Vision appétissante ! |
Mars 2014. Objectif
premier ou occasion du voyage : les actions des associations actives au Cambodge.
Un petit groupe donc, hétéroclite, un homme et dix femmes, autour de Kim Tan, notre
chef, un minibus, un chauffeur, un « garde de corps » et Yuni, notre mère à tous, quoique plus
jeune mais qui connut dans son enfance les horreurs du régime de Pol Pot. Programme inédit donc, loin des grands
voyagistes. Et à part les cambodgiens, aucun n’a jamais visité le pays, même
Angkor, inscrit aussi dans le circuit.
Phnom Penh,
Petit marché de rue. |
37°, sueurs, dans la poussière et les fumées de
gros 4x4, des mobylettes et des
tuk-tuk (les riches ou les pauvres) et la pollution augmente pour les pédaleurs
de cyclo-pousse dans des embouteillages énormes. Nos poumons en ont pris une
première dose, qui augmentera dans les jours suivants, avec la
« clim ». L’équipée devient crachotante.
les cyclos au départ dans une grande avenue |
On a peine à croire que la ville ait pu être vidée de ses habitants en
quelques jours, en 1975 à l’arrivée des Khmers Rouges. La capitale, dont l’architecture du
centre date de la période du protectorat, et qui de ce fait ressemble aux
autres capitales du sud-est asiatique déborde d’activité. Des arbres fleuris
cachent des transformateurs, les câbles
décorent le ciel.
Des marchés grands ou
petits : non loin de notre hôtel, dans un petit marché sous bâches
voisinent gargottes, coiffeuses, masseuses, fruits et légumes et tous autres
produits.
Le marché central. |
Le Marché Central Psah Thmei, une construction art déco de béton des années 30,
sauf la couleur jaune, a quelque ressemblance avec Le Havre. Les bijouteries sous la voûte brillent
de feux bleutés. Les fruits
sentent bon et les fruits de mer nageottent. On goûte un peu de tout.
Marché Russe : les utilitaires. |
Il y a aussi le marché Russe, pour des achats compulsifs de souvenirs
et fringues. Et autres outils pour le travail.
Sans compter les boutiques et les restaurants ; on prend un
cocktail au café FCC, qui domine le fleuve et renvoie
aux temps du colonialisme - plus fréquenté par les touristes que les correspondants de guerre, les ONG les ont
remplacés.
Au coin de la rue 128 |
Autour de Phnom Penh:
On aperçoit à contre jour
les temples, palais et le Musée (autre chapitre) en empruntant un bateau sur le
Mékong qui borde la ville à l’est,
la rive opposée, faute de pont, reste
presque rurale, à l’exception de quelques hôtels hors d’échelle mais pas
terminés.
Le Mékong, l'autre rive |
On navigue vers l’Île de
la Soie, au confluent du Tonlé Sap.
Sur la rive, scène bucolique, un paysan lave ses boeufs. Une femme fait
sa lessive.
Maison traditionnelle sur pilotis et son autel aux phénix |
Le long d’une petite route, les artisans tisserands sont installés
dans des maisons traditionnelles sur pilotis pour abriter selon les cas, les
animaux, les lits et hamacs de la sieste, la voiture (rare) ou les métiers à
tisser, l’activité économique dominante.
NéoKrishna |
Vrai gardien de buffles |
Une nouvelle pagode fort kitch est encore en cours de décoration,
la
langouste monumentale en lieu et place des gardiens de porte rompt avec la
tradition bouddhiste garantie par les autres sculptures.
La religion toujours présente
renouvelle son répertoire, on y reviendra.
La visite du petit village de Tonlé-Bati dans
la campagne au sud de PP en revanche donne un avant-goût des temples khmers, et
des conditions de vie rurale.
Le Ta Prohm à Tonlé Bati, 12è s |
Le sanctuaire dans une enceinte fait coexister des scènes hindouistes et bouddhistes. (autre chapitre). c'est notre premier "barattage".
Dans le village, les femmes s’occupent des enfants, une jeune mère
coiffée d’un bonnet de laine (contre les mauvais esprits) allaite son nouveau
né. Les cultures, période de sécheresse sont maigres, comme les ruminants.
L’épicerie fait aussi salon de coiffure.
Tonlé Bati : le centre commercial |
Des gamines vendent des fleurs de lotus, d'autres des écharpes à un dollar pour compléter les maigres revenus de la
famille, et payer l’instituteur.
Au village, femmes et enfants |
Où l’on apprend que l’école, théoriquement
obligatoire, n’est pas vraiment gratuite et que l’analphabétisme est, hélas,
fort répandu. Aucune aide sociale.
PSE, "Pour
un sourire d’enfant".
Dans Phnom Penh, ce
centre monté et construit pour scolariser des enfants qui travaillent sur les
décharges d’ordures, était l’un
des objets du voyage.
PSE est une réussite spectaculaire, de la taille d’un
grand collège. Plusieurs centaines d’enfants y sont éduqués, nourris, éventuellement logés en
internat ;
depuis la crèche jusqu’aux formations professionnelles.
Abandonnés et handicapés. |
Le restaurant d’application et les chambres d’hôtes dépassent les 4
étoiles : un service soigné, une courtoisie extrême que la directrice qui
a inventé le centre, il y a une dizaine d’années nous a présenté.
Règlement intérieur. |
Discipline, rigueur et sourire au menu.
On en ressort ébranlés et heureux de constater que les dons du parrainage servent vraiment.
PSE : les tiges de lotus se cuisinent aussi. |
La visite suivante pour le Musée du Génocide fait retomber l’ambiance : quoique dépourvu de scènes
horribles -sinon photos noires- dans le parc, les amoncellements de crânes dans
une sorte de pagode transparente donnent une idée des chiffres de l’horreur.
(no photo). On renonce à visiter le S21, la « machine de mort Khmer
rouge », les ouvrages de
témoins et les films de Rithy Panh suffiront. Dutch, le maître des forges de l’enfer, 2011 et le récent L’image manquante, en particulier. La lecture de Kampuchéa, de Patrick Deville dans les longs trajets
suivants permet de revisiter
-façon puzzle- une histoire plus large du Cambodge et des découvertes et
désastres de la convoitise des
pays voisins.
Paysage en période sèche. |
VERS LE NORD
La pagode de Koh Kol |
Près de Kampong Cham, dans le village de Koh Kol, au bout d’une piste,
l’association ASTER a remonté une pagode ; l’inauguration officielle s’est
donc transformée en cérémonie religieuse.
Moinillons dans l'escalier aux Nagas. |
Inspiration divine ? |
Les moines vivent dans l’enceinte du sanctuaire, les jeunes moinillons
sont en formation et les villageois participent à l’économie locale.
Les femmes sont surtout présentes, et
après un jeu de questions-réponses
avec le jeune lama, fort inspiré,
Peuples de
l’eau :
Ville au long du Mékong (hôtel avec vue), Kampong Cham, son marché
béton au centre, semble une
pépinière de pagodes.
Plus loin, la possibilité d'une plage sur le fleuve, à l'extrémité d'un pont de bambou;
des villages de pêcheurs, pour l'élevage de crevettes et des plantations d'hévéas, hérités du colonialisme.
Le pont est reconstruit après chaque saison des pluies. |
Les
spécialités locales -cailles contenant leur oeuf et jeunes cigognes rôties ne
tentent pas plus que les
brochettes de crevettes.
Le Lac Tonlé Sap :
Gigantesque réservoir, d’environ
90 Km de long et 25 de large à la saison des pluies, le lac est alimenté
par l’eau du Mékong, puis se vide dans la rivière du même nom. En période sèche, c’est un réseau de
canaux qui serpente entre les envahissantes nappes de jacinthes d’eau.
Ajouter une légende |
Non loin d’ Angkor, l’embarcadère pour le lac nous emmène en bateau
dans un village flottant
L'épicerie. |
où plusieurs associations travaillent à exploiter les
possibilités d’usage de ces plantes pour des nattes ou des cabas.
L'église catholique. |
Toutes les fonctions pratiques sont présentes, et un mariage était en préparation.
La vie en maisons flottantes, qui
migrent en fonction du niveau, reste fruste :
Atelier de tressage, à l'heure de la sieste. |
Déjeuner au
restaurant ouvert par Osmose, fréquenté
par quelques touristes militants
auquel est amarré une plateforme sanitaire (un autre projet ASTER
quelque peu utopique).
La suite du voyage est plus franchement touristique.
Grands et petits à la rame. |
« AU SUD, toutes ! »
Battambang, sur une rivière qui alimente le lac (ou inversement), un
marché modern style, des maisons coloniales, des pagodes.
Dans la
campagne, après l’ascension des quelque
trois cents marches menant à un
«petit » temple montagne, le Pnom Banan, sur le modèle très réduit d’Angkor
Vat,
Maison "historique" |
un arrêt dans la propriété
d’un viticulteur, moment de fraîcheur sous les treilles.
Sous les treilles, façon Fellini. |
Deux jours sur la côte, à Sihanoukville, on découvre la plage, l’eau
chaude, les dames qui font
pédicure dans le sable et épilation avec deux fils (un mystère
technique) devant les restaurants pieds dans l’eau.
Tous à l'eau! |
Navigation vers L’île des
Bambous pour le bain : dégustation
de fruits de mer et de crabes épicés (avec des baguettes, ce n’est pas
évident). Mes coéquipiers en ont sûrement des images. Et d'autres villages de pêcheurs, moins tentants...
La java bleue. |
Puis un arrêt à Kampot : petite ville charmante, avec quelques
souvenirs de la culture française et ses environs, une grotte, un café en
terrasse.
Délices du cerf et de sanglier en marmite! |
Enfin retour à Phnom Penh, pour
parfaire la culture et l’histoire, et partager, le temps du dernier
dimanche,
les loisirs des cambodgiens dans une paillote, avec hamacs et spécialités locales.
Puis les pépinières sur la route de
l’aéroport.
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