samedi 26 octobre 2013

TIBET 1: Découvertes

 À 7000 m,  des sommets 



 Depuis l'aéroport de Zongdiang, le survol des hautes chaînes de montagne enneigées qui dépassent des nuages, puis des vallées creusées de ravins profonds (le Mékong et la Salouen qui descendent vers le Yunnan) et apparemment déserts, nous éblouit.



Avant l’atterrissage,  un aperçu  de routes en lacets, d’ usines, de mines, une vue sur la route et les méandres de la rivière de Lhassa : le Kyi Chu


La rivière Kyi Chu, la route, la ligne de train

Première idée de l’échelle d’un territoire immense.


Le Brahmapoutre


À l’aéroport, loin de Lhassa, nous sommes accueillis par une charmante guide tibétaine, Jokha, avec le rituel de l’écharpe blanche, le khata qui orne surtout les statues.


Sur la route , un chorten


Après le survol, les débuts de l’histoire du Tibet.













Le circuit commence par la ville de Tsedang, sur les rives du Brahmapoutre, le Yarlung Tsangpo, pour visiter le petit monastère qui fut jadis le premier palais des rois du Tibet, de la dynastie Yarlung. La vallée fertile assurant la richesse  d’un système féodal fondé sur l’agriculture.



Le Yumbu Lakang fut construit au VIIè. 



 

Perché sur un pic qui domine une vallée cultivée, on monte à cheval, (à 3500 m, le souffle est déjà très court), le sanctuaire décoré des statues usuelles et des bannières ; les « chevaux du vent » bien nommés ici couvrent la montagne.




Les points de vue sur le fleuve, les dunes et les montagnes laissent stupéfaits.




La route , un pont neuf remplace le bac, conduit ensuite au


Monastère de Samye.




Premier monastère du règne de Trisong Desen, en 775, le sanctuaire à trois étages est entouré des bâtiments conventuels. L'architecture est influencée par les temples de l'Inde; toitures de type pagode.


Rituels de purification

Les fours dans lesquels sont brûlés des genévriers  ou de l’armoise (on a vu sur la route de telles pratiques dans des chorten), au pied les mats de victoire.

Réfection des murs







Des ouvriers travaillent à restaurer des murs, en terre battue, tassée (et beurrée?).



Les deux mamies affamées











Les pèlerins tournent les moulins à prière, deux grands mères nous demandent à manger et refusent de l'argent.




Le circuit des moulins à prière autour du temple central ; dans la grande salle de prière, un moine peintre travaille à redorer la statue du Bouddha.



Dans les chapelles, les effigies de rois, une statue de l’Avalokitesvara, très colorée (moderne ?).


 Des galeries en étage cernent la salle principale : escaliers et poutres décorées, de style indien au dernier étage.


Logement des lamas




Les commentaires éclairés de notre guide, investie de sa culture, sont dispensés de préférence hors de la présence de l’accompagnateur chinois devenu touriste (mais peut-être espion).




Les moines, décontractés déjeunent au restaurant du monastère (nous aussi). Et encore les paysages sublimes.




Cent kilomètres d’autoroute et de tunnels conduisent à Lhassa, non sans postes de contrôle où notre guide se fait confisquer sa carte pour une vétille. Première expérience du système policier. 

Lhassa 

Le Potala domine toujours la ville, ou plutôt les villes ; la ville chinoise, ses néons, ses commerces internationaux (mais sans vrais gratte-ciels) enserre la vieille ville, piétonne et totalement touristique ou sacrée, selon.

Place du Jokhang, entrée surveillée

Le Jokhang

Le parcours du Barkhor, autour du sanctuaire a toujours été bordé d’une série de boutiques en tous genres, vêtements religieux, objets de piété et produits importés du Népal.


L'atelier des lampes à beurre



Le papi aux belles bottes


Maintenant saturé de tous produits et boutiques, les Chinois musulmans, les Hui (déjà présents avant l’invasion de 59) vendent les tapis. Le Potala, surtout.






