BENGALE
Occidental
Escapade : fatiguée du bruit et de l’agitation de Calcutta, j’ai
sauté un jour dans le bus du coin de la rue, direction le nord, pour voir la
région des palais le long du Gange ou du moins son bras, la Hoogly, et trouver,
peut-être, l’ambiance des films de Satyajit Ray.
Murshidabad.
Les petits guides |
Sirajuddoulah 1756 |
Très proche (trop) de la frontière du Bengladesh
le site de Murshidabad fut au dix-huitième siècle, la capitale du Bengale, sous le règne d'une dynastie de nababs, les Murshi, qui furent "ratissés" en 1829 par les Anglais à la bataille de Plassey, pour récupérer leur domination, Calcutta étant alors le centre du pouvoir.
Les palais tombent en ruine,
suintent et noircissent, ne sont visités que par des touristes locaux : les enfants servent de guides, dans une langue insaisissable qui ne permet pas de saisir la subtilité des joyeux génocides en famille. Mais la domination musulmane ne s'opposait pas aux autres religions. Ainsi mosquées temples et palais coexistent.
Katra mosk |
Après le bus (trois heures, cent kilomètres), un rickshaw auquel
je tente de m’accrocher, deux mains agrippée à la barre de la capote, une
demi-fesse sur les genoux du voisin et la jambe gauche au-dehors, sans perdre
le châle qui compense une fraîcheur certaine. Tant que les véhicules d’en face
ne rasent pas, on arrivera tous les neuf. C’était un quatre places.
Quelque part "en ville" |
On double les charrettes à cheval, puis on traverse des places un peu "destroy".
L'état de désolation se perçoit à chaque tournant.
Ceux-là fagotés ne seront pas vendus sous le label d’un distingué
professeur (interchangeable homme bien rasé portant fines lunettes) qui en
garantit les bienfaits pour la santé. À deux roupies soit un dollar le sac de
vingt paquets de vingt, combien gagnent-ils ?
Une femme attend encore les clients pour ses tomates et légumes
sous une autre ampoule : moins épaisse que le pilastre sur lequel elle
s’appuie.
Le lendemain, ce lieu demeurera introuvable. Une sorte de rêve
fellinien. Les boutiques à thé fonctionnent dans le noir. Des vieux
croupissent.
Mausolée de la Bégum |
La tournée intégrale
des sites -à pied- pour prendre le temps de flâner, sous une chaleur moite
malgré un ciel couvert entraîne loin de la ville sur des routes de campagne.
L’enquête continue sur le traitement des bouses de vaches; la variété des
méthodes de séchage, et de rangement est surprenante. Nous avions déjà vu les
mains plaquées le long des murs, mais ici c’est la quenouille qui domine, ou
les lingots alternés ou encore des barres verticales comme des contreforts de cabanes précaires.
Les palais décadents rococo se succèdent -jardins peuplés
de sculptures – copies de Michel-Ange. Des noms de rêve : Hazarduary
Palace, tombe de Murshidkuli et de Nimokharam Daury, Nasipur Rajbari… tous
d’une échelle incroyable.
Dans une école religieuse sikh, sont entre posées des marionnettes
géantes. L’usage n’est pas spécifié par le gardien (qui pose avec charme).
Le surlendemain, croisière imprévue: les appels du haut-parleur de
la “station nautique” captent les clients qui vont visiter le tombeau du saint
local sur la rive d’en face, avec des arrêts compris dans un site doublé d’une
sorte de parc d’attractions : des touristes indiens descendent et remontent, la
photo de groupe est incontournable.
Pour quelques roupies, deux heures de « paix » sur le fleuve (dans un bruit et une
fumée d’enfer) sur un plateau de bambou posé en travers d’une barque.
En revanche, faute de pèlerins, la visite
jusqu’aux tombeaux à une dizaine de kilomètres en amont m’est proposée à
30000 roupies, soit un trajet en
avion sur des lignes intérieures : je renonce...
Il aurait fallu louer un vélo
et longer la rive, mais mon hôtelier ne m’avait pas donné ce tuyau.
Tagore surveille |
A Sankiniketan, le centre d'études, un campus très british, est fermé en raison de l'anniversaire. De toutes façons, il est interdit de photographier dans la maison-musée du pédagogue et poète. La secrétaire de la bibliothèque me trouve un lit dans un dortoir désert. La galette de la gargote du coin est délicieuse et l'eau est fournie par le Rotary club!
Autre changement, autre train, autre animation, en repassant par Calcutta pour atteindre le site de Bishnupur, ou Vishnupur, selon les graphies.
Sujet iconographique non conforme (Murshidabad) |
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