Le Kyrghyzstan. Sur les routes de la soie, 5.
Pour atteindre la chine, les caravanes venant de l’ouest traversaient la Syrie, l’Iran, puis l’Ousbekistan actuel, enfin, le kirghistan de Osh au Torugart pass pour joindre Kashgar; ou encore le sud du Kazakhstan actuel, vers Urumqi et Turfan. Les cols sont rares et inaccessibles en hiver.
Histoire de parcourir diverses fractions de route, en Asie centrale, l’option kirghise fut un choix, en deux époques :
Une première fois en petit groupe depuis Almaty jusqu’à Tashkent, dans une sorte de camion blindé orange, une deuxième fois, seule avec comme interprète une jeune femme kirghise quelque peu étrange, et qui n’avait jamais quitté Bishkek, sauf pour la France. Une toute autre histoire, en vidéo, dans les lieux ordinaires, en étudiant les problèmes socio-politiques. (une autre fois) ce qui me permit de visiter Osh, Ozgon, le caravansérail de Tash Rabat et le site de Burana et ses Balbals.
Le découpage des anciens Etats Soviétiques, sous Staline, contredit la géographie, les populations et ne simplifie pas toujours le voyage, même depuis leur indépendance, les émeutes à Osh en sont toujours le témoin, et les langues restent un écueil. Les capitales sont situées près des frontières, et pas au centre des pays.
Partant d’Almaty, dont l’architecture est aussi russe que la langue, petites maisons de bois, aux fenêtres ouvragées peintes en bleu, la route contourne le lac Issykul et traverse la frontière kirghise après des canyons presque à sec. Ponts détruits et ruines industrielles font partie du paysage catastrophe: les camions chinois se chargent de la récupération et circulent dangereusement dans tout le pays.
Tout au long des routes, des abris d’autobus en béton peint, très détériorés, offrent une collection de formes constructivistes, ou vaguement ethniques : un patrimoine pour plasticiens.
Au bout du lac (plus de cent kilomètres de long) et au pied des montagnes, la ville de Karakol offre une Russie miniature, superbe église orthodoxe en bois,
Marché de Karakol |
des petites maisons de bois, aux fenêtres peintes en bleu,
mais aussi des cavaliers, aux chapeaux de feutre, un marché aux chevaux et moutons et chèvres.
Des grosse babas vendent le peu qui leur reste, la tête protégée par un journal. Il fait chaud. La population, pauvre se plaint, on regrette "avant".
Au marché de Koshkor |
Kirghises avec chapeaux, ou marchands d'animaux plus cossus de prêtent aux signatures.
Arrêt d'autobus |
Le mélange des styles, ethniques et architecturaux se repère dans tous les bâtiments.
Campement de yourtes dans une vallée glaciale traversée par un torrent dont le bruit vaut une centrale électrique ;
Camp de yourtes pour touristes de la vallée de Karakul. |
le personnel vit dans des roulottes. Nourriture bizarre, poisson et pâté en boîte.
La yourte "pour la photo", au bord de la route. |
Les villages du sud du lac portent des noms fabuleux : Kadzi-Saj, Bokonbajevskoje : Kysylsu.
Une famille accueillante m’invite au goûter.
Le long de la route encore les cimetières musulmans. Mosquées miniatures. Cages à oiseaux géantes (des armatures de yourtes) et quelques photos insérées dans des murs ruinés.
Route des montagnes du centre, le lac Orto-Tokoj, paroi rouge. Torrent en contrebas.
A Kochkor, une guide russe, très portée sur la vodka nous accompagne.
Des femmes parlant anglais, échangent des adresses mel.
Montée tout terrain au lac Son Kul : en creux mais à 3000 m d’altitude, les éleveurs y passent l’été.
un peu brumeux.. |
La transhumance des bêtes se fait en camion. Ils logent aussi les rares touristes.
Premier test de koumis (lait de jument fermenté, baratté dans une outre de peau, redoutable pour les intestins). Pas de clôtures, le rassemblement se fait au sifflet ou à la course.
Nuits en yourtes , autour d’un poêle à bois. En étudiant les tapis de feutre et les instruments, fouets et proies du propriétaire.
Un tapis, "shyrdak" , le fouet, -patte de daim. Notre guide russe, et son renard |
La « nuit des vaches qui pleurent » : une pauvre bête prête à vêler se cassa la patte, elle fut promptement démontée puis évacuée en kit à dos de chameau de cheval ou de pick-up ; le veau mort-né enterré à proximité.
Ses copines, nombreuses, solidaires et en deuil firent procession en pleine nuit autour des yourtes, alors que nous avions consommé le ragoût du foie.. Par chance la pluie dissipa la manifestation, à trois heures du matin.
La traversée du Kirghistan, steppe et montagnes permet de rencontrer des nomades qui maintiennent ou retrouvent, faute d’emploi, des traditions qui avaient été éradiquées pendant des décennies.
Femmes au marché de Koshkor: filage de la laine.
les bookmakers |
Le bouskachi s’appelle ottabush, c’est le même jeu. Une démonstration pour touristes. ( pas de chèvre décapitée ce jour-là).
On est assez loin de la version des Cavaliers de Kessel, mais l'énergie donne un petit avant goût des steppes.
D'autres cavaliers |
En route, un jeune avec son bélier monta à bord, erreur de destination.
Retour à pied et invitations en yourtes encore du koumis…
Suite du voyage au bord du Lac Karakul, bain tiède et vaseux, et soirée festive avec des musiciens chantant des textes issus de la saga de Manas.
Un poème de 6000 vers que les bardes locaux, les Akynes se transmettent oralement en s'accompagnant du Komuz, l'instrument à corde local.
Les joutes orales étaient une autre
tradition de chants sur des petites
histoires "morales".
Manas |
Près de Talas, un site en cours de construction, glorifie le héros, plus guerrier que poète: leur Timour.
Un dernier campement folklorique:
sa russe dresseuse de chien, son chat
méchant..
Dernière vision, une des barrages hydroélectrique, la ressource énergétique du pays, mais aussi la monnaie d'échange avec les voisins ( ou de représailles). Reliefs soviétiques et effigie de Lenine.
Puis des tracas de police, de l'autre coté, le tourisme "de masse" en Ouzbékistan..
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