mercredi 5 novembre 2014

IRAN 4. Aux confins du désert


Bazars et caravansérails
Ruines parmi un groupe de quatre caravansérails quelque part entre Kerman et Yazd.
Les routes de l'est qui conduisent au Pakistan, par le territoire des balouch bordent les déserts du Dasht-e Kavir et du Dasht-e Lut; de grandes villes commerciales s'y sont développées sur l'emplacement des oasis et des forteresses édifiées au temps des caravanes.
Zein-o-Din


Au long de cette route -on pense encore à Nicolas Bouvier- on voit encore les ruines de grands caravansérails qui assuraient gite, couvert et montures fraîches pour les commerçants.





Cour intérieure et piste de danse





Pour les touristes, le caravansérail rénové de Zein-o-Din, de plan pentagonal, proche de Yadz offre une nuit étoilée et des caissons comme chambre, nous n'aurons pas les cellules de la cour centrale où le personnel se livre le soir à des danses-combats rituels?



KERMAN



La ville du sud aurait été fondée à l'époque sassanide et de développa sous le règne des safavides au XVIIe.
Le porche d'entrée , le pishtaq, de la mosquée Djuma (du vendredi) datant du XIVe s, est orné de mosaïques de faïences bleues cobalt et outremer, à motifs floraux.


Kerman: eivan à calligraphies

















Sur les murs de l'eivân, d'élégantes bordures agencent des calligraphies imbriquées dans des rinceaux. 




Un grand caravansérail au décor de faïences occupe le centre du bazar aux superbes coupoles. 



Caravansérail en réféction


Dernière mode du voile
Les commerces en tous genres, fruits secs, fromage en stick, vêtements sont fréquentés par des nomades de la région; des enfants de réfugiés afghans vendent des bricoles et des versets pour une bonne fortune.

Les jeunes pères promènent le nouveau né sur un coussin, avec le sourire ému...










Le hammam transformé en musée s'ouvre par un porche vouté aux stalactites décorées de peintures animalières naïves et charmantes. 


Hammam

On y trouve les mannequins occupés à récurer les voyageurs, sans oublier l'agent secret, méfiance...







Jeune nomade







Les femmes, seulement sur les décors de faïence.












Kerman: La cour du bazar et la tour à vent.
Le problème de l'eau:

Dans ces régions arides, les kanots, comme les karez de l'Asie centrale, des canalisations souterraines partant des montagnes, alimentent les puits des villages et des villes. On aperçoit au long de la route des sortes de taupinières, les regards d'entretien.

YAZD


Vue depuis une terrasse.
Cette cité médiévale insérée dans le tissu urbain est connue pour ses "tours à vent"


Coupole du bazar.

Destinées à rafraîchir les habitations et l'eau des puits, elles hérissent le dédale de petites rues aux murs de pisé et aux belles portes, que la modernité altère par des conduites et compteurs à gaz.

Les coupoles décoratives ne sont pas réservées aux mosquées; elle éclairent les allées du bazar. Désert ce jour là, c'était un vendredi.







Mausolée proche de la merdersa dite "Prison d'Alexandre".
Un petit tekyeh et son nahlk, dans le vieux quartier.
Silence aussi dans les rues et sur les places où l'on visite plusieurs édifices. Dont la mosquée du vendredi. Trop sombre pour les photos. Seul le pishtak à minarets dépasse de la vue d'ensemble.






Le soir, la place  où se détendent les iraniens est dominée par un mur à arcades en étage qui reprend les constructions destinées à mettre en scène les rituels en la mémoire du martyre d'Hussein, le taziyeh. La cage gigantesque et vide, symbole du cercueil de l'imam devait être portée par des dizaines de pèlerins pénitents, le jour de l'Ashoura


Nuit tombante sur la grande place Amir Chakhmaq
Zoroastrisme

Encore marquée par la religion mazdéenne - quelques milliers de croyants sont recensés- à l'extérieur de Yadz, les "Tours du silence",




comme à Bombay, servaient à exposer les morts que les rapaces dépeçaient, avant que les ossements ne soient enterrés. La pratique est abandonnée mais les constructions pour les rituels et des tombeaux parsèment le site, un puits et ses tours à vent servait aux ablutions.


Yadz : "temple du feu"
Dans la ville, le "Temple du feu", de construction récente, orné d'un fronton à l'effigie  d'Ahura Mazda, entretient depuis 1500 ans, dit-on, le feu sacré de la religion zoroastrienne. Les corniches d'inspiration néo-achéménide, comme certains décors muraux dans le musée voisin.






Dans la montagne à quelques dizaines de kms, paysage sublime, on grimpe sous la canicule au site de Chak Chak :






























Destinée aux pèlerinages à la période de Norouz, la nouvelle année, 
Une grotte aménagée autour d'un arbre miraculeux contient l'autel du feu d'abricotier, et un coffre fort... 

La série de réceptacles très "design" sert à recueillir les cendres.


Et les portes du sanctuaire nous ramènent encore aux Achéménides.


MOSQUÉES SAMANIDES et SELJOUKIDES:



Mosquée de Naïn,  IXe Xe s.

Sur la route vers le nord, deux étapes pour admirer des mosquées du début de l'islam. La conquête de la Perse par les califes abbassides venus de Bagdad répandit des architectures religieuses nouvelles. En combinant autour d'une cour, des salles soutenues par des piliers, des eivâns et une salle carrée à coupole. (déjà vues dans les palais sassanides). Le règne des Samanides, dont le centre était Boukhara leur a succédé en valorisant des traditions iraniennes.

Naïn :
Coupole à deux rangs de trompes





Un premier exemple datant du IXe siècle, dominé par un minaret. Les recherches techniques pour assurer le passage du plan carré à la demi-sphère de la coupole multiplie les trompes d'angle, les muqaras qui deviennent des motifs décoratifs.


Le mehrab et le minbar (bois du XIVè)













Les dynasties turques des seljoukides qui régnèrent du Xe s jusqu'aux invasions mongoles développèrent ces mosquées. 





Naïn : la cour


Édifiées entièrement en brique, la structure et le décor ne font qu'un. Ce qui sera le cas dans le premier état de la mosquée d'Ispahan (à suivre).


Ardestan :









Ardestan: coupole XIe 

Les décors sont sculptés dans du plâtre et du stuc qui couvre les murs et les arcatures, agençant en blanc et crème des calligraphies et rinceaux.

Des fenêtres s'ouvrent dans les trompes polylobées de la coupole.


Des mosquées d'été sont aménagées dans les soubassements de ces deux édifices.


Sur la route entre Ispahan et Téhéran un autre exemple d'architecture évolutive.

Natanz : Mur extérieur.
Natanz:



Natanz : toiture à pans octogonaux

















La mosquée du vendredi, couplée à un petit mausolée couvert d'une coupole blanche à muqarnas, introduit sur le portail et le mur des décors de faïence bleue,



Coupole du mausolée: calligraphies en stuc.


 tout en valorisant la brique pour l'effet coloré. Des calligraphies mêlées aux motifs géométriques.
















Dans le quartier voisin, un potier détient encore la technique de céramique émaillée traditionnelle.


Un détour dans les montagnes proches conduit au village touristique 


d'Abyâneh:


Maisons traditionnelles






des maisons de bois à terrasses dans un lacis de ruelles qui mènent à un petit mausolée. Ambiance musicale et fraicheur de la vue sur le torrent.















Les femmes vêtues de couleurs vives se livrent à la préparation de confitures et pâtes de fruits. Un jeune couple de futurs mariés pose pour la photo.




KASHAN:

Dans le faubourg, un petit mausolée à toiture conique: l'iwan couvert de miroirs au fond d'un jardin, comme un petit palais de la période qadjar.

Le développement de la ville au XIX outrepasse les limites de la ville ancienne






Kashan: le bazar


Grande cité de commerce sur un carrefour des routes de la soie. Le bazar comporte un caravansérail à voutes multiples transformé en brocante. Les boutiques vendent du "made in china"



Un mollah  avec bébé dans les jouets
















La richesse des décors se retrouve dans les petits palais de commerçants de tapis construits au XIXe. Nous n'en visitons qu'un.



La maison Borujerdi : la cour de l'anderoun

Sous un fronton polylobé, la salle de réception au fond du jardin de la partie publique l'anderoun se déploie comme un théâtre à l'italienne, peuplé de portraits, les coupoles en plus. Une version sobre pour l'été est ménagée en sous-sol.  








La tour à vent qui rafraîchit l'édifice se distingue par ses ouvertures multi-directionnelles.





La partie privative, séparée par un mur est infiniment plus sobre








Encore des coupoles...






Dernière ballade dans le Jardin Bagh-e Fin que visitent de nombreuses familles iraniennes. L'eau de rose coule à flot dans les boutiques. Là encore les coupoles  et les murs du pavillon de l'époque qadjar sont ornées de peintures populaires.
Le rêve de l'eau toujours...



Bagh-e-fin

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire