mardi 6 février 2018

KARNATAKA 1 : De Mysore à Hassan. Inde du sud 5/6



Au Karnataka, les sites de plusieurs dynasties pré- ou médiévales entre le VIè et le XVIè siècle ont occupé des zones distinctes, avant l’incursion des musulmans venus du nord. D'autres ont résisté. Trois étapes monumentales:


1/MYSORE


Une quatrième dynastie 
-tardive- a encore des héritiers en place :

Les Wodeyars de Mysore ont résisté et à la fin du XIXè, l’administration britannique de l’empire victorien autorisa le Maharadjah de Mysore, contre lourde rétribution, à conserver un mini-royaume construit autour d’un palais ahurissant. 

Architecture "éclectique".



Les salles de réception du palais reconstruit en 1912, après un incendie, dans  un style indo-mogol-anglais, très
à la mode  à cette époque dans l'empire de sa Majesté, sont impressionnantes. 
Un architecte anglais, Henry Wilson, fit réaliser des armatures métalliques au Pays de Galles, incrustées de vitraux venus de Glasgow (actuellement protégés, peu lisibles) : 

ces coupoles "art nouveau", (vues de l'intérieur) mais fort marquées par l'architecture musulmane,
sont supportées par des colonnes soit délicates soit «éléphantesques » et très colorées. 




Kalyana Mandapa.









On peut combiner les fûts de palmiers, les colonnettes plantées dans des végétaux inventés, ou, basses de plafond les perspectives sans fin. 

On repère des Apsalas ailées et des danseuses dans les écoinçons (fig1) des arcs très polylobés.












en "plâtre de Paris", le proprio.


















Piliers tels une sorte de plissé de rideaux de bonbonnière géante. Le kitch d’un écrin pour le radjah et sa famille.


 Jolie balustrade avec fleurs et yalis, seuls quelques défilés de touristes et étudiants indiens.

 et sur une porte secrète...














Les loges de la terrasse ouverte pour faire admirer aux invités les défilés et autres festivités.
Les coursives de la salle de réception sont scandées par des peintures réalistes de ces fastes.

L'éléphant royal.
ambulance, au cas où.

Echasses,  (mais d'où)










Defenses.








Les fauves gardent les portes,  les défenses du meilleur éléphant sert de cadre à sa triste fin.
Une bonne documentation pour un film anglais ou bollywoodien.  et bonne sculpture post-Barye.












dans le cadre de la multi-confessionnalité, politique et tolérante le Maharadjah a fait construire un "gopuram", vanille, dans l'enceinte du palais. Sur d'autres bulbes, les ouvriers travaillent.
















Un hippodrome, occupe la vallée verdoyante dominée par la colline Chamundi.












et son taureau "mandi" monolithe  géant, qu'un macaque  philosophe surveille derrière sa grille.

"Vous m'en mettrez trois mètres cinquante".
Le marché dans la ville dense offre ses guirlandes et ses bananes. 

Fumée, béton,  transformateurs, antennes, la (vraie) vieille ville.



4ème passage en 10mn.












La criée à la banane.
Autre style, les boutiques de luxe, très fréquentées: soieries, vêtements sur mesure, mobilier assez monstrueux. 


Parmi des images d’un goût douteux, (cheval sur fond noir) d’étonnants tableaux en marqueterie illustrent les vies idéales de Shiva, et des paysages idylliques; (no photo!)




Parmi ces icônes post-modernes et post hindouistes, un cas très "dalinien" de vue de campagne. Énigme cette fois.


Hassan.




La campagne que nous traversons,  pour rejoindre Hassan , gros carrefour commercial est plus misérable…  la statuaire peu palpitante.


2/ Sravanabelagola :



Le dernier temple avant le sommet.




Un site Jain : entre Mysore et Hassan.
Arrêt photo.
Cette religion contemporaine du bouddhisme conserve quelques «hauts lieux » de pèlerinage; le plus connu étant  Palitana au Gujarat, ses 2500 marches conduisant à un plateau de 800 temples. 


Ici, 230 marches seulement (!) pour traverser trois temples successifs et atteindre la plate-forme de la statue  de Gomasteshwara, de 17m de haut , autre nom de Bahubali.


Contrefort avant le premier temple.