Un Lama bien équipé













Il est maintenant gardé par des postes de police où l’on doit repasser aux rayons X, déposer les briquets pour éviter les actes d’immolation, quoique les bougies, cierges et lampes au beurre ne manquent point.
D’autres policiers sont postés sur les toits environnants.

La grande place  devant le sanctuaire est gratifiée d’un monument chinois (comme désormais face à tout sanctuaire tibétain) et continue un marché hétéroclite.


Les pèlerins  en nombre contournent le sanctuaire, tous ages, toutes tenues. Les lamas et les femmes se prosternent, genoux et mains protégés ; les cals sur le front indiquent le degré d’implication de la foi.




Devant l’entrée du temple, la file pour tibétains, la file pour étrangers.
Devant les grilles, les pèlerins font des rituels de dévotion en tamisant des graines, formant des mandalas précaires.



On se mélange et on se bouscule dans les chapelles qui bordent la salle principale. Photos interdites. Odeur dominante de beurre que les pèlerins apportent en offrande ; d’autres produits et beaucoup de petits billets garnissent les statues et les autels. Nous faisons une première leçon d’identification des différents avatars de Bouddha. (à suivre).

De l’architecture :



Salle de prière vue de la galerie

Fondé dès le VIIe siècle, et reconstruit à plusieurs reprises, son importance remonte au règne de Songtsen Gampo, qui épousa une princesse chinoise et une princesse népalaise, instituant le bouddhisme comme religion officielle. 

Le roi et ses deux épouses




Le roi fut alors considéré comme une incarnation de l’Avalokitesvara.














La structure du sanctuaire est simple : une seule grande salle de prière, surplombée par la galerie soutenue par des consoles figuratives polychromes.




 Des escaliers de meunier mènent aux terrasses ornées de « victoires » dorées.
Les bâtiments des moines entourent la cour intérieure dominée par l’appartement du Dalaï-lama aux balcons fleuris.

Appartement du Dalaï-Lama

 Foule de touristes, les pèlerins sont en bas.


Depuis les toitures  en terrasse, la vue sur le Potala.


By night










jeudi 17 octobre 2013

YUNNAN 4 : Les marches du Tibet




Un col, marqué par une série de Stupas enguirlandés signale la limite de l’ancien Tibet, le Hunan, qui couvrait aussi le Qinghai et l’actuel Gansu, avec Dunhuang et le monastère Labrang. La population y est encore  semble-t-il majoritairement tibétaine.
Coiffures.



Les jeunes vendeuses de la boutique (cuirs et fruits secs) en tenue déjeunent de viande grillée sur le poêle qui réchauffe l’atmosphère. Un chenil expose les «mastiffs» dont la fourrure (teintée) se vend  aussi dans les étals.


Les bêtes sont invisibles !







Ailleurs, d'autres chiens stoïques à col rouge poseront pour la photo payante.






Avant l’arrivée à Zongdiang, sur un  large plateau, des groupes se photographient au milieu des plantes rouges (et toxiques, que les animaux évitent). Premières fermes tibétaines, premiers yaks.

Ferme et séchoir pour l'orge ou le tabac

Shangri La



Zongdiang: au second plan, la ville nouvelle son hôtel et son magasin.
 
Un nom de rêve, une réalité qui pose questions:  Peuplée pour partie de tibétains, la « vieille ville » piétonne, isolée de la ville moderne, (boutiques partout avec des bijouteries qui pratiquent le commerce de la turquoise et de pierres précieuses au poids) entoure un petit monastère très fréquenté. 



Toitures de lauzes de bois sur maçonnerie de pierre et poutres formant balcon à l’étage.


Enseigne trilingue



Des spécialités de coutellerie, et aussi des décors rappellent l'importance de l'étape caravanière. 


"Caravanes vers Lhassa"


Très lourd au démarrage!






Sur la colline du sanctuaire, le moulin à prières géant est mu par les volontaires musclés, pas toujours des pèlerins, cependant que sur la place les attractions usuelles font peut-être recette.


Zongdiang, la place du monastère.

