Palitana, stupa bouddhique (?) non repértorié et pas encore terminé. |
Une
mosaïque de petits royaumes concurrents et d’invasions successives ont ravagé les sites des débuts de l’histoire de cette
région de l’Inde, qui ont donc en
partie disparu.
Ruine de grottes bouddhiques, Uperkot. Vè s. |
Dans
un ordre chronologique, architecture hindouiste puis islamique, les deux
cultures ont coexisté à partir du XIV è siècle, enfin moderne.
Le temple de Somnath, détruit à plusieurs reprises dont en
1026 par Mahmud de Gazni,
Somnath, de loin. |
fut reconstruit la dernière fois entre 1950 et
95 en grès beige, comme badigeonné, il tient sa valeur au symbole :
Dédié à Krishna, situé au bord de la mer d’Oman, orienté –sans obstacles- vers
le pôle sud, il reste un lieu de pèlerinage majeur pour tous les hindous. (no
photo).
Les
premiers royaumes de la dynastie
des Solankis , XIè siècle, à Modhera,
(au nord d’Ahmedabad) ont laissé les constructions fabuleuses du temple
du Soleil, dédié au dieu solaire
Surya :
un ensemble constitué d’un bassin,
d’une salle pour les danses
sacrées et du temple construit sur le modèle des temples à shikara (le dôme
conique) comparable à ceux de
Khajuraho).
Les ruines ont été en partie remontées, le dôme est manquant (voir le profil de Somnath), mais les décors sculptés de figures
mythiques et érotiques qui ornent
les faces du temple, l’ornementation des espaces intérieurs comme la structure
tripartite attestent du lien entre
royaumes à cette période de l’histoire.
Temple de Surya, détail |
Le
Puits de la Rani, le Rani Ki Vav,
à Patan, date du même règne, celui de Bima Deva, 1022-63 ;
il anticipe sur
les puits de la période islamique (Ahmedabad) dans sa structure, mais
l’ornementation extraordinaire concurrence tous les temples de cette période
par le programme sculpté des registres et des piliers.
Les dieux hindous dans leurs avatars, et les apsaras sublimes.
Tous les niveaux n’ont
pu être remontés, hélas.
L’architecture
des temples Jaïn, construits dès le XIIè siècle comme au Rajasthan (à Ranakpur
ou au Mont Abu) , dentelles de marbre blanc, reprend le modèle hindou à shikara . Construits souvent sur les sommets, ils sont le
lieu de pèlerinages « héroïques », tels qu’ au Mont Ginar.
Palitana, vue d'ensemble des temples |
À
Palitana, les 3500 marches qui
permettent d’atteindre les quelque 800 temples peuvent se faire à pied
démarrage ! |
ou en
« dholi », à deux ou
quatre porteurs
ou porteuses (tarification au poids). Une heure trente de
montée au mieux (et il faut redescendre).
Un prêtre |
Dans les temples, les prêtres,
dûment bâillonnés pour ne pas
avaler le moindre moucheron, officient devant les effigies des 24 tirthankara, dont le plus ancien Adinath occupe la cella
centrale.
Le jaïnisme institué au VIIè s. a supplanté le
bouddhisme dont il est presque contemporain.
Petit aperçu de la foule |
Les temples de Palitana,
reconstruits au XVIe, accueillent des milliers de fidèles, de tous milieux,
Des jeunes hommes d'affaire de Bombay |
pour des célébrations, et les donateurs continuent de faire édifier de nouveaux
temples, sur un modèle identique.
En redescendant de l'autre côté... |
Les
courants hindouistes font de même, la secte Swaminarayan dont certains temples
sont encore en cours de construction en est l’exemple le plus surprenant.
Mêmes
formes, mêmes décors. Les artisans sont doués !
ARCHITECTURE ISLAMIQUE:
Baroda, mausolée de Qhub Ud Din, fin XV è, style moghol simple. |
Champaner : Jami Masjid |
La
domination musulmane , au XVè siècle, de sultanats qui ont construit des
forteresses, sur terrain plat, comme à Ahmedabad, à Baroda (le mausolée
de Qutb-Ud-Din, de style
moghol simple) ou à Champaner, invente un style composite par assimilation de
formes architecturales des temples hindous.
Coupole sur galerie |
Les
mosquées de Champaner, royaume à l'est du Gujarat, édifiées au XVè siècle adoptent la formule de la grande
salle aux piliers qui soutiennent les coupoles,
Clôture le décor végétal comparable à celui de la grande mosquée d'Ahmedabad est remarquable. |
s'y ajoute une clôture pour la partie réservée aux femmes.
Kevada Masjid, fin XVè |
La mosquée est associée à
un pavillon le chatri, ou un
mausolée, dans la Kevada masjid.
Sahar Ki Masjid |
Champaner |
Devant la petite mosquée Sahar Ki, s’est
présenté un enterrement.
Rompant
avec le style indo-musulman spécifique du Gujarat, les édifices atteignent des
délires de complexité dans les
tombeaux de Mahabat Khan
II, à Junagarh, édifiés dans la deuxième moitié du XIXè.
Mausolée. |
Un peu de
gothique anglais pour faire allégeance, et marquer la richesse du monarque, dont le descendant, à
l’indépendance, voulut se rattacher au Pakistan, puis abandonna finalement la
cité.
Siddpur: Un urbanisme tout britannique. |
Hôtel particulier, Siddpur. |
Autre
style, autre culture, dans la ville de Siddpur, au nord de Patan, le groupe des musulmans Bohras, des chiites enrichis par le
commerce du textile,
ont assimilé l’architecture anglaise (fin XIXè et XXè).
Femmes Bhoras en tenue. Shirpur. |
Le henné de fête |
Les femmes, en costume de cette
tradition particulière, des capelines et bonnets en tissu –y compris du vichy à
carreaux- attendaient le passage
de la procession.
Chefs de famille ? |
les garçons |
C’était le jour
anniversaire du prophète Hussein. Défilé d’Imams, d’enfants, garçons et
filles enturbannés sur les chevaux, des dromadaires,
Les filles, contre toute idée reçue |
plus que souriants à la
vue d’étrangers, accompagnés par des fanfares et des sonos sur roulettes; étonnant.
Catholicisme:
Une fraction minime de la population.
Diu, église saint Paul, XVIIè. |
L'île de Diu, colonie portugaise des commerçants qui maîtrisairent le commerce maritime avant d'être évincés par les anglais, comporte encore des églises jésuites, transformées en musée.
Au mur du fort, Saint-Dominique |
Le fort, défensif, a laissé la place aux hôtels de tourisme qui connaissent l'art contemporain, un cubisme post Bauhaus...
Rada et Krishna, revus Jeff Koons (?) |
L’extrême éclectisme de l’architecture civile de la période de l’occupation britannique dépasse
l’imagination. Les maharadjahs ont fait édifier des palais inspirés de ceux du
Rajasthan, mais la débauche d’édicules, de balcons, d’excroissances et de
coupoles laissent stupéfaits.
Certains
palais des villes traversées étaient en réfection,
Après le séisme de 2001 |
l’un d’entre eux servait de studio et de décor
pour le tournage d’une version bollywoodienne de Rambo (no photo), dommage, car
voir des vaches en carton sur le perron ne manquait pas de charme.
La moitié, côté jardin. |
est transformé en musée, des
armes, des copies
d’antiques gréco-romains, donne à réfléchir sur les ressources financières du
propriétaire…
De face coté cour, la mosaïque ultra kitch. |
"Post Raphaeliste" |
Ce
jour-là à Baroda, la ville était
en délire pour fêter « l’anniversaire » du mariage de
Shiva ; la statue monumentale, un
avatar de la statue de la Liberté, construite au milieu du lac en 1948
par un sculpteur allemand était éclairée par un feu d’artifice. Coupure du journal, car il faisait nuit.
La
religion est toujours vivante, la fièvre édilitaire aussi.
India Times, le 11/03:2013 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire