Les
sites archéologiques, objet principal des voyages touristiques, ne peuvent
faire oublier les conflits géopolitiques qui continuent d’enflammer le
Moyen-Orient.
Amman du théatre, vue sur le temple d'Hercule |
Arrivée
à Amman, par la Royal
Jordanian, une compagnie qui offre un kit de toilette, masque, chaussettes
intégralement noirs, sauf les poils de la brosse à dents. Noire aussi la tenue
des charmantes hôtesses.
La
capitale, dominée par la citadelle et le Djebel El Taj, des collines où se
situent les restes des édifices de la période d’occupation romaine, temple,
théatre. Visites... Autre colline, le Djebel El Ashrafiyeh, où ne se visite pas
l’immense mosquée Abu Darwish.
Dans
les rues près du souk, des femmes en noir, jusqu’aux gants, tentent de vendre
des allumettes : ce sont des veuves réfugiées d’Irak.
Au fond d’une allée, loin des légumes,
une boutique vend des sous-vêtements sexy ; les rares femmes qui entrent sont accompagnées: je fantasme.
Le
parcours géographique de tout le pays oblige à quelques sauts dans l’histoire
et la chronologie des royaumes d’une région fort convoitée.
Qars el Kharaneh |
les Châteaux
du désert :
ces constructions
de l’époque Ommeyade, VIIIè siècle
se répartissent le long de la route vers l’Irak : contrôles, barrières et
sécurité maximum.
La forteresse de Qasr el Kharaneh, en pierre claire, percé
d’archères ;
la forteresse de Qasr el Mushatta, et le Qasr el Azrak qui fut dit-on occupé par
Lawrence d’Arabie.
Qasr Amra : un petit pavillon de chasse du calife Walid 1er,
On peut voir la noria qui alimentait le hammam; les décors figuratifs montrent des femmes au bain, une scène presque érotique au dessus de la porte de la salle d'audience, qui comporte des représentations de scènes rurales et du prince entouré de sa cour. Les peintures sont très détériorées mais les images donnent une idée d'une culture persane plus sensuelle que le contexte islamique.
Les oasis ont disparu, comme le lac qui entourait Iraq el Amir, un autre château à l'ouest d'Amman.
Le Qasr el Abd, un petit palais, fut érigé au 2ème
siècle avant JC par un certain Hyrcan.
Des félins sculptés ornent les angles de la construction de
style hellénistique orientalisant, que la restitution rend plus éloquente. Autre félin à la base du mur. Emblème du prince.
Au
nord du pays, la ville antique de Um Qais (Gadara) domine la
rivière Yarmuk : au loin on
aperçoit le Lac Tibériade, en face coté syrien, le plateau de Golan annexé par Israël. L’enjeu principal
est toujours le contrôle de l’eau.
Um Qais |
Ainsi peut-on voir comment la rive ouest du
Jourdain exploite l’irrigation, lorsque le coté jordanien est quasi
désertique. Un bain au passage
dans la Mer Morte pour la brûlure des yeux et le bain de boue ... on
flotte.
Ajlun |
Sur
la colline d’Ajlun, un château
fort du temps de Saladin : le Qalaat el Rabadh fut construit pour contrer
l’avance des croisés, les mongols l’ont aussi occupé. Belle restauration des
voûtes.
Jerash :
superbe site romain que Trajan puis Hadrien ont développé au début du IIè
siècle :
Passé l’arc de triomphe d’Hadrien, la
place ovale pavée et bordée de portiques ouvre sur le cardo au long duquel
s’élèvent temples et marchés.
Temple d’Artémis, Nymphée. Plus loin et plus tard des églises byzantines
ont été édifiées en partie sur d’anciens bâtiments.
Le
théâtre sud était, ce jour-là, animé par un concert de cornemuses : des
militaires en kéfieh, un souvenir vivant de l’occupation anglaise.
Les étapes suivantes sur la Route des Rois, plutôt aride, amènent à Madaba et au Mont Nébo : deux lieux de la période byzantine, encore habitée par des chrétiens.
Les mosaïques (Ve s) des églises sont encore marquées par la tradition hellénistique avec quelques apports exotiques.
Lors
d’un arrêt à l’auberge proche de la forteresse de Shaubak, une rencontre fort
cocasse avec un animateur bénévole,
et une famille qui déguste des citronnades
au milieu d’un décor de tente nomade.
Puis
la visite de la forteresse de Kerak, une construction des croisés au
XIIème siècle : remparts
énormes et dédale de coursives en
grand appareil.
PETRA. Plus
magique encore que le rêve d’avant le départ.
Deux jours ne suffisent pas pour
en découvrir les merveilles architecturales et géologiques. Les constructions
datent de l’époque des Nabatéens, nomades commerçants dont la souveraineté
abdiqua sous Trajan, ce qui n’empêcha pas
la cité de prospérer pendant six siècles, quitte à devenir un évêché.
Le
long défilé dans l’ombre, le Siq, débouche sur le Khazneh (les fans d’Indiana
Jones sont déçus que cette façade
ne débouche sur rien d’autre qu’une petite salle). La tholos au centre du
fronton interrompu correspond aux modèles gréco-romains de la période
d’Hadrien.
Incroyable
variété des chapiteaux et frontons des tombeaux taillés dans le rocher aux
couleurs fantastiques.
Le théâtre aussi est taillé dans le grès.
Dans chaque
gorge, de nouvelles formes.
Les ouvertures comme autant de failles.
Puis,
au sommet, le Haut Lieu, c’est encore la découverte d’un paysage somptueux.
El Deir |
Une
randonnée dans le Wadi Rum : un paysage vu dans Lawrence d’Arabie.
Nuits musicales sous tente bédouine et pique-niques caniculaires.
Les guides
(l’un se fait appeler Zidane, en raison des mollets ?) assurent le service
du thé en contrebas de grottes où les gravures rupestres préislamiques
voisinent avec les pieds du prophète.
Dernière
étape, Aqaba : au centre ville une véritable
caverne d’Ali Baba regorge d’antiquités : on craque. Sur la « plage », des cafés
pieds dans l’eau, au fond du golfe dont trois pays se partagent les
côtes : Jordanie, Israël, Egypte, les locaux se baignent :
Vrai
bain de siège pour les dames, tenue complète pour les jeunes filles.
Collections de bouées pour les petits.
Ballade obligatoire en
bateau à fond transparent : poissons à rayures. Nous nous étions étonnés
d’une telle coexistence pacifique lorsque nous apprenions le lendemain un
attentat contre un hôtel en face. L’équilibre est toujours aussi précaire !
Merci à la copine qui fourni les photos, mon appareil avait rendu l'âme à Pétra. Restait le carnet..