Deuxième semaine du périple indien, le train nous dépose au matin
dans la gare de Bénarès, toujours peuplé de corps enveloppés dans des draps, la
torpeur est générale, la mousson n’est pas arrivée, il fait entre 40 et 50°.
Le Gange est transformé le matin en lieu de baignade estivale,
plutôt que rituelle, mais c’est le désert dans la journée, puis le soir les
activités religieuses reprennent.
On a mauvaise conscience de faire ramer à contre-courant
le batelier pour remonter les ghats,
et aller au fort de Ram Nagar ; mais marcher est une épreuve, nous
méditons sans même penser dans une ombre brûlante en buvant des litres d’eau, faute de plonger...
Les vaches ne bougent pas
d’un mètre à l’heure. Seuls des gamins s’entraînent au cricket.
Les
rares touristes indiens se rendent aux temples : on reprend les visites du
voyage précédent.
Le temple de Tulsi Manas, qui abrita le poète Tulsi Das pendant la
rédaction hindi du Ramayana
est une sorte de gigantesque théâtre de
marionnettes de taille humaine.
En soirée les ghats s’animent, les gamins vendent les
fleurs qui seront déposées sur le fleuve,
les bateaux arrivent chargés de
pèlerins-touristes pour assister aux cérémonies.
Les jeunes moines reprennent
leur rituel, avec les différents instruments liturgiques : cloches plumeaux,
chandeliers, un spectacle toujours aussi fascinant.
Dans les ashrams de
musique, les artistes sont plus nombreux que le public :encore trois ou
quatre français qui ont enfreint l’interdiction de voyager.
Notre programme touristico-architectural dans l’inde du centre imposait la
visite de Khajuraho. Mésaventure imprévue, nous étions les deux seules
touristes repérables sur le quai en attendant le train de nuit, et en dépit des
précautions, Michelle se fit piquer son sac, tout sauf le passeport. La déclaration
de vol en gare de Satna entraîna des palabres bilingues ou trilingues
interminables. Résignation et modification du trajet pour trouver une agence
Air India afin d’obtenir un double du billet d’avion.
KHAJURAHO
Après deux bus bringuebalants, nous avons découvert sur le
site de Khajuraho un hôtel charmant et vide (pas un étranger en deux jours, le
rêve) avec vue sur les temples. Pas de guide non plus, ni vivant ni imprimé…
Lakshmana |
Le porche ou ardhamandapa. |
Seuls quelques indiens pèlerinaient. Les constructions édifiées sur les terrasses (une quinzaine
de temples dédiés à Vishnu) datent de la dynastie Chandela, au Xè et XI è siècle.
La composition du plan
en trois ou cinq parties en progression axiale et en élévation :
la flèche, le sikhara
en forme de pain de sucre qui atteint trente mètres de hauteur.
Devi Jagadamba : Kali peinte en noir |
Le porche précède le déambulatoire qui
conduit au sanctuaire intérieur de la divinité.
Aucune surface qui ne soit
ornée de scènes figuratives ou de sculptures en ronde-bosse, à l’intérieur et
surtout à l’extérieur, des centaines sur certains temples comme le Kandariya
Mahadev.
Les apsaras,
jeunes femmes filles célestes, décorent l’intérieur ;
Dans le temple de
Mahadeva, un lion caressé par une créature mythique mi femme, mi bête.
Les scènes érotiques, qui font la renommée du site, laissent pantois les rares visiteurs locaux. Certains ne lèvent pas les yeux, concentrés sur le rituel du toucher des effigies sacrées. Polissage garanti, comme au musée.
Hors du groupe principal, vers le village, d'autres temples sont déserts.
Une vache vient de mettre bas dans une ruine. Les enfants traînent.
Au bout du chemin, on atteint les
temples jaina ; mais la différence n’est pas flagrante dans la structure
et le décor.
Là encore, l’étude se fera au retour, mais la profusion d’images
fait perdre les repères autant que la complexité de succession des royaumes.
Temple en cinq parties |
Cavalier Khond |
Le lecteur
excusera la médiocrité des images, entre ambiance brouillard et arrêts sur
bande vidéo.
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