vendredi 5 novembre 2021

PAYS BALTES 4/4 : VILNIUS, de Brique et de BAROQUE.

Loin de la mer, dans un méandre de la Néris, affluent du Niemen, sous influence polonaise, la ville,  carrefour commercial entre l’ouest et l’est, le nord et le sud, fut l'enjeu dans le passage de toutes les invasions, même Napoléon fit un séjour rapide; souvent détruite et reconstruite. Comme dans ses voisines baltes, les « gouvernements » alternent, comme les massacres et les déportations. 

Un peu de légèreté: c'est aussi le royaume des souffleurs de verre, et du commerce de l'ambre.


Des constructions témoins.

Une architecture gothique d’inspiration allemande et d’Europe de l’est: Une constante: l’absence de pierre dans un territoire de terres fertiles pour l’agriculture, impose la brique.

Château de Trakai, première capitale. (entièrement reconstruit)

Succédant comme capitale à la ville forte de Trakai ( voir ch 1), brique et bois, du grand duc  Mindaugas ;  un siècle plus tard le règne du grand Duc Gédiminas de Lituanie développe Vilnius:  des murailles défensives, restent une tour et une porte.  


Pignon d'une ancienne église: effets décoratifs.


Sainte-Anne, 
Les constructions religieuses ou civiles selon la tradition architecturale, développent un décor par l’agencement des briques de couleur ou de forme variable. 

Dans le cadre des reconstructions, l'amateur  distingue la vraie de la  «brique soviétique »..


Rythmes verticaux et horizontaux s’accordent et expliquent en partie la prédominance des pignons triangulaires animés de redents. 

Mais la brique peut être "acrobatique.






L’église Sainte Anne, fin XVè, somptueusement nervurée fut probablement l’oeuvre d’un architecte praguois. Le clocher séparé date d’une reconstruction du XIXè et en arrière s’élève l’église des Saints-François et Bernard, comme une doublure un peu militarisée. Et encore gothique tardif.

Les vraies, Cernées par les briques russes.
Les briques de Sainte-Anne


















Exposition d’échantillons de briques utilisées… et superbe grille,  Porte close, on ne visite pas, (messe en cours).

Vade retro satanas.. Sainte Anne.
Les murs intérieurs ou extérieurs des enceintes, qui furent enduits, stuc et faux marbre, révèlent leurs dessous. En attendant restauration. 


Fresques florales retrouvées dans une ancienne église, enduit sur mur de briques..

 Porche d'entrée d'un monastère. 

Camouflage, on change de style.


Un peu d'été indien, harmonies colorées, avant: 

LE BAROQUE

Lunette dans une chapelle latérale: un évêque combat le vice ?

Pierre et Paul, facade.



Le catholicisme dominant (les jésuites ont fondé un collège qui devint l’Université) explique la quantité incroyables d’églises édifiées au XVIIè siècle, et après. De 200, il en reste 40, parmi lesquelles cette sélection de décors et de destins surprenants.




Hors les murs et proche des cimetières, l'église des Saint Pierre et Paul: édifiée en 1668 sur les ruines d'un monastère après l'invasion et la destruction (la deuxième en 20ans) de la ville par les russes.

Le grand duc Mikolas Pacas, rescapé des massacres
commandita et fit venir des artistes italiens, 
Parti et Galli, pour la décoration. 
Saturation de toute surface, plafond et voûte; 



Combinaison de figures, historiques et bibliques, dans des guirlandes habitées de figures volantes, de putti aux fesses nues. Lever la tête ...

Mémoire du tombeau de Michel Ange.




Les corps saillent des guirlandes, des porteurs fort laïcs et des créatures inédites soutiennent les entablements. 

Costauds..

Levitation..
 


















Sirène volante, victoire aptère???

Pierre et Paul, plafonds et fenêtres..


Cependant quelques peintures et fresques au plafond, pour un peu de couleur, autres églises, en descendant la rue.  Sainte Thérèse, façade rose. Icônes et dorures.

