jeudi 12 septembre 2013

La CHINE à VENISE :


 

Une escapade dans le cadre de la Biennale pour « rafraîchir les disquettes art contemporain », et goûter les pâtes en regardant passer les vaporetti et les gondoles. C’était aussi « La régate historique », et la Mostra : les foules.

Dans une programmation de plus en plus vaste avec participation de pays nouveaux, le nombre de pavillons occupés par la Chine (HongKong et Taiwan compris) atteint la dizaine ; un record historique, et des lieux inédits. Des artistes en somme plus nombreux que les cohortes des compatriotes à la remorque du petit drapeau d’un guide…

Célébration de vingt années de participation et surtout ouverture ou nouvelle invasion du marché de l’art. Je n’ai pas eu le temps de tout voir, mais quelques productions devenaient pertinentes dans le contexte politique, et parce que je préparais un voyage dans cette partie du monde.
La présence chinoise à Venise évoque encore Marco Polo et les voyages de Matteo Ricci, un jésuite qui fonda en 1582 la première mission dans le Guangdong avant de se fixer à Pékin. Entre la route commerciale  et prosélytisme religieux, la Serenissime était le centre européen des échanges avec les dynasties impériales. Retournement de situation, l’impérialisme chinois actuel passe aussi par l’art.



Un symptôme, le pavillon du Kenya exposait surtout des artistes chinois !
Un triporteur et la vidéo de son trajet, embouteillage de sampans…



Huile sur toile. 



Lin Xue: dessin bambou et encre




Le thème général de la Biennale «  le Palais Encyclopédique » favorisait le retour sur l’histoire: à l’arsenal les tombes rurales de Kan Xuan, le paysage traditionnel : dessins au bambou sur rouleau d’une minutie fantastique : Lin Xue ,



 les encres sur papier de Guo Fengyi , d’inspiration mystique et mythologique.



Le vent sur la rizière, peinture.
Ailleurs : « Rhapsodie in Green » : paysages  de rizières verdoyantes, les traditions du peintre  Huang Tu Shui revu par un contemporain,



  mais aussi éventuellement interprété en paille d’acier peint (Kao Tsan-Sing) Écologie ?






Dans le pavillon "officiel" de l'Arsenal:


Une culture sous perfusion?







Visions traditionnelles et intégration de nouvelles technologies, le savoir faire en peinture, d’un réalisme terrifiant, coexistent avec  la vidéo,
Détail











les plongées en abyme du numérique sur le motif de mandalas, et autres photos gigantesques, non dépourvues d'humour.

Temple et grande muraille


 et des installations (Pavillon de la République Populaire), sur le thème «Transfiguration ». 

Le Grand Canal


Si le Grand Canal à Venise, bordé de palais (nombre d’entre eux accueillent les expositions, ce qui permet aussi de savourer les peintures d’époque) a demandé deux siècles de travaux pour relier les îles principales (et faire les délices des touristes), l’ouvrage gigantesque  à usage commercial fut réalisé en dix siècles pour joindre Pékin et Hangzhou, et ainsi connecter le Fleuve Jaune et le Yangzi, soit 1800 kilomètres.




Le thème du canal fait ainsi un pont entre deux mondes et l’objet d’une exposition d’artistes chinois dans le Musée Diocésain, un symbole patrimonial.
 Occasion d’admirer quelques Tintoret, avant des vidéos : regard sociologique des populations rencontrées lors du parcours ; installations associant rouleau de peinture traditionnelle et objets votifs ;




 une longue tresse de photos et débris recueillis sur le trajet… Un couplage donc de pratiques traditionnelles et d’actions performances ancrées dans la réalité économique et politique.

Dissidences :

L’artiste internationalement connu Ai Wei Wei, qui fut condamné dans son pays pour des actions considérées subversives, occupe plusieurs lieux :


A WeiWei : Installation

Une installation dans  le pavillon allemand : équilibre de tabourets rituels, qui font surtout penser au travail de  Kawamata ou, que naguère, le défunt Cheng Zhen mit en scène des mobiliers (autrement  plus sensibles et impressionnants).



Ai Wei Wei, Vue générale





Ai Wei Wei : s.a.c.r.e.d, détail
Dans l’église San Antonin, des caissons peuplés de dioramas exhibent les années d’incarcération et d'humiliations :  trash et exhibitionniste, mais  justifié par un titre S.A.C.R.E.D ! 













(Pas vu les autres sites dont un reportage photographique sur les effets d’un tremblement de terre).









La question du Tibet :
au Palazzo Bollani (hors catalogue des lieux) deux artistes stupéfiants (mais bankables, car présents à la foire de Bâle).

Wang Qin Song : Temple, photographie, 180x300cm
Les photographies de Wang Qing Song après mise en scène d’acteurs, une salle d’opération, une déconstruction de la statue de la liberté et surtout « Temple », vision de culs nus et sales devant un Bouddha rigolard. 

À l’étage, on se croit une fraction de seconde dans San Rocco:

 Hong Sheng Tong : Together,  4,70 m x 10,40m; 2011-2013


D’immenses scènes historiques peintes (j’insiste sur la facture seizièmiste) d’après montages photographiques  de Tong Hong Shen: La rencontre :  «Together » entre prélats  romains et Lamas, des portraits de divers Rimpoche, d’une dimension équivalente  aux Véronèse  et Tintoret.








 Les chiens du premier plan dans le rôle de l’admoniteur. Hyperréalisme saisissant (et combien d’assistants ?).
Together, partie droite







Reste la question (non résolue dans la lecture du site de l’artiste), du sens de cette représentation dans un style « officiel » -idéaliste ou critique- d’une union œcuménique des religions du monde, quand la situation  du bouddhisme au Tibet est tragique.



Question subsidiaire : quel coffre peut contenir une peinture de 10 mètres de long ???


Célébration, 2012

Une réponse peut-être au prochain chapitre, au retour de Lhassa…

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