mardi 7 mai 2019

CHYPRE du NORD 3/3. Un état des lieux.

Drapeau de la République turque de Chypre Nord: RTCN ou KKTC.
La situation internationale  dans les conflits au moyen-orient et le  positionnement atlantique stratégique ont transformé l’ile en véritable "porte-avion  immobile". Ce qui ne simplifie pas les problèmes de l’ile.
Une "ligne" verte très noire.
Une ile, qui a absorbé tous les « envahisseurs »  et pouvoirs successifs  depuis la plus haute antiquité, dont la situation stratégique dans l’est de la Méditerranée a permis une richesse et un développement économique exceptionnel, avait conservé une forme d’unité par un accommodement avec chacun des puissants jusqu'au XXè.s.
Bâtiments anglais spécifiques: bow-window et peinture verte sur construction ancienne. 
DE la COLONIE ANGLAISE à la PARTITION.

Ataturk.
En 1878 une convention anglo-ottomane  destinée à garantir la souveraineté des ottomans contre les incursions russes avait placé Chypre sous tutelle britannique. Les alliances au moment de la guerre s’inversent et en 1925  la nouvelle république turque, lors de l’avènement d’Ataturk, déclare l’ile colonie anglaise.  Une amélioration pour les routes et l'habitat, mais un rejet des deux groupes qui s'estiment  occupés. 
Après de nombreuses luttes, des morts, dans les deux partis en présence, l’indépendance est proclamée  en 1960 avec l’archevêque Markarios comme président d’une République de Chypre. Le vice premier ministre est alors un turc: situation précaire en dépit des efforts des deux dirigeants.
Le docteur Fazil Küzük , grand conciliateur pour une union, a son musée à Nicosie nord.
La tribune, devant l'ancien tribunal britannique,  où fut proclamée l'indépendance.
La tentation de l’ENOSIS, l’unification avec la Grèce, revendiquée par OEKA, un groupe armé, se trouve contré par le groupe  turc d’opposition, le « TMT ». Le conflit s’envenime.

Dans le centre de Famagouste.


Malgré les pressions des trois états garants (Grèce, Turquie, Grande Bretagne)  une tentative de coup d’état de la junte au pouvoir en Grèce entraîne l’invasion par le nord de l’armée turque, aboutissant à une guerre civile en 74.  Makarios est sauvé. On ne dénombre pas les morts et les disparus.  les villages rasés.
Famagouste intra-muros en particulier est vidée de ses habitants. Isolée par des barbelés. 
 Ex Grand hôtel encore béant.









La zone touristique de Varosha  fréquentée par la jet-set internationale est bombardée et interdite de tout habitant, les immeubles ne sont ni détruits, ni reconstruits : une ville fantôme. Il est dommage que le roman qui narre cet épisode : La ville orpheline, soit très médiocre, genre "drame d'amour illicite"....

Suit le transfert massif des grecs vers le sud,  vers des camps ou par échange d'habitations, et inversement. Dans un espoir vain de retrouver sa propriété. les plus chanceux s'exilent, souvent vers la Grande Bretagne.

 Ligne verte , Coté nord, toujours sinistrée




Monument aux morts de 74
Famagouste.













La ligne verte qui fait frontière, un no man’s land, est gardée par des soldats de l’ONU.  
Quant aux anglais, deux camps demeurent : près de Limassol et juste sur la ligne verte au niveau de Famagouste; un important check-point.



L' INDÉPENDANCE DU NORD.

Le nord de Chypre acquiert son indépendance (relative) en créant la République Turque de  Chypre nord : RTCN  ou KKTC en 1983. 
Non reconnue par aucun des états de la communauté internationale, sauf de la Turquie qui continue à y exporter des populations. Le nord revendique son autonomie par l’usage du drapeau aux couleurs inversées du drapeau turc, affiché partout, même sur la montagne. Un président élu pour cinq ans, le dernier est dit-on ouvert aux négociations...
Les deux drapeaux sur la mosquée de Nicosie.
Un précédent séjour du coté grec ne renseignait pas sur la situation kafkaienne des ressortissants turcs de la partie nord de l’ile. Certaines familles chypriotes établies avant la partition bénéficient d’un droit de passage, les nouveaux turcs restent interdits de passage. 
Port israélien.


À l’inverse , le passage des grecs vers le nord est autorisé et très usité pour le commerce, moins cher,  les plages, plus belles et les casinos, très nombreux. 

Des concessions à l'international: un port de plaisance israélien est ouvert sur la côte nord.. ( avant-garde pour un futur conflit sur les richesses sous-marines de la zone??) et beaucoup de russes.



Port de plaisance de Kyrénia.





Le développement récent du tourisme international, au nord, la construction de nouveaux hôtels, et des casinos qui y sont intégrés;  circuits et valorisation d’un patrimoine très riche semblent améliorer la situation. 

Quand la côte sud est totalement bétonnée, le nord conserve des espaces ouverts, un accueil fort sympathique et,



Chez les marchands de tapis.
d'importation.



comme ailleurs, des personnels issus de l’immigration d’Asie centrale et de l’est… 



Comme nous disait notre ami Ilker, des boulots indignes des turcs.. encore très forts dans le commerce des tapis, bijoux et cuirs.. 
Tous les touristes y passent, la stratégie de séjours «pas chers » initiée en Turquie depuis une décennie s’est exportée.
Eglise grecque de Rizokarpazo.




















Si les communautés se sont séparées, il reste quelques rares exemples de cohabitation pacifique: la petite ville de Rizokarpazo  dans la péninsule  de Karpas, dernière en son genre juste  avant le bout de l’ile. Autrement nommée Dipkarpas.

En revanche la construction très récente d'une gigantesque mosquée, copie de Sainte Sophie de Constantinople dans un campus  au nord de Nicosie, n'augure rien de bon pour la laïcité...

                                  FAMAGOUSTE Touristique.


Les orangers et les ruines médiévales.
Palais vénitien..
Autre ancien palais.

Café des Hospitaliers.
Les ruines comme modèle esthétique original:  hormis la restauration du  fort «Othello»  au nord des fortifications, la ville ancienne est un paysage surréaliste de  pans de pierres qui dominent des palmiers et autres  cyprès.  Toute ruine étant transformable en café..
Même les "églises doubles" des templiers. 

On s'aventure dans une jungle pour voir le hammam de Cafer Pasha, construit sur les ruines d'une église Saint-François (période Lusignan), et on marche sur une clé de voûte, tombée depuis des lustres.



Un oubli...
Hammam abandonné..




Ex Saint Nicolas: mosquée Lala.


 

Visite des anciennes églises : La mosquée Lala Mustafa Pasha, ancienne cathédrale est vide. Saint Pierre et Paul est transformée en centre culturel..


Aménagement mosquée.




















Au loin, le squelette de Saint-George..


Pierre, Paul et peintures.
 













Hors les murs aussi, une port à l'entrée duquel s'est échoué un cargo. Dauphins de béton.


                                         NICOSIE  


Le renouveau du tourisme, facilité par la possibilité de passage des grecs et étrangers depuis le sud.  Le passage par Istanbul est obligatoire pour le nord.
Dans les rues piétonnes, l'aménagement des deux grands caravansérails, en auberges.
Tout n'est pas terminé, mais la foule est présente.

Kumarcilar Han : vu de dehors avec ses cheminées  et Büyük Han: la "vieille auberge" , tous deux proches des "églises".



Büyük Han : du XVIIè siècle, entièrement restauré: le centre du centre de la vieille ville.
La Mosquée Selimiye  ( l'ancienne Sainte Sophie,  1209), très enserrée dans ses grilles; le vaste porche gothique sert à garder les femmes et enfants qui ne rentrent pas dans la mosquée. Moquette rouge compartimentée et arcatures soulignées de noir: très sobre. 

Le porche gothique et la fontaine pour ablutions.
Minbar et Mirhab dans une travée sud; un espace pour 15.000 fidèles...
L’église  Saint Nicolas ,  en face de l'ex cathédrale, est  transformée en auditorium..
Byzantine puis catholique, l'église fut transformée en marché couvert par les Ottomans en 1473, : un Bedesten, son nom actuel.
La vaste travée détruite est couverte d'un toit contemporain.
au dessus du portail, reste un bas-relief de marbre de
La Dormition de la Vierge.









"Bedesten" : interieur. 
 En face, surplombant un petit restaurant, une "Bibliothèque" ?? ;






Étrange superposition.








Ailleurs dans la rue on a vu des boutons, pour une guerre (?)  et un marchand d'icônes contemporaines. internationales.
















                                     NICOSIE sud :  une échappée. 


Check-point: Sur le passage ouvert de la rue Ledra; la queue pour montrer les passeports, à l'aller comme au retour, on tombe sur 
Danger public ?

Le monument de Theodoulos Grigoriou
rue Ledra.
construit en  1995,  maintenant curieusement protégé.. à 20 m du check point. et juste devant le guichet de police. Après recherches:  Il a un nom : 
             « The resolution »  

Le texte de la déclaration des droits de l’homme.  Construit  en lettres d’imprimerie géantes, le cercle est fracassé par une dizaine de lances. Une marque du style de l'auteur, plus souvent "cosmique" et planétaire.

Cette oeuvre dénonce le déni des droits par les occupants turcs. (Pour un tour au sud, voir Blog "lakariatre.blogspot.com" Chypre,  Byzance  fev 2015)


Arménienne devenue mosquée.

Non loin du check-point, une minuscule mosquée occupe une ancienne basilique.
Dans cette partie de la ville vouée au commerce, un nouveau sport semble être un concours de muraux : nouvelles icônes de la jeunesse. Ce qui est invisible du côté nord.

Les blocages de la ligne verte sont assez ludiques et arrosés..Des bistrots encore.


Tout contre "le mur" de la ligne verte, version cool. En face les traces. 



Dans une tendance hyperréaliste.


Une petite pose.




































Mamie a abandonné la dentelle..
Ou encore en pochoirs. Comme l'art n'a pas de frontières, un mural du coté sud fait la publicité ou l'éloge du patrimoine du coté nord.  On y retourne.  Fin du voyage.

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