 Le yak blanc, le chien de service, les costumes pour touristes. Des familles Naxi en pèlerinage mais aussi les nettoyeuses chinoises.







Une "union" sacrée ?











Dans la cour d’un bâtiment officiel, une statue politique : l’union de l’église et de l’état. Tout un symbole de la colonisation ; on vend encore aussi des casquettes Mao.



Sur la place, après le marché, la danse.
Une ville  est néanmoins charmante et fort conviviale, le soir, jeunes et vieux  dansent sur une place; de superbes femmes en costume tournent : on tente de suivre, bras entraînant les jambes avec un contre-pied curieux. Fest Noz pour tous !


Le grand magasin d'état

Hors du périmètre fermé, la ville nouvelle (chinois majoritaires) aligne des bâtiments de style vaguement tibétain ; le grand magasin  domine comme un petit Potala. Quelques Hui tiennent des drogueries.










Le monastère  Gonden SongZanLin Gumpa.




 À quelques kilomètres, le plus grand monastère du Yunnan :  transfert payant en bus, vérification policière, tout passe aux rayons X. 


Porte d'entrée (payante).

C’est une véritable ville, sur la colline ; les bâtiments aux toitures dorées dominent un réseau de ruelles qui abritent les logements des moines.


Historique 

 À  l’entrée des groupes de touristes chinois  guidés et "sonorisés ».




 Construit à la fin du XVIIè, c’est un exemple de la structure des monastères que l’on rencontre au Tibet. Des murs épais blanchis ou ocrés enchâssent des fenêtres aux entablements de bois peint et couvertes de rideaux qui préservent l’obscurité des salles de prière. Les portes des chapelles sont tendues de rideaux en laine de yak.






En gravissant les escaliers qui mènent aux sanctuaires, stupeur : 




une troupe de soldats chinois débroussaillent et balaient sous l’œil d’une photographe en treillis.








Dans le lac en contrebas, d’autres militaires nettoient les algues.


Des travaux de rénovation et d’agrandissement sont en cours dans les bâtiments.





Les innombrables statues (photos interdites) des Panchen Lamas, des avatars du Bouddha, Avalokitesvara, Sakyamuni, des Dalaï Lamas, sous des tentures et tongkas ornent le périmètre des salles, fréquenté aussi par des vrais pèlerins. Les petits billets sont coincés dans les urnes et chaque vitrine des bibliothèques. Des moines copient des mantras.



Salle de prière en réfection: les banquettes sont sous plastique.

Dans le village « civil » qui entoure le monastère, quelques grandes maisons souvent en construction. Un restaurant fermé avec son drapeau chinois et son stock de bois et une ferme auberge avec boutique de souvenirs.


 "Restaurant tibétain" ; L'hiver sera froid

 Nous visitons un vrai palace flambant neuf, d’architecture tibétaine «améliorée» : piliers et balcon de bois, dont on déduit qu’il sert de vitrine plus que d’habitation quotidienne d’un nouveau riche.




 Une grand-mère coiffe sa petite fille.   Entre des vaisseliers débordant de bassines et de louches, un « Potala » en tenture domine la télé du salon bien houssé, la chapelle de prière expose ses tangkas. 



Dans l’escalier, sont pendus la viande et les os (pour le bouillon). 

Le gite: drapeau obligatoire; les lauzes du toit permettent l'évacuation des fumées, sans cheminée.


Petit commerce bilingue


Tablier traditionnel.

 Puis retour au commerce, le méchant yak pour la photo et le marché de la ville : des coiffures et des bijoux au milieu des légumes et des champignons géants. 


Tradition et modernité




Les étals de boucherie ne sont pas moins riches. Le yak, préparé comme le bœuf, avec ou sans os voisine avec le porc et le poulet, les pâtes et le pain d'orge compact.



Les os de yak au dessus des étals.
C'est l’avion (un aéroport tout neuf) qui nous emmène à Lhassa, à 1600km. Plus rapide que l’incroyable route  que gravit Alexandra David-Neel en son temps.