Aphrodisias en Carie : porte d'Hadrien. |
« En
Lycie, sur les traces d ‘ Alexandre le Grand » ,
telle était l’annonce du programme de
voyage, au départ d’Antalya sur la côte méditerranéenne. Il faut y rajouter la
Carie, un peu d’Ionie, des Seljoukides, des Ottomans, beaucoup de virages et
des poivrons farcis ; cette fois encore, un manuel d’histoire était aussi
nécessaire qu’un guide.
Première
étape ; MYRA, ou Demre dans l’antiquité.
Eglise Saint-Nicolas : l'abside remontée au XIXè |
Fresque VIè : Dormition de la Vierge |
Dans
la ville de Myra, les visiteurs
orthodoxes russes se pressent dans l’église de Saint Nicolas, un évêque
du 3è siècle, auteur de quelques miracles, et, plus récemment re-transformé en
« Père Noël ».
On découvre donc cette
stratification de cultures propre aux occupations successives des côtes de la Turquie
actuelle.
À
l’origine, Demre, l’une des
cités de Lycie, une confédération active au VIIè siècle avant JC, conquise
ensuite par les grecs, fut occupée par les romains.
Dans l’état actuel des
fouilles, seul le théâtre romain du second siècle, bien conservé, est adossé à
la falaise que domine une forteresse.
Décors du théâtre |
Les
fragments des reliefs de la frons
scenae ornés de guirlandes et de
masques parsèment le site.
De
la civilisation lycienne, ne restent que les tombeaux rupestres, creusés à
différents niveaux dans la falaise.
Tombeaux Lyciens, VIè IVè s avant JC |
Des façades en forme de temple ou de maison, dont les frontons peuvent
être décorés de reliefs. Portes et
fenêtres découpent les façades,
une simple chambre funéraire s’enfonce dans le rocher, qui fut close par un
bloc de pierre.
Tombe "maison" |
Mais l’ascension
est rigoureusement interdite. Première déception.
Cette
tradition dura trois siècles, l’évolution des décors en témoigne.
Tombeaux Lyciens à Dalian, l'ancienne Caunos |
Les
tombeaux qui surplombent la lagune de Dalian au bas de l’ancienne cité de
Caunos, plus élaborés, ne sont pas plus accessibles. On les observe en
naviguant vers la plage d’Iztutu, lieu de reproduction de tortues ;
sur la lagune |
ce
n’était pas la saison, mais les crabes qui servent d’appât sont un régal.
Le port englouti |
Quelques
kilomètres plus loin, sur le littoral de la baie d’Andriaké, lors d’une
navigation vers l’ile de Kékova, on repère quelques fondations des villes
englouties. On observe les amphores par le fonds de verre du bateau.
Sarcophages lyciens |
Les cataclysmes géologiques naturels se sont ajoutés aux
destructions humaines.
Ce fut une cité antique... |
D’autres tombeaux lyciens, en forme de
sarcophage, sont disséminés dans les collines, ou au ras de l’eau.
Le village actuel de Kékova. |
La visite
des ruines de la forteresse de Simena, et son petit théâtre n’était hélas pas
au programme, pas plus que les restes des autres cités Lyciennes de Xanthos, de
l’antique Fethiye, et de leurs tombeaux.
Une Lycie décidément trop rapide et peu documentée.
Ephèse.
Principal
site d’Ionie, sur la mer Egée, qui fut un port important avant que
l’envasement ne contraigne les
habitants à déplacer la cité vers les collines.
Le
programme commence par la découverte
de la Basilique Saint-Jean, fortifiée et accolée à la citadelle
byzantine et ottomane.
Basilique Saint Jean: remontage partiel. |
Construite
sous le règne de l’empereur Justinien au VIè siècle sur le site d’une église
antérieure et du supposé tombeau de l’apôtre Jean, la très vaste basilique où
l’on trouve quelques mosaïques et chapiteaux, domine la plaine, les restes de
l’Artemision, et la mosquée
seljoukide de Isa Bey, édifiée en 1375.
La mosquée d'Isa Bey vue de la Basilique St Jean |
La rue des Couretes |
La
promenade dans les rues de l’ancienne Ephèse, fondée par les grecs, dont
l’importance commerciale se consolida au temps d’Alexandre le Grand , puis de
la domination romaine, dévale entre les monuments votifs et les bâtiments de différentes périodes.
( on trouvera
en archives, mars 2011, les images
d’une précédente visite d’Ephèse
et du musée fermé actuellement).
Le
temple d’Hadrien est en réfection, les fouilles des maisons continuent, la
Bibliothèque de Celsius est toujours aussi splendide, le théâtre domine
l’ancienne voie vers le port.
Une abside qui ne donne que peu l'échelle |
Plan du sanctuaire, Vè siècle |
Le
parcours se termine dans l’Eglise de Marie, une gigantesque construction du Vè
siècle après J.C, période de l’Épiscopat d’Ephèse, connu aussi pour le Concile
de 431 qui consacra la maternité divine de la Vierge Marie.
Pamukale: sous le soleil. |
Tapis de soie: copie de miniatures persanes |
En Carie, pas de visite de Hierapolis,
ni de Laodicée, vus lors d’un autre voyage. Pamukale est obligatoire, ainsi que
la fabrique de tapis.
En revanche, le site d’
Aphrodisias, qui était l’objet de mon voyage est vraiment grandiose. Les fouilles datant des années soixante, n’étaient pas publiées, du temps de mes études, et le travail des archéologues continue.
Le
site ne fut pas recouvert par d’autres civilisations, l’espace de la ville antique
se déploie au coeur d’un paysage montagneux.
Aphrodite tardive (IVè s) |
La cité, fondée sur l’emplacement d’un
sanctuaire sacré dédié à une déesse de la fécondité, se développa à partir du
premier siècle, par l’intérêt porté par les romains au culte d’Aphrodite, dont
le grand temple s’élève au centre
du site. Culte qui continue pendant plusieurs siècles; en témoignent les statues d'époques diverses.
La cité fut aussi le
siège d’une école de philosophie. À l’échelle d’une ville de vingt mille
habitants, les constructions du second siècle à l’époque de Trajan puis Hadrien
atteignent des dimensions impressionnantes.
l' agora et le portique de Tibère |
Le théâtre construit en 27 fut
transformé au second siècle pour des combats de gladiateurs. On traverse le
portique de Tibère (vers 20 après J.C) qui borde l’agora pour atteindre les
thermes d’Hadrien.
Bouleuterion: restitution. |
Sur le côté de l’agora, un bouleuterion ou Odéon, bâtiment qui était couvert.
Tetrapylon d'Hadrien (vers 125) |
À
l’opposé du temple d’Aphrodite sur une aire dégagée, la porte monumentale
d’Hadrien, le Tetrapylon a été
remontée ;
la structure des arcs et le décor rappellent le temple
d’Ephèse. En comparant le site
avec les photos de 1990 on mesure l’importance du travail accompli.
Vue partielle du Stade |
Un stade gigantesque ; 260m de long
pour recevoir 30000 spectateurs, des athlètes, puis quelques gladiateurs et
autres bêtes de cirque.
Temple d'Aphrodite |
Comme dans toutes les cités,
l’implantation du christianisme laisse des ruines de bâtiments qui
transformèrent souvent les constructions antérieures, dont le temple
d’Aphrodite converti en basilique.
Le Sébasteion |
Hercule délivrant Promethée |
Le musée recèle une fantastique
collection des reliefs qui ornaient les niches d’un bâtiment constitué de deux
galeries à étages, dédié aux dieux et empereurs : Le Sebasteion. Un
des côtés de l’édifice a été remonté et garni de copies des sculptures.
Les demi-dieux de la mythologie sont
figurés à l’instar des empereurs, souvent représentés en « nudité héroïque »,
avec l’allégorie féminine de la région barbare qu’ils venaient de conquérir.
Auguste empereur des terres et mers |
L'empereur Claude terrassant Britania |
L’école
de sculpture qui fit la renommée de la ville, proche de carrières de marbre,
s’inspire largement de la tradition hellénistique, étude de nus et de drapés
fort habiles. Pour les spécialistes, ce manteau (la chlamyde) gonflé par un vent d'éternité trouve sa source dans les représentations d'Alexandre, à Pella, sa capitale, en particulier dans des scènes de chasse; une preuve donc de l'emprunt iconographique à quatre siècles de distance.
Revenir dans dix ans, les monuments seront remontés pour le
plaisir du touriste. L'anastylose se porte bien.
Fragments de frise, ou le mur des masques. |
Beaux
paysages de montagne sur la route des Monts Taurus, pour rejoindre Antalya.
Ataturk, version monumentale. |
Drapeaux à vendre |
Dernier
jour à Antalya, 10 novembre, jour anniversaire de la mort d’Ataturk :
cortèges, hommages, drapeaux, minute de silence ; des militants laïcs,
point de voiles.
Fragment de tête, bronze |
Après
le port, la vieille ville, la foultitude de boutiques et l’opération
bijouterie, une marge de manoeuvre inespérée nous permet de visiter le musée
d’Antalya, qui conserve et éclaire les sculptures trouvées sur le site de Pergé.
Un
complément éblouissant de la
visite du site faite deux ans plus tôt. Des portraits, d’un réalisme romain,
coexistent avec de la statuaire de tradition grecque. La frise de Neptune, provenant du théâtre, est
exposée, ainsi que de nombreux sarcophages.
Sarcophage, musée d'Antalya |
Les couvercles figurant le couple des défunts, de
style romain rigide contrastent avec le décor de la cuve, d’un baroque
hellénistique superbe.
Frise des travaux d'Hercule |
Alexandre le Grand |
Ce fut encore trop rapide, mais à la
dernière minute, on a finalement retrouvé Alexandre le Grand, ou du moins son
effigie.
Musée dAntalya, sarcophage du Second siècle |
Au retour, une plongée
dans les histoires de l’art
s’impose. Ce n’était qu’un survol.
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