en colonne de fourmis pour la visite de monuments, eux-mêmes remontés pierre à pierre, avant la mise en service du barrage.
La ville fantôme de Fengdu,  fantôme elle-même, peuplée de démons, puis,


Shibaozhai, perchée.
Dominant le fleuve et quelques cultures, au bout d'un pont flottant, glissant, et loin de la cohorte de petits commerces de la rue de la ville, le temple de 
Shibaozhai, la forteresse du trésor de pierre


















édifiée sous le règne de l'empereur Qing, Qianlong : pagode de 12 étages recélant un bouddha et depuis, une longue séquence de reliefs narrant la saga militaire, dans un style «néo-néo» héroïque.





Fengjie  : ville étape : située à un endroit stratégique du fleuve, elle a une longue histoire: elle fut la capitale de l'état des Kui à la période très poétique mais sanglante « des printemps et des automnes », puis des Royaumes combattants au 2ème siècle avant notre ère, elle fut choisie comme:



La « ville de l'Empereur Blanc », Baidicheng. Peuplée de statues polychromes et autres reconstitutions,   est devenue une île dominant l'entrée des Trois Gorges.











À l'heure du débarquement des touristes (tous les bus ensemble) une cérémonie  se joue "comme au cinéma". L'empereur, ses gardes, sa cour et ses ravissantes créatures. Tous incroyablement sérieux, avant dissolution de la manifestation.







De l'époque des Trois Royaumes, ce site stratégique fut choisi comme capitale de Liu Bao, du royaume WU du nord, et fut le lieu d'un combat sur le fleuve entre  Lu Bei ses alliés et Cao Cao en 209. 











Cette "Bataille de la Falaise Rouge" est illustrée par une céramique » , mais le film de John Woo, « Les Trois Royaumes », est infiniment plus animé (et confus sur les alliances). Début d'une période troublée..

La Bataille, version céramique XXème.

Le grand timonier Mao y laissa la calligraphie d'un poème de Li Bai , période Tang.

Graphie très libre de Mao
Les Trois Gorges :


Depuis Baodingshen, l'entrée de la gorge Qutang. Ne poussez pas...





Le nom poétique des pics et monts invisibles qui dominent les passes étroites, «rocher en forme de rhinocéros regardant la lune », « pic d'union des grues », devient à juste titre dans la brume et l'élévation du niveau de l'eau: «Pic de la fontaine sacrifiée », « Pic des Nuées élevées ». La Déesse se confond dans le rocher.
Les ponts sont plus impressionnants encore..



La navigation sur le rivière Shennong et ses trois « petites gorges » , en petites barques donne un meilleur aperçu des proportions des falaises, et des activités traditionnelles, revisitées pour le tourisme.


Signes nommant la Gorge de la Porte du Dragon





















Les « haleurs » se livrent à la démonstration en miniature des conditions de remontée du fleuve avant la motorisation des bateaux.
De l'eau un peu plus claire et quelques pêcheurs au filet.

À bord des bateaux, deux rameurs, un pilote. 20 passagers.


Monument aux Haleurs.
















Au retour, nettement plus rapide.


Maison flottante.















Et toujours le même geste.
Après la ballade, la réalité économique.


Fengjie 2

est aussi l'exemple de site détruit ( comme les autres villes qui jalonnaient le fleuve) puis reconstruit.


"Nouveau Fengjie"

Le film du réalisateur chinois de Jia Zhang-ke, « Still Life », 2006, montre la vie d’ouvriers migrants participant à la destruction méthodique des villes qui sont depuis lors noyées sous les eaux du fleuve .


2003: En cours de destruction.
Les populations déplacées , plus d’un million, ont perdu terre cultivable et logement.
Certains bénéficiant d’un appartement dans les tours du «Nouveau Fengjie » découvrent un plateau sans fenêtres ni équipement intérieur, qu’ils sont incapables de payer, d’où ces vues de cages trouées.

Un documentaire canadien construit autour des photos de Edward Burtynsky : «Paysages manufacturés»  comporte une longue séquence tournée sur ce même site et se poursuit par les images de la construction du barrage.



Le Barrage
Sur le pont du bateau, entre deux murs de l'écluse.

Entrée du bateau suivant.
La nuit se passe, pour les curieux et les insomniaques à prendre la mesure du passage de l'écluse du gigantesque barrage.



 Cinq échelles pour un dénivelé de 120 mètres. Plus impressionnant que les falaises naturelles.








On le surplombe lors de la visite de jour. Le soleil fait enfin son apparition, grandeur et lumière. Le livre des records est dépassé, nous aussi.



Là encore, revoir le documentaires sur la construction s'impose, à quoi s'ajoute l'énormité des ponts et autoroutes qui dominent le fleuve.
On quitte le Yangtsé à Yichang pour un train à grande vitesse, destination Shanghai, 1200 kms, 6 heures...à  suivre.  

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