mardi 4 octobre 2022

BULGARIE / BYZANCE. 2/3.


Martyrisés au début de l’ère chrétienne, les croyants furent ensuite pourchassés sous la domination ottomane, et enfin muselés sous le régime communiste. Les églises ont résisté..


Ecole de Triyvna, XVIIè.

Les Apôtres: Pierre et Paul exportent le christianisme dans les premiers siècles et fondent l’église, au sens hiérarchique sur une métaphore architecturale: la tradition iconographique répand la figure du donateur, tant dans les icônes que dans les fresques dans l’empire byzantin.


Dans l’aire méditerranéenne jusqu’aux Balkans, (on a vu les étapes en Albanie) lors l’empire romain d’orient, de Ravenne à Constantinople, devenu Byzance, le patrimoine est restauré.


La reconnaissance du christianisme par l’empereur Constantin, en 313 par l’édit de Milan, avec le rôle de sa mère Hélène, met en valeur les épisodes des Saint(e)s et Martyres héroïques, en particulier dans les rangs de l’armée romaine, et donc les « saints guerriers »  Saint George et Saint Dimitri figurent près de la Deïsis: Le  Christ, la Vierge Marie et Saint Jean Baptiste. 


Formes architecturales :


Deux grands principes hérités de l’antiquité : un plan centré circulaire: le modèle du Baptistère, et le plan basilical à trois nefs.  Les constructions en brique ou en alternance de brique et de pierre dans la tradition romaine : deux exemples type. 


Saint George à Sofia   




Une Rotonde, édifiée au IVè siècle par les Romains  dans la ville antique Serdica de Constantin, est maintenant caché au centre d’un ensemble administratif et le lieu d’une messe quotidienne. 

Un plan centré de la salle du temple, cernée de trois absides et surmontée d’une voûte, a été augmenté d’un narthex sous le règne de Justinien pour le transformer en église .




Le premier décor peint date des XI et XII ème S et la fresque de la coupole réalisée au XIVè S.

Le Dôme fut maintes fois détruit et reconstruit, l’église fut transformée en mosquée et les fresques médiévales recouvertes d’enduit; enfin dégagées furent restaurées au début du 20è. 


Un ange passe...
















L’ensemble principal de la coupole : au centre , le Christ Pantocreator. entouré des évangélistes et des anges,  un cercle extérieur des Saints et des Prophètes. 

d’autres figures plus abimées subsistent sur les murs entre les fenêtres. L’iconostase inséré dans l’abside axiale date du XIXè.


Basilique Sainte Sophie à Sofia



Édifiée  au Vè siècle sur un précédent sanctuaire, ce long bâtiment à trois nefs voutées, fut aussi transformé en mosquée. Très comparable à certaines églises de Ravenne, Son élévation est impressionnante. Abstraction sans décor.

La basilique, entièrement construite en briques , avec quelques  raccords de «pièces» récentes dues à la restauration. Elle donna son nom à la ville de Sofia.


























                            

NESSEBAR


 Cité Thrace  colonisée par les grecs, elle frappa sa propre monnaie encore dans la province romaine de Thrace, et au cours des siècles passa alternativement des Byzantins aux Bulgares, sans grands préjudices. 



Petite ville sur une presqu’ile de la mer noire, proche de Bourgas,   ce fut un port de très riches marchands :  il y eut dit-on 40 églises, il en reste une dizaine : chaque possédant fit construire son sanctuaire personnel : concurrence édilitaire…


 La plus ancienne, du Vè s, 

La basilique Sainte Sofia  reste ruinée. 

Les églises  s’échelonnent du Vè au XVème  siècle , mais l’identité des modes de construction unifient l’ensemble.

                                   Saint Michel et Saint  Gabriel



On retrouve le plan centré additionné d’un narthex, ou  le modèle basilical à trois nefs. Avec ou sans dôme.

à Saint Parascève, une toiture a été remontée pour ouvrir un musée.


