Turner : The Thames above Waterloo Bridge, 1835-40 |
Le plan "Late Turner" et "Late Rembrandt" s'est transformé, le temps du tunnel de l'Eurostar ce mercredi-là en "Late Cabu, late Wolinski" et late toutes les victimes...
Trafalgar square, mercredi 7/01, 20h |
Les londoniens, sous la pluie -pas original- compatissent à la tragédie: les questions qui nous sont posées, une amie et moi, dans les pubs, les rassemblements permanents sur Trafalgar Square, où les stylos, bougies et autres écrits s'entassent en cercle qui grossit malgré le vent;
au fil des jours, tout le monde est un peu Charlie, la télé en boucle sur l'affaire ne laisse la place qu'aux tempêtes et naufrages dans une mer plus agitée encore que les esprits.
Début de rassemblement. |
Saint Martin: la voûte |
Le chef du choeur d'Oxford lors d'un concert de musique sacrée à Saint Martin in The Fields demande une minute de silence et rajoute un hymne en français au programme du Miserere d'Allegri - sublime soprano- et d'oeuvres anglaises du XVIII.
Le dimanche matin, le prêche à la grand-messe de Westminster Abbey ajoute trois mots au nom de la fraternité et les officiants serrent la main des frenchies égarées parmi les fidèles.
On s'abandonne aux choeurs somptueux et à la prestation de l'organiste brillant dans des pièces de Messiaen.
Un livret permet au touriste un peu athée de suivre le rituel et signale que les hosties sont "gluten free".
Trafalgar, Saint Martin et la National Gallery. |
DE L'ART contre L'OBSCURANTISME
Les musées ne nous mettent à l'abri des émotions. C'était mon premier vrai séjour.
Turner: Tempête sur la Tamise. |
Détail de la vague du précédent tableau. |
Trois heures d'intense sidération dans l'exposition Turner: Par delà les sujets maritimes connus (voir la critique du film de Mike Leigh), Turner s'approche de l'abstraction par ses aquarelles et dans la matière picturale des dernières huiles, fluides ou très "empatées".
L'incendie du magasin de la Tour de Londres, aquarelle, 1841 |
Bien avant Monet, et en anticipant sur des peintres du XXe auxquels on ne pense pas, tel Zao Wou Ki ou Fautrier, les ciels font leçon de peinture, venant en avant de toute allusion figurative. La polychromie nouvelle issue des recherches optiques et scientifiques de l'époque devient évidente.
D'où il ressort, ce n'est pas un scoop, que toute reproduction ne rend pas la sensation picturale matiériste, qui se poursuit dans les autres salles de la Tate Britain. Autres découvertes de l'art anglais contemporain, peinture et sculpture.
Turner : Sunset from the top of the Rigi, 1844. |
Par un miracle, (?) nous obtenons une entrée inespérée pour The Late Rembrandt.
La conspiration de Claudius Civilis, 1661. |
Revoir des toiles, déjà connues à Amsterdam, et d'autres venues de collections lointaines laisse pantois par la vérité psychologique des portraits,
Saskia au lit. plume , pinceau et encre |
l'ampleur des compositions d'ombres et de lumières, et l'incroyable vélocité du coup de crayon ou de plume. Là encore la matière picturale modifie le regard.
Une douceur dans les produits dérivés...O. Kokoschka : Le rêve des enfants. |
Dans les autres salles de la Courtauld Gallery, des trésors de toutes périodes et une série de gravures d'Oscar Kokoschka, le contemporain de Schiele.
Une fine mouche, anonyme |
Parmi les chefs d'oeuvres de toutes
écoles européennes : je suis frappée par le réalisme des portraits souvent anonymes du XVIIe : des détails d'une précision diabolique: la mouche sur la coiffe.
B. Gleason dans Calvary ? |
Sosie du jeune homme de la jeune fille à la perle. Mais c'est "un portrait de femme âgée" |
autant de figures que l'on rencontre tous les jours (le costume en moins) : un vrai casting et des références pour films historiques.
Découverte de la peinture anglaise: l'ironie critique et la caricature des moeurs de la petite aristocratie dans les scènes de Hogarth.
W Hogarth: Le mariage à la mode, 1743. |
Une série burlesque qui a pu inspirer les scènes de genre dans les films, car parmi des références au cinéma, dans Skyfall, Bond rencontre Q devant Turner (Le dernier voyage du Téméraire, 1838) et l'étonnante toile de J Wright of Derby: " Expérience avec un oiseau dans une pompe à air", 1768 : un réalisme quasi photographique d'avant la photo, mis en évidence par les lumières du siècle du même nom.
J. Wright of Derby, 1768 : "Experience of a bird in an air pomp". |
Subtile allégorie à entrées multiples pour le film : méthodes anciennes et modernes dans les sciences et l'espionnage. Mais la révolution industrielle a ses esclaves.
George Bellows : Hommes sur les docks, 1912 |
M dans Skyfall ( qui tombe aussi) |
Nous avons expérimenté le métro, et sur la rive sud, le bâtiment du MI6 est toujours entier, il se fond dans les nuages tandis que les anglais patinent sous le crachin. Puis un excellent restaurant du côté de Holland Park...
les téléphones portables. |
Le dimanche ensoleillé le long de la Tamise en direction de la Tate Moderne permet de voir, outre les collections, les architectures ultra contemporaines et le Globe de Shakespeare à 500m de distance . Éclectisme, sans complexe.
The Shard et la gare de London Bridge |
Reconstruction du Globe |
Polke : Mr Berlin, 1965-73. |
L'exposition Sigmar Polke à la Tate Modern a des vertus décapantes.
Les collections font aussi découvrir de jeunes artistes (femmes) inédites dans nos musées.
Enfin, dernière matinée studieuse dans le British Museum, à la découverte des des salles de l' Orient ancien. La salle de l'Iran (pour compléter le chapitre précédent) était hélas quasi dans l'ombre, mais les reliefs assyriens en revanche remarquablement mis en valeur.
Dans les vitrines de petites statuettes du 2e millénaire et de différentes provenances ne manquent pas d'humour.
Proto Iran. |
Ur, deuxième millénaire. |
Sutton Hoo, Ve siècle anglo-saxon. |
La visite se termine par l'art médiéval celte et anglais : totale découverte et grande mise en espace.
Le casque du Trésor de Sutton Hoo , Ve s (une copie dans le bureau du pseudo Blair dans The Ghost Writer) : témoin d'un patrimoine.
Rien de ceci n'est très original, un catalogue donnera plus de renseignements, mais, qui n'a pas expérimenté un hôtel très central dont l'équipement remonte aux années 70, en dépit du nom d'un immense acteur, ignore les vertus nécessaires de l'humour, ici britannique, et plus encore Charlie.
Bye Bye...
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