vendredi 12 octobre 2018

MOSCOU ORTHODOXE. Russie 1.



                           "La Bataille entre Novgorod et Souzdal"icône, XVè s,  Galerie Tretriakov, détail.
Le baptème de la Russie
Vladimir, prince de Kiev, converti au christianisme, vers l’an mil commença l’unification des territoires ; les  « grands princes », dont Ivan III après 1453, se revendiquent héritiers de l’église de Byzance, fondant une «Troisième Rome». 
Double pouvoir politique et religieux, pour quelques siècles. Militaire aussi. 

Un parcours art et architecture.

« Le baptème de la Russie »


Une oeuvre de  Victor Vasnetsov,  1881 - ce peintre d’histoire illustrait les débuts de la Russie, tout en constituant un programme pour un "art nouveau russe". (décors civils et fresques religieuses, entre 1890 et 1912. ( ch.2).  Soit avant la révolution.


        DES BULBES et de L'OR


La cathédrale  Basile-le-Bienheureux érigée pour Ivan le Terrible (1555) domine la place rouge. 
Extravagante et polychrome -critiquée par le patriarche- une crise institutionnelle s’ensuivit: le Tsar fut interdit de messe dans la Cathédrale de L’Annonciation.

Se combine ici une architecture imitée des église de bois, avec la conversion des lamelles formant les bulbes en écailles de céramique; côtelées à rayures, ananas et sucettes colorées; les clochers "en tente" reprennent des modèles en pierre.

La majeure partie des églises construites  ont intégré des influences italiennes et européennes après le règne de Pierre le Grand. 

Exemple de zakomars, de kokochniks et de bulbes , en bois, en brique en terre et en métal.
Dans chaque édifice cependant les architectes utilisent :
les  zakomars , des arcatures qui dominent les porches , (on ne rit pas).
des kokochniks, ornements décoratifs superposés qui entourent les coupoles, pour donner l'impression de hauteur, en demi-cercle ou en arc pointu.  Un peu comme une coiffe féminine.
Novodievitchi: Èglise porche de la Transfiguration.




et les bulbes qui coiffent les tours, surmontés des croix,  obligatoires, garantissent un style russe, même si les architectes sont italiens. 
Les "côtes" sont alors polygonales.
Comme dans le style baroque: ajout de coquilles.







2004; Russia contre Saint-George.

Le grand hôtel Rossia ,  plus assez luxueux et tout béton faisait de l’ombre, il a été  rasé pour dégager un parc,  
permettant de voir les églises de la rue Varvarka :

Sainte Barbara,  Saint-George, patron de la ville; Maxime le Confesseur ainsi que le Palais des Boyards Romanov.



Quelque part en banlieue, le modèle bois en version béton et cuivre.







Toutes ou presque les églises ont été restaurées à partir de 1994 comme nombre de monastères, d'autres ont été construites, ex nihilo,  pour de nouveaux fidèles.
Dans un style ancien relooké.






La Vierge de Kazan.
À l’opposé de la place Rouge, l’église de la Vierge de Kazan, à l’origine de 1630, rasée par Staline,  fut reconstruite en 1993 , ocre rouge, verte  et blanc,  comme neuve. 





Au KREMLIN : 

 Un nom qui au départ ne désigne qu'une enceinte entourée de remparts, une forteresse, on l'a oublié. 
Les cathédrales furent édifiées  au quinzième siècle.   Elles se différencient surtout par le nombre de coupoles.

La "Deposition de
 la Robe de la Vierge"
Le clocher d’Ivan III le Grand, domine l’ensemble des sanctuaires: y est adossée l’église des Douze Apôtres.
Seule la  Cathédrale de l’Assomption ou Dormition de la Vierge se visite, sans photos. 
pour les amateurs: souvenirs de 2004, première visite de Moscou. 

























Des piliers entièrement peints à fresque des saints et héros de l'Eglise. Des lustres géants.



En revanche l'Iconostase ordonne la même hiérarchie des apôtres et pères de l'église.






















les fameux « zagomars » protègent les mosaïques ou les fresques des porches;

Ce jour là en 2004, nous avions vu devant la Cathédrale de l’Archange Michel, la sortie de la messe du Patriarche Alexis II.  
On peut commenter dans l’actualité la proximité de l’Église et du Kremlin, pas seulement dans la topographie de l’enceinte quand le bureau du président fait face aux églises.
Ce patriarche, ami de Gorbatchev, procéda (sous Eltsine) à la canonisation de la famille Romanov, en 2000. Poutine fut élu président de la Fédération de Russie, cette même année. Rien n'a changé avec Cyrille, le nouveau Métropolite.


La cathédrale de l’Annonciation :  une brochure en anglais compense l’absence de visite pour le décor intérieur. Les images sont protégées...
Ces cathédrales ont été considérées comme musées pendant la période soviétique et ré-ouvertes au culte.

La cathédrale du Christ-Sauveur




Dominant la Moskova:
 une histoire symbolique de la politique du XXè siècle :
édifiée entre 1839 et 70  pour célébrer tardivement la victoire contre Napoléon, rasée par Staline pour créer un Palais des soviets, les marbres ont été recyclés dans les stations de métro; les fondations furent reconverties en piscine par Kroutchev. 






Conversions et soumissions.



Elle a été reconstruite  « à l’identique » entre 1994 et 1997; une performance liée à la puissance du maire de Moscou, et quelque dépassement financier..

Des reliefs de bronze rythment les murs entre les pilastres, les patriarches et les scènes historiques s’accrochent à la corniche. 

L’intérieur reprend les  cycles iconographiques dans un style très dix-neuvième fade.
Un ciborium (élément spécifique du treizième siècle italien) occupe le choeur. Clos il fait fonction d'iconostase.
La structure radio-centrée de la partie sanctuaire se double d'un couloir de circulation couvert d'or.


Ciborium formant iconostase.
Voutes peintes.


























Copie anachronique du genre : Trois mille ouvriers (et combien de morts?
Ce retour au religieux dans les anciens territoires socialistes se marque par une construction plus gigantesque, en Georgie à Tbilissi,-patrie de Staline- la cathédrale de  la Trinité qui a été financée par le milliardaire candidat à la présidence en 2012.  Et plus proche, (voir blog Montenegro), la cathédrale de Podgorica vient d’être achevée. 

Les églises du quartier sud

Variations sur un mixte du style baroque du XVIIIè siècle et de formes traditionnelles, avec un campanile extérieur. les deux plus intéressantes, proche de la galerie Tretriakov.


Saint Grégoire de Néo-Cesarée,  1679.   
horloge en dentelle de métal et corniches en céramique polychrome. 


Saint  Nicolas de Pyji   
version blanche au clocher ajouré. Ravissants kokochniks.
 Cette église fut construite par Bogdanov, chef du régiment des Streltsy, opposés au pouvoir.




Le matin de l’exécution des Streltsy
Leur révolte matée par Pierre Le Grand, en 1669: exécutions en masse, est illustrée dans le très grand tableau de Vassili Sourikov ,1881: période du réalisme. 

Pour l'église il s'agit du grand schisme, le Raskol.
En restant dans le musée, et dans cette histoire, au détour d’une salle des peintres des "Ambulants",  une figure un peu terrifiante : Sophia par  Ilia Repin.

Dispute sur la foi, entre Nikita et le pope devant la régente Sophia,  Perov 1881
Sophia par Ilia Repin


Les conflits politiques sur le dogme et le rituel occupèrent les clans: 
ainsi le tableau de  Vassili Perov :  du groupe des Ambulants, ami de Repin  qui illustre la dispute entre le tenant des "vieux croyants" et le métropolite. Au passage le vieux évoque les rages d'Ivan (dans les images). 

Ce courant de l'église compte encore des fidèles et des églises spécifiques.

 Ce qui nous ramène au monastère Novodievitchi 

"le nouveau couvent des jeunes filles" : 
ou  de la Vierge nouvelle ? 
La visite de la Tsarine.







Construits comme des forteresses, entourés de murs, de tours et de chemins de ronde, les monastères ont à l’origine participé à la défense de la ville. 






En rouge et blanc, cernée de tours; et actuellement d’échafaudages, la forteresse du couvent des Filles,
Célèbres pour avoir résisté aux troupes de Napoléon.

Le monastère fut le lieu de réclusion d'Eudoxie  Lopoukhina, première femme de Pierre le Grand et de sa demi-soeur Sophie, ex régente, soutien des opposants, laquelle fit construire une des églises dans l'enceinte.








La photographie d’emballage donne une idée de l’ensemble de l’enceinte fondée en 1514.
Tours et bâtiments de style «baroque Narychkine » , exporté de St  Petersbourg. 






Dans la cathédrale (en travaux donc fermée) du monastère Boris Godounov fut sacré, le cimetière attenant fermé aussi contient toutes les célébrités de Boris jusqu’à Eltsine.

Kolomenskoïe 

Dans le parc de loisirs, au bord de la rivière les deux édifices résument les formes de l'architecture orthodoxe:



N-D de Kazan.


La cathédrale   Notre-Dame-de-Kazan , construite pour Alexis 1er dans un style Narychkyne, version en bleu et blanc, bulbes étoilés, ressemble à un palais civil; toujours le nom en rapport avec l’icône -disparue- qui protégea les armées.  




L’église de l’Ascension.  
construite  en 1532 pour célébrer de la naissance du futur Ivan IV le Terrible, une belle mise en scène dans le paysage: 



Simple construction en pierre et brique plan octogonal.

 L'Ascension: Coupe.





















Les projets de construction d’un palais entouré des églises symétriques, sont exposés dans le bâtiment transformé en musée.

Ce modèle architectural intégré, dans les constructions ultérieures complexes, réapparait dans des projets de la fin  du XIXè  pour des créations d'un Art  néo-russe : en boucle donc.



   
         Le monastère Saint-Andronikov : 



À l’est de la ville: visite "en autonome", photos sans limites. 
Pour en revenir à Andrei Roublev,  revoir aussi le film de Tarkovski.

Andrei, un pigeon sur la tête.
















Le plus ancien, blanc et dépouillé, fondé en 1360 : restauré depuis après des effets de multiples guerres.
C'était un avant-poste militaire sur la route de Novgorod.
Une gardienne nous fait grimper sur le chemin de ronde qui offre une vue sur tout Moscou.


Cathédrale du Sauveur.










Son église, la Cathédrale du Sauveur comporte des peintures réalisées par Andrei Roublev: très fréquentée et silencieuse, quelques fidèles s'informent sur les ouvrages théologiques. 

Iconostase du Saint-Sauveur.
Christ d'Andrei Roublev, G Tretriakov.



















Le  bâtiment conventuel  est transformé en Musée : des gardiennes sans visiteurs. Pour le plaisir.





  


Musée Andrei Roublev, reconstitution de l'iconostase d'une cathédrale de Souzdal.  (sous vitre)

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