Sainte Thérèse

Sainte Thérèse, choeur baroque.

























La Sainte Trinité et le Saint-Esprit.

Les trois martyrs



 La sainte Trinité.

Héros du christianisme, 

Les "trois martyres"  "Antoine, Jean, et  Eustache, furent pendus à un chêne en 1347, pour refus de consommer de la viande avec les païens.

 Une  fresque les figure sur le mur de l’église de la Sainte Trinité, 










en retrait dans une enceinte arborée, mais dans un état intérieur désastreux.(cf mur supra).La nef fut regarnie d'une iconostase modeste, lors de l'occupation russe.



les corps retrouvés intacts, miraculeusement reposent maintenant sous un baldaquin dans l’église de Saint-Esprit transformée en  sanctuaire orthodoxe : petits chaussons blancs … 

  l’iconostase sur autel ultra baroque se pare d’un vert  extravagant.


Église orthodoxe du Saint Esprit.


Église Saint Casimir.

Celle que nous ne visitons pas,  Saint Casimir, le saint patron de la ville : des bulbes et des coupoles, furent ajoutés puis retirés, de catholique à réformée, orthodoxe, devint grenier à blé, Musée de l’Athéisme, puis retour à la case catholique.


Chapelle Saint-Casimir
















On retrouve Casimir dans une chapelle de la cathédrale. 



                                    Néo-Classique.  mais néanmoins Baroque.



       Des places larges, dégagées au cours des siècles, descendent vers les berges, 

Passent les monuments néo-classiques,  

 Palais présidentiel, tripler la façade.






Hôtel de ville, son banc aux couleurs du drapeau et une figure épaisse.Avant corps et fronton grecs. 

Le Palais Présidentiel. relooké style Empire (après le passage et la retraite de Napoléon) 

 Stendhal y séjourna. 



La cathédrale, d’une style «historiciste » soit très éclectique à façade gréco- romaine, fut reconstruite en 1820 par un architecte allemand après trois destructions des précédentes, la dernière fois par une tempête..

Le clocher,   séparé, provient du rehaussement d'une tour de garde du XVè siècle, on rajouta les plus grosses cloches du pays.

Saint-Marc et son Lion.

Un Moïse  néo baroque























Les niches des statues du porche  "en imitation" du baroque du XVIe italien  réalisées par le sculpteur romain   Thomas Righi: Les évangélistes et Moïse, parfaitement immaculés.  Michel-Ange pas mort !!

Pendant l'occupation soviétique la cathédrale devint galerie de Peinture. Bouclant l’histoire, La chapelle de Saint Casimir contient Les statues en argent des premiers rois. 



Hors du centre ancien, 

un palais néo-médiéval de la famille Raduszkievski s’abrite sous un immeuble de verre; Au long des routes et sur les collines, les 

ou Gorbachev récent

immeubles d’habitation du style 

"Brejnev Tardif"






Plus baroque encore  : la chocolaterie … 


En noir et blanc..
 On reprend la route, sans voilier, hélas, vers la mer. Toujours le nez en l'air.


mardi 2 novembre 2021

PAYS BALTES, 3/4: RIGA et la MODERNITÉ

Michaïl Eisenstein,  Rue Albert.1904.

Ville Gothique (fondée en 1202) déjà riche par le commerce maritime. Des architectures de brique, civiles ou religieuses très nervurées et contrastées en couleur.

Maison de la Guilde des Têtes Noires

Cathédrale, transformée au fil des temps.


Eglises de confession et d’usages variables, au gré des dominations:

La cathédrale dédiée à la Vierge, fondée par l’archevêque Albert en 1211, devint un temps une école laïque supérieure et logea la bibliothèque municipale.









Église Saint Pierre, son clocher




Emmuré..











Après l

l





l’hégémonie des guildes hanséatiques sur l’économie, de grands entrepôts modernes remplacent les ravissants bâtiments à pignons.



Le baroque est peu représenté, hormis les porches de l’église Saint-Jean, revue église réformée.

Le clocher de l’église Saint-Pierre, en bulbes gigognes, inspira-t-il les futurs astronautes soviétiques ?? Avant les hangars pour les zeppelins (allemands?) et toutes inventions volantes.











Église Saint Jean: supplément baroque.
Un monde moderne:


     Comme l’énonce un mural, « Si vous chutez, ne découragez pas ceux qui veulent réussir ».

Après les destructions « usuelles » de chaque vague impérialiste, la ville fut reconstruite en dur. 

Balcons sur rue

Face à la cathédrale.




















Des recherches dans un style éclectique ou historiciste, genre médiéval ou "néo-russe".
Ou dans le style fleuri d'importation.  Contemporain de la photographie.

 Jugendstil Fleuri.
L’autre coté du fleuve se développe: L’occupation russe du XIXè introduisit des industries modernes, exporta ses ingénieurs, une armada d’architectes et même sa culture, relativement pacifique. Une élite intellectuelle profita d’un répit.
Avec angelots..

         Le théâtre fin XIXè : Atlantes et balcons, comme à Saint Petersbourg.

Une cathédrale orthodoxe, comme à Moscou.
L’enceinte détruite fit place à un canal et une ceinture de parcs, au-delà desquels, des quartiers nouveaux, tout Art Nouveau, logeaient les « fonctionnaires ». 

Canal et perspective sur la Rue Elizabeth

                     ART NOUVEAU 


En trois pâtés de maisons et cinq avenues et en cinq années, 1902_1906, avant la révolution  de 1905,  le plus bel ensemble d’Europe, classé à l’Unesco. 


Mickaïl Eisenstein: La maison" aux Trois Yeux" et aux Lions divergents

Rue Strelieku, Rue Albert, Rue Elizabeth, s’élèvent -en continu- des immeubles de cinq ou six étages; rompent avec la platitude des façades, des avancées de balcons et bow-windows. 

10, Rue Elizabeth, en bas..
La décoration et les couronnements de corniches ou en attiques innovent de manière très extravagante. 

10, rue Elizabeth, le haut..
L’influence des recherches européennes, autriche-hongrie en particulier, du Jugendstil où l’Art Nouveau s’allie avec un néo-classicisme russe soutenu par des Atlantes symboliques. Parmi les architectes qui voisinent avec Eisenstein dans ces rues: 


Eizens Laube, 1903
Konstantins Peksens, 1904

















Eizens Laube, assez « brutaliste »  ou coquin, selon les adresses. 

Konstantins Peksens : un art nouveau du début, encore marqué par un néo-médiéval. 


 Eisenstein, détail du 6, rue Albert: Phoenix, buste ailé et petit portrait étonné.

 Michaïl EISENSTEIN, ( Russie, 1867, Berlin, 1920) 

Formé à Saint-Petersbourg, mais à moitié balte d’origine. Très conservateur, préféra fuir en Allemagne que suivre la révolution soviétique. Son fils, Sergueï, le cinéaste célèbre s’inspira de nombreuses idées décoratives et du sens certain du monumental et de l’historicisme. 


Deux atlantes et méduse en clef de voûte.
Bénéficiant d’une formation d’ingénieur, l’architecte néo-classique, ajoute au symbolisme un certain esprit militaire et technologique. 
Peut-on ironiser sur la traduction du nom : Eisen: Acier et Stein: pierre . Merci Freud.

 Victoires chevauchant des aigles.



Le courant Art Nouveau, fin XIXè, nait en Europe centrale particulièrement, et après des guerres, on pense à certains bâtiments viennois de Otto Wagner. Figures aux angles de la corniche et  «ferrures» décoratives de la Sparkasse, ou de l’église de Steinhof. 

À Saint Petersbourg, la maison Singer de la Perspective Nevski, date de 1904, comme la rue Albert.

Eisenstein n’utilise la couleur que dans le contraste Blanc/bleu des briques, (son image de marque) ou quelques enduits colorés. 





Un couplage Romantique / Guerrier


Les filles casquées de l'attique et les trophées d'armes,  2a, Rue Albert.
Vue d'ensemble 2a, Rue Albert; les sphinges de l'entrée, les nymphes porte-flambeaux
Atlantes souffrants et Académies féminines contre des variations sur les « décorations » militaires: rubans, pendeloques, barrettes, médailles et blasons entrent dans la dé-composition des éléments végétaux, animaux, des armes, et des armatures issues de la technologie industrielle. 




De l’architecture de métal, invisible ici, restent des balcons et surtout des agrafes, des boulons qui devient des motifs décoratifs au même titre que les couronnes et les guirlandes, qui ressemblent à des poignées de samovar, des pendentifs tels des balanciers de pendules, s’accrochent à des engrenages ; ou des copeaux, le tout transposé en stuc monochrome.  Des surprises à tous les étages

 

Les mascarons traditionnels, barbus revêches ou lions rugissants édentés voisinent avec des nymphes dénudées, mais aussi bottées, ou chevauchant un aigle. On appréciera la mode des coiffures, un peu méduses.




Des figures se cachent dans les éléments décoratifs les plus variés, et à différentes échelles. Il est dit que toutes les « amies » de l’architecte, aux difficultés matrimoniales se reconnaissent..


Les visages conventionnels alternent avec des presque-portraits ou des masques de théâtre. 

Tel le contraste entre deux maisons mitoyennes de même date dans le traitement des visages: convention théâtrale ou réalisme de portraits. Rien n’est dit sur l’identité des sculpteurs.


Barbus naturalistes et femmes revêches

Un Bestiaire.  hérité des impérialismes successifs et de quelques traditions régionales. 

En cherchant bien, on trouve deux charmantes jeunes filles en chasseresse et des chiens.


Griffons, médiéval 3D, 
ou vaguement babylonien

















Variations sur les aigles, les phoenix, la chouette.

La Chouette. Symbole de sagesse, apparait en contrepoint de figures guerrières. Voeu pieux.


 Des ailes mécanisées, un mascaron mou au rictus tragique.

 Du Masque au Casque.  




13, rue Elizabeth, ensemble: les "tourelles" potiches.

L’influence du théâtre :  casque grec demi-sphère avec  plumeau au sommet de E13 ou sans:

 les vis qui traversent l’absence de visage anticipent sur Métropolis. -ou des coiffures de clown.

                                                             Rue Strelieku  2a et 2b : les casques. 

13 E.Fronton avec casque, deux chasseresses avec chiens
La tête féminine hérissée d'un couronne brisée: évocation de la statue de la Liberté ??

10 rue Elizabeth: des omphalos fumants, des boulons et 4 barbus.
Le barbon témoigne des recherches de géométrisation, liée au matériau, bien avant le cubisme et cependant évoque des assemblages du maniérisme occidental. 
Muselé ?
Peut-on penser que ces choix décoratifs valaient pour une prise de position politique??? Maintenant fort rentable:

     Ville mémoire, la STATUAIRE 


Monument de la liberté. 1935

Les Années d’indépendance: une libération liée au débat des russes entre la révolution de 1917, et la nouvelle invasion allemande de 1940. 


Les fusiliers marins de 1915
Sculptures monumentales antinomiques mais d’une égale lourdeur réaliste. 










Le Monument aux fusiliers marins, qui défendirent les Russes contre les allemands en 1915 .  

Valdis Alberg  en 1985 ; déplacé car mal perçu depuis l’indépendance.

Dans la perspective moderne.




Le monument de la liberté :  1931-35 par  

Karlis Zale: 

un lourde base, piédestal pour une relève militaire qui continue de garder les exploits des héros de l’histoire nationale. D’une mythologie médiévale aux combattants.

La victoire sommitale n’entre pas dans le format. désolée. Voir un guide, je n’ai pas de téléobjectif..


Animaux de Brême

Merci, Rosée du matin! 


















Pour boucler l’histoire avec humeur: Les Animaux de Brême, entre deux églises. Un hommage à la ville natale de l’archevêque Albert.. et à notre guide. Restait à faire des courses.