samedi 23 juillet 2022

ALBANIE 3. Despotes et forteresses.


La visite de Krujë: un bon début pour apprécier les mythologies du pouvoir dans l’histoire du pays. L’énormité du Musée historique de Tirana n’est d’aucun secours, aucun panneau ni vitrine n’est traduit, même pas en anglais. 

Skanderbeg.
Commandeur Bato

Seuls quelques cartels intelligibles et des installations d’armes, nous évoquent que la saga Games of throne  s’est jouée dans la région,

          en vrai…

La situation géographique de L’Albanie, entre Montenegro Serbie et Grèce favorisait tous les passages et invasions, d’où l’importance stratégique des villes-forteresses. 


Où l’on découvre le premier opposant à l’occupation romaine, le Commandeur Bato (!) un palikare de facture gréco-soviétique conduisit la révolte des Illyriens contre l’occupation romaine dans les années 9-6 av JC. (sculpteur Kristaq Rama).

Son voisin (dans le musée) le dépasse de beaucoup...



Moyen-âge.

Quand Venise occupait déjà la côte dalmate, Il y eut entre 1205 et 1351, un Despotat d’Épire, englobant le nord de la Grèce, le territoire albanais jusqu’à Ohrid, en conflit avec l’empire de Nicée. Sombres histoires pour dix siècles dans les Balkans. D’autres despotats (en fait des vassalités) coté serbe cernent l’embryon de pays. Le terme lui-même est révélateur de la violence des régimes féodaux.

  Leur succédèrent les Paléologues, de l’armée des Croisés, devenus empereurs byzantins,   (ch2), jusqu’a la prise de pouvoir de Constantinople par les Ottomans . 



Vue sur le site de Krujë.



L'Épire, le risque turc.

Néo donjon.

Musée construit en 1992.





Skanderbeg
 à Krujé,

Quittez vos charrues, "aux armes".






































Fils  d’un prince, d’une tribu de Kruje, en 1444, Georges Castrios réunit des troupes pour affronter les premières avancées des troupes turques.




Une guerre de guérilla, des batailles gagnées pendant vingt ans, un charisme certain, un gigantisme au casque à cornes, wagnérien!!

Le héros fut soutenu par l’Italie, les papes, et fit l’objet de romans et d’un opéra de Vivaldi.



Histoire en français, XVIIè s














Georges, héros déjà qualifié par son Saint Patron a la modestie de se prendre pour Alexandre le Grand.. 

 "Le bey Skanderbeg, seigneur Alexandre"  

(Nos inestimables Connery et Caine, aussi, à Iskanderun , L’homme qui voulut être roi, Huston)



Récit façon lutrin

Un secrétaire, détail de fresque.







George  Castrios, une saga dans un décor digne d’un film à grand spectacle, du type Robin des bois, donjon majestueux en grand appareil.


L’ensemble me fait penser aux romans fiction de Antoine Bello : les Falsificateurs, ou les Producteurs: Un groupe secret invente, de toutes pièces truquées, une société plausible à fonction politique « morale ». Tous les artéfacts et les dossiers « historiques » sont réunis ici. Touche religieuse, les vitraux, les « manuscrits », signés Georges.

Or, la construction, du Musée de Kruje, est le fait de la fille d’Enver Hoxha. À lire au second degré.



Un buste de la soeur de Georges, Mamika, en appelle aux armes; se revendique de son ancêtre la reine Teuta, du royaume d’Illyrie qui fut un temps unifié au IVème s.



Mémorial, Teuta, en marbre "à la romaine".

Mamika, on ne rigole pas.



 


  













Une vaste opération de révision de l’histoire, car  dans le  « bureau de Georges », un anti-modèle de design médiéval, ne manque que du papier à en-tête du dictateur.  Et donc tout peut s’interpréter par la volonté de Hoxha de s’identifier héroïquement à Georges. 

Autre référence au combattant communiste. Les enfants soldats ne sont pas médiévaux…


Vitrail, éducation des enfants avec fusils.

Étoile rouge














La saga est complète, le nombre d’artisans et de peintres mériteraient un ticket pour Hollywood. Mais un film de l'époque soviétique se chargea de la gloire du héros.

Une ville (copie de Sienne du Bon Gouvernement de Lorenzetti; astucieux, la date est bonne ) 

Des scènes de bataille d’un réalisme de conte, entre un pastiche de ce que serait Ucello, avec une ambition d’égaler Michel Ange (laïc) ou les réalistes Russes, de la fin XIXè, Ilia Répine et Valentin Serov. Les peintres et sculpteurs albanais ont du se former en Russie.




2. Le poids des forteresses Période ottomane. 


 

BERAT

semble finalement avoir été assez pacifique pendant la gestion ottomane. De belles architectures et  mosquées. Pour les églises, Ch2.


Dans le fort.













Bérat, rive est.


3. XIXème, l’épisode Ali Pacha. 

Portrait par Louis Dupré, 1815.

Un « bon » envahisseur? 



Gouverneur de la région sud et de l’Épire, Ali de Tepelenè,  commence à envisager l’indépendance de la région, contre  la toute puissance de l’empire d’Istanbul.  Comme opposant de l'intérieur, et comme ses adversaires,   il finit décapité..



Sa citadelle pour contrôler la mer Ionienne  à Porto Palermo, fut logiquement transformée en prison ou en arsenal.  De plan triangulaire,  Un peu vide et très accueillante...




Gjirokaster 



Une forteresse "au cube". On trouve une charmante guide, des panneaux très didactiques sur la mémoire de l'histoire romaine, la cité voisine d' Antigonie,  les archives du règne d’Ali Pacha, les geôles d’enfer de Hoxha; et un musée terrifiant.


Hadrien, 134 ap Jc 
Vestiaire ottoman.













Ali Pacha  prit la citadelle de Girokaster en 1811.  pour éliminer ses rivaux et contrôler la vallée.  





Indépendamment de sa cruauté, son efficacité lui valut la reconnaissance d’écrivains européens, Byron, Dumas… ,   des amours romantiques sur le tard…  et des portraits par des peintres français de la période orientaliste.

La France a continuité à entretenir des rapports diplomatiques au XXè.








Les Maisons forteresses de Gjirokaster


En haut à gauche la Maison Zekate

Maison Skënduli.

Une famille locale, XVIIIè.















La paranoïa bien compréhensible des familles féodales de la ville  au risque des envahisseurs (et de leurs conflits) se traduit dans l’architecture des maisons :  séquences de portes, trappes, cloisons secrètes, et autonomie totale des ressources, l’eau des citernes, les caves, et les toilettes…

Nombre de salons, et de claustras.  64 fenêtres.

La maison a des yeux, le propriétaire, la tchachh.



Pour l'été et la vue sur la vallée


Chambres "à deux lits". Pudeur... et avec cheminées.


L'art du café.













La visite du propriétaire, ou comment griller le café.. 

Poste de surveillance pour viser l’envahisseur.. 


Le XIXème connut des moments d'espoir,  à suivre Ch4, avant une éphémère république en 1925.

La dictature et la prison



Le retour de résistants et une évocation des prisonniers, d'avant et d'après les guerres.  




Musée d’Armes  et la collection de peintures réalistes de la guerre mondiale, 

des rangées de canons -italiens l’Albanie était en 1942 sous la domination de Mussolini. 



Le musée insiste moins sur le rôle d’Enver Koxha, natif de Girokaster, qui lui aussi utilisa la prison.  visite sordide.  





La libération de prisonniers.

Paranoïaque aussi, fit construire 700.000 bunkers.

Pour glorifier son règne, il créa des spectacles et festivals : la demi sphère sur la terrasse fut la grande scène des manifestations nationalistes dès 68. Albert s’en souvient.



Scène de théâtre en terrasse.

Jupe  et pompons.

À coté des armes, une bonne collection de peintures réalistes des années 50, ou 70 (?)   


Tenues d'hiver.
















Au Musée de Tirana on retrouve les fresques de la saga Skanderbeg, avec les armes et les  peintures révolutionnaires.



Georges  toujours..

Le trône de fer ??


Finalement l'Albanie aura gagné son autonomie.  Tirana:  Mise en scène contemporaine.







1 commentaire: