Théâtre d'ombres. |
Les récits
Ravana secoue le Mont Kailash; en haut, Shiva et Uma, et quelques dieux; Banteay Srei, Angkor |
La religion hindouiste qui a pénétré le
Cambodge et inspiré le royaume khmer se fonde sur une triade (ou trimurti)divine : Vishnu, Shiva, et Brahma.
Accompagnés de quelques autres dieux mineurs.
Vishnu au sommet lors du "barattage" de l'océan de lait, Tonlé Bati |
Naissance de Brahma, Banteay Samre, Angkor |
Le mythe originel de la création se fonde sur le "barattage" de l'océan de lait. Vishnu tient le pilon et s'incarne aussi dans la tortue qui le supporte.
Naissance de Brahma, Musée Cham |
Vishnu,
le dieu protecteur, est représenté le plus souvent avec quatre bras , les mains tenant les emblèmes.
Comme pour Shiva, dieu destructeur,
capable de transformations, de nombreux avatars le remplacent ; Krishna en
est un.
Le bouddha a été ajouté à la liste, afin
de l’intégrer aux rites et aux
figurations et aux récits fondateurs. Rama serait une incarnation humaine de Vishnu.
Le
Ramayana :
Les scènes que l’on voit sur des frises d’Angkor Vat et sur des peintures de la
Pagode d’Argent à Phnom Penh, est l’épopée jouée dans toute l’Asie de tradition hindouiste sous toutes les formes théâtrales,
dansées, et sous forme des marionnettes à tige ou à fil, et dans le théâtre
d’ombres.
Rama à l'arc pendant le combat entre Sugriva et Valin, Fronton à Banteay Srei. |
Hanuman, Sita, Rama, Ravana, Valin : la pause à Angkor Vat. |
Rama sur les épaules d'Hanuman, Relief, Angkor Vat |
Le
récit allégorique du combat entre le bien et le mal et la restauration du
pouvoir convient à illustrer les batailles des rois de l’histoire.
De même que les figurants au pied d de la tour d’Angkor Vat (qui attendent des victimes pour les photographies) incarnent les personnages principaux, certains fragments du récit sont illustrés dans les danses dans le restaurant d’Angkor.Des copies au musée Guimet.
Nettement
plus passionnants, pour la recherche des formes scéniques, quelques jeunes
artistes accompagnés de musiciens mettaient en scène des épisodes du
Ramayana dans un petit théâtre de Phnom Penh.
Combats des singes contre les géants |
Combats burlesque et athlétiques
entre les singes et les géants, puis dans une séquence de théâtre d’ombres produit par des
panneaux de cuir découpés , soit miniatures comme des marionnettes, puis de grand
format, portés en avant ou en arrière de l’écran.
Les héros et le singes |
Peinture dans le Vat Popé Phnom |
Les
instruments traditionnels de type
gamelan et chennai, comme on peut les voir sur une peinture de pagode, les
accompagnent.
L’introduction
du bouddhisme, Mahayana puis Theravada, n’exclut donc pas la permanence du
récit mythique.
Tonlé Bati, Vishnu, fronton de Ta Prohm, XIe s |
On
a vu à Angkor, comme à Tonlé Bati, la coexistence des deux traditions ;
sous le règne de Jayavarman VII, qui se pensait comme le bodhisattva,
Avalokitesvara ; bouddha de la consolation. Dans la culture Cham, la même période produit les
mêmes mélanges : Bouddha est intégré dans la triade usuelle Brahma,
Vishnu, Shiva.
Tonlé Bati: Bouddha couché, fronton de Ta Prohm |
Permanence
de la foi populaire :
L’imagerie
religieuse des pagodes modernes prolonge cette tradition du récit mythique
hindouiste, alors que la religion d’état est le bouddhisme theravada (le petit
véhicule) depuis le règne de Norodom Sihanouk :
une sorte de syncrétisme préside au décor des divers
temples, intérieur ou extérieur. Le choix actuel de l’ordre thaïlandais Mahanikai explique des ressemblances
les décors avec les pagodes des pays voisins.
Au Musée, déchiffrement d'une stèle. |
Après
la réouverture de pagodes qui furent éradiquées sous le régime de Pol Pot, de jeunes moines déambulent
partout.
Les écoles sont encore logées dans des
pagodes, ou inversement les pagodes sont des centres de formation.
La
construction de nouveaux temples, en ville comme dans les campagnes, continue
une croyance aux forces de la nature ; Un site naturel est propice à une pensée
spirituelle très peu sectaire. Toute montagne est sacrée.
Le gamin aux oiseaux |
Ainsi, à Phnom Penh, sur la colline du nord de la ville, le Vat Phnom, fondé en 1372 est toujours fréquenté.
La montée au Vat Phnom |
Vat Phnom |
Une foi ordinaire et authentique dans chaque temple : des femmes jeunes et surtout moins jeunes qui attendent la réalisation d’un voeu. On y relâche des oiseaux. (qui reviendront)
La
statue fort vénérée de Don Penh,
la donatrice du temple ressemble à une loterie.
Pagodes
contemporaines ;
Dans
l’île de la Soie. Une pagode sans nom:
Nouveaux gardiens du temple |
La langouste, inédite, ou peut-être une crevette géante de l'économie de la pêche précède le
bouddha couché très comparable à ceux de Thaïlande ou de Malaisie.
Le couple Shiva et Uma, sur le naga
n’était pas encore sec, et dans l’allée, des effigies des lamas à la tête de la
secte, fort réalistes ont tous les aspects de la sculpture contemporaine.
Les cinq chefs spirituels de la secte |
Les
techniques du ciment peint et du moulage ne sont pas étrangères à ces
références qu’on pourrait qualifier de « néo kitch ».
Bouddha couché dans L'île de la soie |
Non
loin de Kampot, une grotte à stalactites, habitée par des singes
gourmands, contient un ancien
sanctuaire bouddhiste, particulièrement hétéroclite (la Dame Blanche des
Chinois) ;
en face, une
nouvelle pagode en construction
-tout béton- invente un nouveau
panthéon...
La
pagode Vat Popé Phnom.
Pagode "de la colline de la chèvre".
Bouddha enfant ? |
Serpent , Cheval |
Imagerie de contes de fées..
Le méchant singe |
Le super héros. |
Rama, face à Valin, un phoenix, et tout autour de l’allée,
les signes astrologiques coexistent avec des bouddhas.
Le cycle de la vie ; vision de l'Enfer |
Bûcher funéraire |
À
l’arrière de la pagode, un site de crémation, en usage, illustre à des fins morales, le destin de
l’humain.
Le
parvis du sanctuaire sert à la
divination, un guru prédit le devenir des jeunes couples.
Le
grand autel du sanctuaire comporte les pyramides des bouddhas, identiques à
celui que l’on peut trouver dans chacune des pagodes que nous avons pu visiter.
Vat Popé Pnhom |
Il
semble donc que le Cambodge, comme nombre de pays, ait retrouvé dans la
religion, (faute de progrès social ou de démocratie) le chemin de la
consolation. La réouverture de
lieux de culte est souvent une stratégie des politiques pour étouffer les
contestations, on l’a vu en Chine, au Tibet et dans les anciennes républiques socialistes. Et aussi pour
l’apport financier du tourisme, de plus en plus asiatique.
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