lundi 1 juillet 2013

GÉORGIE . 3. Les monastères

 Monastère de Djivari



 La christianisation du petit royaume de Géorgie fut aussi la capacité de son unification lointaine, la raison de ses déchirements pendant des siècles et la possibilité de cohésion de son autonomie récente.
Tbilissi: reliquaire de Nino
Retrouver les architectures religieuses de Géorgie était le principal intérêt du circuit culturel :  en suivant l’axe est ouest, mais en omettant (hélas) nombre de sites, on a pu visiter certains d’entre eux dans les provinces de Kartlie  et de l’Imérétie.

 L’histoire remonte à la légende de Sainte Nino qui pérégrina depuis la Cappadoce et obtint la conversion du roi Mirian III vers 327. La légende veut aussi qu’elle ramena au sol l’arbre sacré poussant de la tombe de  Sidonie, attachée au Saint Suaire,  qu’elle aurait rapporté de Jérusalem. Les grands centres religieux furent fondés ensuite pendant les deux siècles d’or de la Georgie médiévale.

Mtskheta

 Le culte voué à Nino se retrouve dans nombre d’églises, une relique est conservée à Tbilissi dans la cathédrale Sioni.
Le monastère de Djvari, « l’église de la Croix », sur la colline qui domine Mtskheta édifié au VIè siècle sur l’emplacement de la croix de vigne de Nino constitue un premier modèle d’architecture tétraconque inscrite surmontée d’une coupole. 


Djivari: relief du portail: l'assomption de la Croix


Les reliefs du chevet  représentent le roi Stepanoz et ses descendants.


Eglise de la Croix

 La tradition des couronnes (la sainte tressait des rameaux à ses cheveux) se perpétue dans la  foi populaire, et  peut-être aussi dans l’art de la coiffure des mariées qui se font bénir dans les églises.


Devant Sainte Nino
Dans la cathédrale
















La  cathédrale Svetitskhoveli,


Mtskheta: la cathédrale Svetitskoveli



Mirian et Nino , icône.




 « La colonne donnant la vie » (traduction), au coeur de la place forte de Mtskheta, construite au XIè par Bagrat III sur des fondations antérieures fait référence à la légende.

L'église complétée du dôme a été entourée d'une enceinte au XVIIè en raison de son emplacement stratégique.


Anges et têtes de taureaux

















De plan rectangulaire à trois nefs, l’édifice est surmonté d’un dôme sur un haut tambour percé de douze fenêtres. La très grande élévation de l'édifice renforce la luminosité.




Des reliefs anciens (taureaux et anges) ont été inclus au dessus du portail sud.

Décor de l'abside : Christ Pantocreator







Le sépulcre, nef sud
 Une représentation du sépulcre est inscrite dans la nef de droite. Les murs, comme l’édicule que le catholicos Nikoloz VIII fit édifier sur l’emplacement de la tombe de Sidonie et du Suaire, sont ornés de peintures du XVIIè siècle.



L'arbre de Sidonie





Parmi les nombreuses icônes populaires, la dévotion à Sidonie et à Nino.















La vision des Psaumes avec les créatures de l’apocalypse sont assez bien conservées.



L'apocalypse


Mshkhteka




















Le Christ Pantocrator  occupe l’abside et les effigies du roi George et de la reine Tamara ne manquent pas pour le culte des fidèles qui usent à l’envi les images à leur hauteur.

Les dévotes y sont nombreuses, les touristes aussi.





Yanashi, Svanétie










La diffusion du christianisme engendra de nombreux monastères souvent éloignés des  centres urbains.

 Ainsi dans les hautes vallées du Caucase de petits sanctuaires (voir chapitre Caucase) remontent au Xè siècle, comme dans le centre du pays. 


Ubisi  (ou Oubissa) :



Ubisi: porche d'entrée
Situé dans les collines entre Katchouri et Koutaissi, l’édifice de dimension modeste, construit en pierre au IXè , un narthex et une sacristie s'inscrivent dans le plan; le chevet plat non décoré.


  Le monastère est précédé d’une entrée en moellons qui en cache la richesse.




Ubisi: dans l'abside, La Cène









Ubisi, mur sud: Les rois et les saints





Le cycle des peintures fut réalisé au XIVè siècle par un certain Damiane : un style proche de l’art byzantin se manifeste dans les perspectives architecturales.
 La table de la Cène aligne des vases et des gobelets selon des vues "expérimentales".



Miracles de Saint George














Le monastère est consacré à Saint George, tous les épisodes de son martyre y sont illustrés, la voûte et l’abside (déisis et mandylion) figurant tous les aspects du Christ de la théologie : un programme très érudit.




Ubisi: décor de voute : Christ en gloire entre Annonciation et Nativité, XIVè;




Motsameta :

Ce petit monastère perché au-dessus du  précipice de la rivière rouge,  la Kskhaltsitélia, où furent jetés deux martyrs, fondé au VIIè, fut reconstruit au XVIIè et a été entièrement restauré et repeint :


ce dimanche-là, parmi la foule, quatre chanteurs accompagnaient le célébrant a capella. Moment de bonheur.  




Guelati  (ou Ghelati)

Monastère de Ghélati:  Eglise de la Vierge et église Saint George
L’ensemble des bâtiments édifiés sur une colline fut fondé par David le Reconstructeur  et continué pendant le siècle d’or de la Georgie. 


Comprenant trois églises et une « académie », ce monastère fut le plus important centre du savoir. Siège du Patriarcat au XVIè, sa réouverture et la restauration datent de l’indépendance.


Décor du porche de "l'académie"





 Les souverains David, Dimitri, George III et la reine Tamar y sont enterrés. L’unité des architectures et la richesse décorative sont incomparables.



Vierge en Majesté, Gabriel et Michel,  Mosaïque fin XIIè






L’église principale « de la Nativité de la Vierge », du XIè siècle est ornée dans l’abside d’une mosaïque à fond d’or : La Vierge en Majesté est entourée des archanges. 

 les Moniales surveillent





Familles royales





Les scènes de la vie de la Vierge et de la Passion dans les registres supérieurs dominent les portraits des souverains.



Ghélati : Saint  Nicolas et le clocher vus de la porte nord








L’église Saint Nicolas, à deux étages (une forme plus courante en Arménie) jouxte le clocher.
Le bâtiment de l’Académie a été entièrement remonté, et à l’entrée de l’enclos,


Ghélati, Eglise Saint George, Fresques XVIIè 
la petite église Saint George, décorée au XVIè siècle vient d’être restaurée.  Tout semble comme l’avant que nous n’avons pas connu. Superbe.


BAGRATI :

Bagrati, état juin 2013.
Ultime avatar de restauration d’une église, la reconstruction de la cathédrale de Bagrati (de la Dormition de la Vierge) qui domine  la ville  de Koutaissi :

L’édifice d’origine datant de Bagrat III, au XIè , et qui vit le couronnement de David le Reconstructeur (!) explosa  lors de l’invasion turque en 1692. 

Avant reconstruction. 
À l’état de ruine, et inscrite au patrimoine de l’Unesco, son remontage presque ex-nihilo, grâce à Saakachvili, fait maintenant problème avec l’adjonction d’une partie de transept en matériaux contemporains. 

Presque aussi monumental et "kitch" que la nouvelle cathédrale de Tbilissi, mais sans les annexes (voir Georgie1), la fréquentation semble importante, 



quoique le service religieux du samedi eût l'air fort décontracté, les diacres transpiraient et promenaient leur progéniture, des mariés défilaient sortant de limousines , un brouhaha surprenant. Nouvelle consommation d'une religion d'état ??

Le pope retire sa tiare!


Le lecteur pardonnera la mauvaise qualité des images ; une théologie programmée de la lumière inonde les murs ; les photophores protègent les icônes de toute image sans reflet, le soleil dévore les espaces et aveugle l’objectif (pas terrible non plus).
Il faut aller voir sur place (jumelles et Bible à la main, faute de publications). Et la région nord-est de la Géorgie manque cruellement à ce programme…





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire