mercredi 5 juillet 2017

PEROU BAROQUE. 1.Lima.


Sainte Rose de Lima.
Un dernier tour pour évaluer la permanence de la catholicité, dans les villes et les sites. 
1532 ,  les conquistadors débarquent par le nord sous la conduite de Pizarro, réduisent l’empire inca et pillent les ressources minières au profit de la couronne d’Espagne, sous la gestion du Vice Roi du Pérou.

Lima: place d'armes.




Après Lima, choisie comme capitale stratégique, puis Arequipa, en 1535, ils atteignent Cuzco, centre de l’empire Inca;  les grandes cités sont construites sur un même principe:



Sur la place d’armes, la cathédrale voisine le palais du gouvernement : collusion de l’église et de l’armée d’occupation. 


Cuzco : "La compania".



Après les ordres monastiques Dominicains et Franciscains, arrivent les Jésuites.
La Compagnie de Jesus est fondée en 1537 à Rome, pour former des prêtres de haut niveau destinés à l’enseignement et aux missions d’évangélisation; une armée d’un autre genre au service de la contre-réforme, et aux ordres du pape. 




Au Couvent San Francisco.


Les congrégations s’installent au Pérou, construisent des églises somptueuses, avec le fruit de leur politique :  les « réductions »  :  évangélisation forcée et soins aux groupes d’habitants dont tous les bénéfices sont captés « l’encomienda » au profit du royaume -et de la congrégation. 

Après les décisions de la Controverse de Valladolid en 1551, (les indiens considérés comme des hommes et non des esclaves) le devoir de conversion passe par la persuasion, voire la force. 


Quant à la conversion de l’or et l’argent des mines en oeuvres d’art, il en va du programme théologique.





ARCHITECTURE et DECORS

Lima, La Cathédrale.
Lima: la façade.


Calquées sur les modèles espagnols, et reconstruites « en plus grand »  après quelques tremblements de terre, le style « churrigueresque » de la fin du XVIIè siècle est prédominant :  façade hyper saturée, de colonnes torses, de frontons interrompus, de niches qui abritent les statues de saints.



Trompe l'oeil: 



Des tours monumentales très écartées du porche, la nef consiste en un espace rectangulaire ponctué de chapelles latérales, pas de croisée du transept;  de belles stalles  autour du choeur;


Une petite coupole au dessus de l’autel est actuellement en restauration. 



Retable de Saint Joseph, avec deux anges.


Les retables  se structurent de la même façon, en registres et travées, l’or et l’argent tapissent les niches des chapelles latérales, protégées par des grilles. (ce sera identique à Cuzco) 


Relique médicale.




















Fresque XIXè : Pizarro débarque.







Pizarro, général aventurier occupe une chapelle de la cathédrale de Lima (pour lequel on a déménagé le baptistère), Symptôme de l’intégration du tyran devenu presque saint fondateur, (mais assassiné, en 1541).


Le tombeau, la fresque de son arrivée (19è s), et de manière très contemporaine, les analyses de son squelette.


Retable de St Jean-Baptiste.

Détail






La chapelle voisine de Pizarro est consacrée à Saint Jean-Baptiste , le précurseur.









Le retable réalisé à Séville a été importé. Sombre et de facture assez «classique », abrite des reliefs, et dans une châsse, la statuaire très réaliste de la tête sur plateau, et du corps décapité.  



Les autres chapelles adoptent avec quelques variantes le même principe : une bonne moitié sont dédiées à des avatars de la Vierge Marie, ND de la Chandeleur, de la Visitation, de l’immaculée ou de l’évangélisation; les autres pour quelques saints locaux , Crépin, patron des cordonniers, Joseph, pour la légitimation des couples ou Rose de Lima, la star locale.


Lima: Retable de Notre Dame de L'Évangélisation.



ICONOGRAPHIE fonctions

La diffusion du dogme catholique passe par l’image, plus que l’éloquence : les conclusions du Concile de Trente (1545/63)  visent à imposer une foi par et dans les images de piété, les plus réalistes possibles, par opposition au protestantisme. En Italie comme en Espagne. 

Pour les continents conquis, une même logique contre le paganisme, l’importation des modèles espagnols  de Madrid, Séville et de Salamanque : le style baroque fonctionne par l’excès de figures et la monumentalité qui impose une loi religieuse identique à celle du pouvoir.  Saint Augustin, père de l’église est convoqué.

Lima: Eglise Saint Augustin.
Au couvent Santo Domingo, les cloitres offrent quelques plaisirs décoratifs d’azuleros d’importation , et nombre de peintures plus édifiantes. 

Santo Domingo : la promenade
Vertus angéliques?





















Culte Marial
Naissance de la Vierge, détail du retable.
Les retables et les dédicaces de nombreuses églises  à la mère du Christ, participe de l’imposition de cultes propres à s’adapter à la population féminine; la Vierge Marie  peut coexister avec  la figure de la déesse mère des indiens.
 La Vierge de l’évangélisation : ainsi renommée par le pape Jean Paul II, encore plus richement décorée présente quelques têtes insolites dans les colonnes:  

L’intégration des images de  la sainte famille, dans une forme royale ou  bourgeoise :  le rôle de Joseph contredit assez le dogme de l’Immaculée Conception, mais il faut gérer la morale et le machisme  latin dominant.

 La théâtralité  des figures :









Autre signe du baroque, 
Une prédominance de statues, les figures en 3D, plus aptes à provoquer les sentiments, qui sont mises en valeur par la lumière: 
De préférence en vraie grandeur.


Vrais cheveux. 






Le pathos : le sang et  les larmes
la "terribilita"







et aussi les vêtements fastueux.











Outre le Christ de douleurs, la Vierge  très Diva opératique et la "nouvelle Sainte Famille" franchement royale, 
Des figures de saints et saintes contemporaines de la conquête augmentent l'hagiographie assez kitch. 
l'Inconnue.











Rose de Lima. 

Rose de Lima. Marbre. Auteur inconnu.


Patronne de Lima, et de l'Amérique Latine, l’image cette sainte morte dans sa jeunesse et en odeur de sainteté (1586-1617) , hante un sanctuaire  et quelques célébrations annuelles.








Bernin. 



La notoriété lui vaut une sculpture baroquissime, très inspirée par Le Bernin sur le modèle de la romaine «La bienheureuse Ludovica  Albertoni». 1674. un excellent copiste.






Las Nazarenas.









Ce jour là, des officiants embarquaient un coffre; dans l'après-midi, au hasard de ma recherche des églises, le cortège du même coffre (les reliques de la Sainte) était transféré en grande pompe et fanfare de cuivres et filmé dans l'église de Las Nazarenas. Une promenade ?

 Cependant nombre de fidèles priaient à l'extérieur : tout granite et béton....
seule l'image compte, son esthétique n'y est pour rien.

1 commentaire:

  1. Page fort sympathique, la lecture facile. Ce site est vraiment pas mal, ainsi que les Articles présents plutôt bons en gros, bonne continuation !
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