Jantar mantar |
DELHI, juillet.
Second séjour en Inde, par un été caniculaire dans un moment de
conflits religieux avec massacres inter-ethniques, les ambassades déconseillant tout voyage, le
touriste se faisait très rare. En autonome avec l’amie Michelle, les petites
arnaques transformées en bons plans et autres vraies aventures ont débuté à
Delhi : le taxi nous emmena dans un hôtel loin du centre, lequel
fournissait des programmes à des prix dérisoires ; ainsi après deux jours
en ville, le trajet Delhi-Agra, 2 nuits à Agra et le train Agra-Bénarès pour
moins de 50 dollars.
Old Delhi:le bazar des bijoutiers |
Old Delhi/New Delhi :
Le fort : longue marche pour trouver l’entrée visiteurs, son usage
est encore militaire. Le dédale de
constructions merveilleuses marbre et grès rouge, anticipe sur les merveilles à
venir, architecture à la recherche du courant d’air.
Un coup d’œil sur la
mosquée, puis du bazar saturé,
embouteillages aggravés par la police avec matraques, boutiques de bijoux dans
les allées intérieures du bazar.
Au retour du périple, quatre semaines plus tard, les autres aspects aussi contrastés de la
ville :
sur Connaught Place,
les familles dorment et vivent sur le trottoir devant les banques.
Visite du musée national, désert, dans des avenues
« washingtonniennes », des observatoires de Jantar Mantar, construits
par Jai Singh II, maharadjah de Jaipur,
puis des Jardins de Lodi et des
tombeaux d’Humayun et Nizamuddin.
Sur la route, une procession s’échelonne ,
destination inconnue, ce seront les dernières fleurs.
AGRA
Le Taj Mahal vu du fort |
Agra, le fort |
Au bord d’une route
improbable, une authentique baba anglaise en sari et protégée par un
énorme parapluie noir attendait le même autobus non climatisé, mais sonorisé,
qui nous déposa à Agra au coin d’une rue où un « taxi »
chauffeur et guide compris dans le forfait nous récupéra
pour la visite du Fort ( comparable à celui de Delhi en plus chaud si
c’est possible).
Le Taj se découpe dans la brume de chaleur.
Puis arrêt-boutiques de pashminas et soieries. Les magasins sont tenus par des
cachemiris qui s’exilent dans les
paradis touristiques en fuyant les conflits mais financent cependant leurs
groupes.
Petit matin, soleil levant au Taj Mahal: quelques sikhs assurent
la figuration, lumière irréelle, silence (sauf cris pour interdire le filmage)
la jeune mariée rate la margelle et s’écroule dans un bassin.
Les constructions latérales en grès rouge me fascinent plus
encore.
Notre chauffeur qui s’est proposé pour nous emmener à
Fatehpur Sikri, en rickshaw (aération garantie) s’arrête chez lui pour
manger : découverte d’un quartier zonard, sous les pistes de l’aéroport.
Devant la maison, un cloaque où se vautrent chiens, vaches et cochons. C’est une courée de plusieurs
pièces de 10m2 par famille, un point d’eau. Le chauffeur est musulman, mais
d’autres sont hindous : une preuve de la cohabitation pacifique des religions.
Les femmes n'ont sans doute jamais vu de femmes blanches..
une dînette
fort pimentée agrémentée d’une séance musicale dans le "studio" d’un
avocat : bassine et deux pièces de monnaie remplacent les tablas, un
harmonium poussif, et des monodies répétitives deviennent un jeu assez érotique
d’un voisin.
Le voisin, le chauffeur |
L'avocat et le voisin |
Après la pause, on visite l’école primaire, une institutrice en
sari, perchée sur un siège d’arbitre de tennis domine un groupe d’environ
soixante gamins et gamines dépenaillées, assis par terre, qui ânonnent dans une
pièce presque noire.
Puis, on va saluer un vieux grabataire sur une couche et
des épaisseurs de « moutons » jamais balayés. Envie de respirer.
Fatehpur Sikri : La mosquée
Jama Masjid de la capitale de l’empereur Akbar (1580) est une copie de la Mecque : des pèlerins mais
aussi une cour des miracles dans l’entour de la cour.
La traversée nus- pied
(il fait 50°) sur des linges mouillés pour atteindre le tombeau d’Islam Khan
vaut les ordalies.
Les fidèles nouent des fils à la claustra de marbre. Un
guide francophone nous sauve des agressions et assure une visite des bâtiments
de palais, du caravansérail et le minaret du cerf.
Superbe architecture mais déficit de commentaires
éclairés : on étudiera plus tard.
Le poissonnier |
Au retour, notre chauffeur propose, si l'on paie le poisson, le gin et la bière (en bon musulman) d'organiser le déjeuner.
Tout les mômes du quartier sont sortis sur les toits pour assister au concert, animé par la jeune femme flic, plus performante que les autres à l'harmonium. Paroles et musiques n'avaient pas vraiment changé.
Le lendemain fut consacré à la visite de l'Itimad-ud-daulah puis du Mausolée d'Akbar. Une préfiguration du Taj Mahal.
Les artisans découpent les marbres et les pierres et les remontent pour restaurer les voûtes.
Mausolée d'Akbar |
Puis on
attend le train de nuit dans la gare, au salon pour dames, couchées au sol,
sans voir les rats qui passent, et suit la lutte pour les couchettes. Cinq
jours pleins pour le sociologue plus que pour le touriste. À suivre….
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