Son existence remonte à un récit du troisième siècle:
Ce roi mythique céda le pouvoir à son frère et vécut comme ascète dans la forêt:  figuré nu, comme dans les grottes de Badami, d’où la végétation qui monte le long des jambes.
La statue est supposée du 10è siècle, alors qu’elle (me) paraît fort moderne.  il est vrai qu’on peut poncer ou passer le granite au karcher.  L’arroser de lait, lors de la célébration tous les 12 ans. En attendant, on lui lave les pieds. 





Plusieurs libations au cours des paliers.  avec donations de préférence.
Parents au pied de l'échafaudage, l'enfant est béni en haut.
Belle architecture au niveau 3.

























Pilier au singe.







Libations sur les statues , posture proche du bouddha, ou, dans une sorte de cage annexe des parents observent une sorte de baptème de leur enfant. Réservé aux petits. 
Pas d'exclusive pour les visiteurs; les sanctuaires sont ouverts à tous.












 Forme d'Architecture importée des voisins Hoysala


Les constructions attestent du style du royaume des Hoysalas (voir infra). En plus simple..
Les pèlerins cependant ascensionnent allègrement (je souffle, le temps des selfies - car eux aussi…). 
On peut aussi se faire porter en palanquin.

En contrebas, une vue sur le bassin que le souverain de Mysore au 17è/18è fit garnir de pavillons.






 3/ Le royaume des Hoysalas : 

Halebid: les gardiens de porte.
Cette dynastie qui installa son royaume au onzième siècle au nord de Mysore se qualifie par une architecture qui rompt avec les modèles des voisins anciens ou contemporains. Une architecture ébouriffante.



Les souverains, antérieurement  de religion jaïne, se sont convertis à l‘hindouisme : des figures des deux religions coexistent dans le décor.
Deux sites  anciens au coeur de petits bourgs ruraux:
Belur et Halebid,  proches de Hassan, nous n’avons pas visité Somnathpur.

Halebid. 
Le temple sur un soubassement en étoile (intersection de deux carrés) a couverture plate est dépourvu de tour qui surmonterait le sanctuaire. 


Un  mandapa, salle ouverte sur les quatre directions de l’espace est supporté par des piliers et colonnes qui semblent  à l’évidence, avoir été  « tournés » à l’horizontale comme des éléments en bois,  vérins et molettes, avant d’être montés pour porter des plafonds ornementés.



La particularité de ces deux temples consiste dans le décor sculpté en relief de tous les murs extérieurs (un déploiement continu de figures dansantes et de représentations du panthéon bouddhique). 
Une finesse extraordinaire liée à la pierre tendre, un schiste qui noircit à l’air et prend l’aspect du basalte.
La base des murs est sculptée de reliefs de ribambelles d’éléphants et motifs floraux ou géométriques. il fallu une centaine d’années pour achever ( ou pas) cette entreprise.
Des claustras étoilées éclairent les salles.

Belur
Temple de Channekeshava:






ce temple encore en usage (la foule des fidèles se double des visites de scolaires)  a été augmenté tardivement d’une enceinte , de plusieurs édifices et d’une porte surmontée d’un gopuram
Intérieur du sanctuaire.



Le sanctuaire  protégé par une  balustrade ouvert sur le mandapa est intégré au plan.

les fidèles attendent une forme de bénédiction face à la statue d'un Shiva à face noire.












Le dieu Vishnou apparait sur les reliefs dans son avatar Narasimha, roi lion, 





soit assis sur un trône  sa victime sur les genoux, soit  terrassant un fauve.

Halebid  : Temple de Hoysaleshwara, dédié à Shiva, 

seul dans un jardin public  qui met en valeur de la forme; un lingam dans la cella.




Angle sud est. 


des gardiens de porte (dvarapalas) et sur le linteau Shiva, Brahma et Vishnou .
Sur le même soubassement un petit temple dédié à Mandi.
Un point de vue d’une porte sur l’autre. 

Les frises illustrent des scènes de combats . Une précision diabolique sur moins de 10 cm de haut.







Et quelques monstres de plus.




Mandi.

















Les salles sont éclairées par des "fenêtres" :claustras étoilées.

Des consoles célestes: de la dentelle, mieux encore.



Shiva et Parvati. 
Le royaume s’écroula lors de l’invasion des troupes du sultan de Delhi,  mais plus tard et plus au nord se construisit un nouvel empire hindouiste, les Vijayanagar . (chap 6)

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