Les murs en alternance de pierre et de brique forment  le décor extérieur par les jeux d’agencement rythmique et l’adjonction de céramiques vertes, dans les arcatures.


La plus décorative exploite aussi la découpe de la pierre  et la démultiplication des motifs, la svastika comme dans les mosaïques romaines n'a pas de symbolisme, c'est une disposition par alternance.






    L’église du  Christ Pantocrator
      date du  XIVè.  Grande élévation avec clocher et dôme intérieur. Très «riche ». 


L’église Saint Sauveur


du  XIV è selon les lois des Ottomans fut construite en dessous du niveau de la rue. L’intérieur compte des fresques incomplètes du XVIIè.


 Saint Jean Baptiste



Très dépouillée, à l’origine,  sur un modèle architectural presque roman du Xè siècle, et sans doute ruinée , maintenant transformée en musée. 




          Sainte Marine au marteau 

 

Saint Dimitar

Saint George.




 








La collection d’icônes présente quelques sujets originaux. 

Des Saints guerriers au torse  « imprimé » (cotte de maille ou cuirasse) de la croix, et plus rare Sainte Marine,  combat le diable à coup de marteau..



           Il est vrai que le diable menace partout, en nombre sur les peintures..


L’église Saint Etienne 


Basilique du XIème, surmontée de deux sortes de clochers plats, a conservé  le cycle des peintures  réalisées au XVIè siècle. Le mobilier, la chaire et le trône d’une richesse décorative 


Le Naos.



















La voute d'origine est remplacée par un plafond. Poutraison soutenue par des colonnes et chapiteaux.






                                La cohorte des Saints nous accueille dans le narthex. 

Une grande galerie rajoutée, fait fonction d’un second narthex offre une séquence de saints et un Jugement dernier, selon la tradition byzantine du fleuve qui dévale en précipitant  les condamnés dans la gueule  du monstre marin. 


Une résurrection avant la sortie.. Noli me tangere..


Le programme iconographique semble conforme à un dogme donc l’organisation des thèmes est soumis à une localisation rituelle. Programme Imposé par le Mont Athos ?

La voûte de l’abside qui domine l’Iconostase supporte la Vierge en Majesté, et le Christ le sommet de la voûte axiale.


En repartant vers la sortie, La dormition de  la Vierge, et des épisodes de la vie de quelques saints; où l’on retrouve les 40 martyrs de Sébaste (voir Chypre ou Albanie) et Saint Nicolas, originaire de Myra, son sanctuaire est en fonction au sud de la Turquie. Et Daniel qui maitrise les lions.


Une fresque provenant d’une  église détruite, remontée au Musée de Sofia présente un décor presque identique à celui d’un mur à Arbanassi 


……



Les Petites églises peintes.


Musée historique de Sofia:  fresque déposée d'une église inconnue/  :
  on reconnait la coulée de lave du Jugement dernier, les anges lancent des rayons mortels, et les diablotins du registre inférieur torturent allègrement.  Copie presque conforme à Arbanassi, même atelier ??

Eglise de Dobarsko.

L’emprise de l’empire ottoman a duré cinq siècles pendant lesquels les chrétiens durent se réfugier et confiner leur culte dans des églises presque invisibles.

L’architecture extérieure  d’une simple maison rurale recèle des décors intérieurs qui tapissent littéralement toute surface. Petites églises très denses, voutées,  les piliers sont massifs: les fenêtres réduites à des meurtrières. Un Naos ou chapelle précédée d’un narthex,


L’Église de Dobarsko 


Dans les montagnes  sur un versant opposé du Monastère de Rila (ch3)

Dédiée à Saint Theodor Tiron et Saint  Theodor  Stratilat , des locaux…


L'iconostase.



















L’intégralité des murs et des voûtes est peinte à fresque. Restituant une iconographie traditionnelle. Les saints logent dans les intrados des arcs.



Le motif de la Transfiguration du Christ a fait délirer les visiteurs sur l'idée d'une fusée..





L’originalité 
de l'église réside dans des palmettes en noir et blanc.. et des éléments géométriques. 


Cependant une iconostase miniature permet d’exposer des icônes.. 





Arbanassi


L’église de la Nativité de la Vierge


Une des églises d’un village au dessus de Véliko Tarnovo, édifiée au XVI è, le décor peint se déploie sur une centaine d’années en fonction de l’agrandissement :


 En avant du sanctuaire, Un grand Narthex, devenu partie de l’église réservée aux femmes.  une petite chapelle et une «  immense »  galerie servant de second narthex, le long de l’ensemble antérieur. 


Discrète et sans clocher, on lui reconnait le mérite de stalles, qui entourent les murs et donnent un peu de répit pour lever la tête. 

La fresque du bout de la galerie représente  Le Cycle de la vie, dont la version icône sur bois

inonde les boutiques…


 



Naos , porte ouest. Jugement dernier 

Détail des petites tortures.


La tolérance relative du culte au XVIIè et XVIIIè S a permis l’émergence de nouvelles écoles de peinture; ce fut le cas en Macédoine à Ohrid et en Albanie à Berat dans une première période de regain nationaliste.


La Galerie.

Les peintres de l’école de la région d’Arbanassi  semblent avoir voyagé et travaillé à Boyana et plus tard à Rila. 


L’Eglise de BOYANA


Entrée modeste..






Les deux parties, à droite le naos






















Au dessus de la porte, deux épisodes de la vie de St Nicolas















Les donateurs.









Dédiée à Saint Nicolas et Saint Pantaleimon, édifiée dans un village proche de Sofia lors du premier royaume bulgare; l'église fut agrandie d'une seconde salle par le gouverneur du second rouage Bulgare, Kaloyan,  en 1259.  Les fresques de la première période sont en partie effacées. 


La deuxième étape correspond aux fresques du XIIIè s.   avec la figuration des donateurs.Merci à la  brochure illustrée, les photos sont interdites  (sauf?) Une troisième période de travaux au XVIème a repris certaines fresques dans une nouvelle entrée. 



Saint Nicolas ramène un enfant à ses parents. 
Le programme iconographique est intégral :  avec des détails très précis qui se réfèrent aux usages locaux. Les donateurs ,de vraies gravures de la mode médiévale. 





Lors de la Cène, les convives se partagent des navets et de l’ail.Et le réalisme des visages rompt avec les stéréotypes des postures figées. Le Christ est fort moderne, et Saint Pantaleimon très habité...


On en déduit des peintres d’une qualité exceptionnelle; ils ont un nom : Vassili et Dimitar


La résistance des monastères.


D’une autre échelle, le Monastère orthodoxe de Rila niché dans les montagnes abrita les croyants et  conserva les traditions iconographiques.


Les tribulations du sarcophage de son fondateur, Jean de Rila ( 876-947 ) le thaumaturge, dépasse les miracles qu’il a pu réaliser dans son existence d’ermite. 



Agrandissements et reconstruction, les peintures auraient été réalisées au XVIIè par des peintres de l’école de Tryavna (proche d’Arbanassi)  le programme global et le nouveau traitement des peintures adaptent la compartimentage traditionnel des scènes (nécessité par la technique des fresques) dans un style très illustratif, voire épique sur toutes surfaces courbes et les coupoles, extérieures comme intérieures.



Porte de l'iconostase, style provincial



















Dans des couleurs très pimpantes; le pigment bleu devenu d’accès facile comme les leçons de perspective venues de l’occident. Un musée complète l’histoire et les collections. 



Les réfections contemporaines accentuent la dimension « catéchisme » pour les enfants.  Attention aux démons, le péché menace...

Conforme aux modèles antérieurs,  la chasse aux démons est fort réjouissante.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire