I. Art Médiéval en Bohème
Triptyque "Roundnice" : La Mort de la Vierge, entre Vierge de Miséricorde et Christ de Douleur, 1410. |
Le couvent Sainte-Agnès, dans la vieille ville et loin des foules, fondé par la soeur du roi Wenceslas 1er en 1234, recèle maintenant les chefs d'oeuvres provenant de divers monastères et églises du royaume; remarquablement présentés sur des cimaises grises et fantastiquement éclairés. Quelques autres espaces exposent des installations contemporaines.
Couvent Sainte-Agnès: vue d'une salle. |
Les oeuvres de la peinture médiévale du XIIIe au XVe siècle suivent les évolutions de l'histoire. Quelques pièces sont influencées par la tradition byzantine, puis, après l'apport des ordres cisterciens actifs sous le règne des Premyslides entretiennent des rapports avec la peinture occidentale.
Les peintres cessent d'être anonymes sous Jean de Luxembourg, puis sous son fils Charles IV, créent un style proche de l'art flamand, puis allemand, lorsque que Prague devint capitale du Saint Empire Germanique en 1349.
Vierge de Miséricorde, vers 1340 |
Le cycle de la vie du Christ est cependant souvent rapporté à celui de la Vie de la Vierge, en raison de la dévotion mariale, et les modèles de la Vierge à l'enfant se retrouvent encore dans les panneaux d'autel de certains monastères dont Vissy Brod.
Résurrection: Un Panneau (parmi 10) Maitre de l'Autel de Vissy Brod, avant 1350 |
La singularité des peintures du XIVe tient au réalisme étonnant des figures, en contraste avec les fonds or.
Saint Luc |
Saint-Ambroise |
Les Évangélistes et pères de l'Église par le Maitre Théodoricus, vers 1360 ont un regard étrange qu'on retrouve dans toutes les oeuvres du maitre.
Crucifixion, Maitre de l'autel Rajhrad, Olomouc, 1435. Époque post-hussite. |
La statuaire:
une tradition d'Europe centrale, les artistes, anonymes le plus souvent, travaillent le bois -peint ou non- dans un style "provincial", très réaliste voire expressionniste, s'inspirant des gens ordinaires.
Les retables, comparables à ceux de l'école rhénane, et les ronde-bosse :
Nativité, fragment de retable. |
Les piétas et "Christ de Douleur" , autant de figures de dévotion dans des temps tragiques.
X de Douleur, fin XIVe |
Piéta, fin XIVe |
Détail, anonyme XVe |
La collection d'innombrables "Vierges à L'enfant", montrent la sensibilité aux postures et aux gammes d'émotions expressives, inédites par comparaison à l'idéalisation usuelle en occident.
Anonyme, XVe |
Anonyme XVe |
2.PALAIS VELETRZNI : Musée d'art moderne et contemporain.
Art Nouveau |
Situé au nord du fleuve, cet énorme bâtiment moderne abrite sur cinq étages des collections d'une richesse incroyable.
Les visiteurs s'intéressent plus à la collection d'art Français du début XXe (ils sont tous là, de Monet à Picasso, et aux grands noms, Klimt, Schiele, Munch.
Mais c'est l'originalité de la création tchèque qui m'a intéressée. Un choix très subjectif...
En commençant par Mucha et ses contemporains de la période Art Nouveau, Manes, Liska, Shikaneder, pour rompre avec des artistes influencés par l'impressionnisme.
Kupka : Le colosse de Rhodes, 1906-09 |
Les premières oeuvres de Kupka, dans les recherches sur la couleur, entre "péplum", orientalisme, et glorification de la nature. Bien avant l'abstraction. (le Musée Kampa, dans Mala Strana est dédié à l'intégrale Kupka et Gutfreund - photos interdites).
Kupka : Soleil d'automne, 1905 |
Un groupe de "néo cubistes" ont fait preuve d'un humour délectable: Emil Filla, en particulier , parodiant Picasso, Gris, Matisse et quelques autres.
Emil Filla, d'après Picasso |
Gutfreund: l'atelier, bois. |
Otto Gutfreund, délaissant le pathos pour la défense du prolétariat.
L'absinthe, 1924 |
M Stefan: Deux filles. Bois peint |
Quelques réalistes tragiques mais aussi les figures des petites chéries modernes des années vingt :
Bohumil Kafka : Douleur, vers 1915 |
Où l'on découvre qu'il y eut un autre Dvorak et un autre Kafka.
Atelier de Trnka |
Un étage présente des oeuvres contemporaines assez dramatiques et la reconstitution de l'atelier du réalisateur d'animation, Jiri Trnka.
Le rez de chaussée expose actuellement l'incroyable saga d'Alfons Mucha.
L'ÉPOPÉE SLAVE.
Détail de : L'abolition de l'esclavage en Russie, 1914. |
En vingt toiles, d'un format impossible, 610x810 cm ( non pas en pixels mais en six mètres sur huit, façon décor de scène), réalisées entre 1912 et 1928, dans un ordre non chronologique, Mucha a réinventé l'histoire tchèque, depuis des origines mythiques jusqu'à l'autonomie.
Détail de : Introduction à la liturgie slave, 1912; le moine Cyril lit la bulle du Pape au prince Svlatopluk. |
Après les fêtes rituelles des populations primitives, les différents pouvoirs se succèdent:
l'auto-couronnement du Tsar Siméon de Bulgarie, la cour d'Ottakar II de Bohème.
Couronnement du Tsar serbe Stefan Uros (1346) 405x480 |
on trouve la prédication de Jan Hus, les ravages des guerres hussites, l'abolition de l'esclavage en Russie, quelques héros, enfin l'Apothéose des Slaves sous la figure d'un Christ triomphant.
Détail du couronnement, 1923. Huile et tempera sur toile. |
Une facture étonnamment photographique, des effets de montage, les scènes illustrent des personnages sur fond d'architectures léchées. Aux antipodes des affiches qui firent sa célébrité, un aspect réalisme soviétique s'allie aux fastes et effets spéciaux du cinéma, (Mucha avait séjourné aux Etats Unis, avant C B.de Mille..) nombre de figures volantes, mais dans des gammes chromatiques très atténuées. La technique de la tempéra à l'oeuf exclut les empâtements.
Un choc .
Introduction à la liturgie slave, 1912, 610x810 cm |
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