lundi 12 février 2018

KARNATAKA 2: HAMPI, fantastique. Inde du sud 6



Dans cette région plutôt sèche, traversée de barres  rocheuses, qui supportaient  des temples ou des forts, des éoliennes et pylônes téléphoniques ont pris le relais. Long trajet entre Hassan, et la destination rêvée : Hampi.

Papi en dhoti, 

Des champs en période de moisson, au bord des petites routes tortueuses et peu fréquentées, 
Une agriculture jaune et ocre de céréales, millet, maïs, arachides et tournesol .
Des puits collectifs enfermés dans des cylindres assurent l’approvisionnement des parcelles. 


Négociation, jolis saris.

Quelques petites villes, où les femmes se partagent un rickshaw, les paysans en tenue traditionnelle vannent les céréales. Les mobylettes nous doublent.

2+2=famille idéale pour la mob.














À la connexion de l’autoroute entre Bangalore et Bombay, vers  Hospet, des chantiers sans fin.  Et sur les bords les preuves de l’existence de camps de nomades (et de tout ce que niait notre premier guide, sans doute assujéti à un silence prudent)



Cornes de luxe.














Des femmes aux voiles colorés marchent, leurs  ballots sur la tête, cruches et bassines.
Quelques charrettes et des chars à boeufs à contre-courant des voies saturées de camions monstrueux. 30 à l’heure maxi sur des centaines de kilomètres.



À  un péage, un(e) Hijra dans sa fonction de mendiant(e) bénissant(e) , « ni homme , ni femme, quelquefois eunuque ou travesti », cette « autre » catégorie de la population rencontrée naguère dans les trains du Rajasthan puis cette fois à Goa.  Un peu nomades, leurs prestations dansées et chantées les conduisent dans les zones touristiques.


Deux aspects de la politique: l'enfant unique et l'infrastructure 

Lire absolument Arundathi Roy : « Le ministère du bonheur suprême ».

Notre jeune chauffeur de la troisième semaine (un luxe) répond volontiers aux questions, en anglais mais s’inquiète aussi que nous puissions connaitre et apprécier des musulmans. symptôme du temps et de la politique actuelle dans un état qui a voté pour le premier ministre.

Dans un bourg, avant Hospet, ville industrielle enfumée par les nuages des explosions dans des mines, la  statue d’un roi des époques héroïques: 


Réincarnation d’un pouvoir hindouiste du XVè siècle  : Krishnadevaraya Tuluva, roi de Hampi, et poète, de la dynastie Vijayanagar,  lequel conquit tout le sud et entretint des relations avec les portugais de Goa. 
Ici les affiches électorales du parti "orange" osent la concurrence (stratégique). 

HAMPI, la cité.

Un gopuram, toujours.

Capitale de la dynastie du royaume de Vijayanagar : entre 1330 et 1565,  la ville a compté jusqu'à, dit-on,  500.000 habitants. Des dates, mais surtout des architectures stupéfiantes, par un certain anachronisme et la quantité de "monuments", répartis sur 2600 hectares d'éboulements granitiques.


Le prêtre et le Yali.

l'étable dans l'enceinte.
Première approche du site, le soir, un "Sunset point of view", par l'est, en traversant le temple de  Malyavanta Raghunata. Encore en usage: son prêtre,
dans l’enceinte, la laiterie et ses vaches, sous le mandapa, deux musiciens jouent. Beaux piliers et deux éléphants sans défense ni trompe, proches du tapir.
Contraste de décoration, à droite le coffre fort. Un festival a lieu au printemps.
Ce n'est pas un stupa, et la sortie est discrète.
Temple de Shiva combiné dans le roc.


Espèces marines voraces
On passe une porte dans un mur couronné d'éléments curieux  et  sur les blocs, orné de mini reliefs, récents ? pour atteindre dans les chaos rocheux un petit temple de Shiva, et quelques constructions aléatoires bientôt peuplées par des adorateurs du coucher du soleil…

Première énigme, jamais résolue.






































Rigoureusement identiques.


Une fissure formant bassin, s’ouvre dans l’un des blocs. 
Bordée d'une procession de mandi et de gros boutons: mini lingam. Quelque chose d'érotique.


Nous sommes chez Shiva. Premier "temple" ultra primitif. Comment ça tient debout?



Première vision large du paysage, rochers à perte de vue.






La colline de Hamakoota:

 "Petit" Temple de Ganesh
Au matin, à l’entrée officielle du site par l’ouest, après les marches d’un petit temple de Ganesh,  
temple dit "à deux étages".

 On escalade un gigantesque champ de ruines et de rochers, planté de  constructions ( ni finies, ni détruites).

On découvre des dizaines d’édifices en équilibre, sortes d’armatures réduites à quatre ou huit piliers et quatre poutres,  posées sur des amas rocheux.
d’autres comportent des murs en blocs glissés entre les piliers d’angle.



Ces architectures évoquent selon les cas, la Crête la Grèce archaïque, un moyen orient  encore plus ancien, improbable, des acrotères, des piliers, toujours monolithes.

Quelques modèles de sanctuaires cubiques surmontés de pyramides à degrés : Temples Jains. selon la brochure.






Partout, la mise à niveau des bases requiert des méthodes fort approximatives. 

Combien de donateurs ont fait "bricoler" la preuve de leur foi!!!





temples sans noms: "heritage" = patrimoine.




Sur le rocher d’énigmatiques figures aux petites bosses demi sphériques, une sorte de jeu, dont on aurait oublié les pions; mini lingam, bacs pour libations.  









Après un petit temple où une femme emplit sa jarre dans un mini bassin, source ou eau de pluie ?, la vue plonge sur le temple principal,  dans la vallée : 

Depuis la colline, les temples jaïns et le gopuram du temple de Virupaksha.
le Virupaksha , seul toujours en activité.



Dans la cour intérieure du temple: le "drapeau", les autels.
Restes du bazaar, la vue vers la colline.




L’ancienne cité  est composée de deux parties distinctes:
  La Ville  sacrée, dans la vallée proche de la rivière, entre les deux temples principaux , comprend aussi une série de grands temples.




Reliefs de l'entrée.
le Bazaar ; maintenant évacué de ses boutiques et hôtels n’est qu’un vaste parking: restent des  galeries vides à perte de vue. 
 Un haut gopuram pour traverser l’enceinte:  

Sur les murs de l'entrée, des reliefs : une cheval très grèce ou babylone, un éléphant; des motifs inédits et  des visiteuses musulmanes.
C'est dimanche:
la foule dans les cours intérieures (entrée payante). Et encore les sourires et les photos.


Petite famille (pourvu qu'il y ait des cousins)



Shiva, gardien du sanctuaire.





Au regard des piliers sculptés, le mandapa principal témoigne de l’évolution de l’architecture:  des piliers fort complexes des années 1500, et pour la couronnement des stucs fort excessifs et bien blancs qui n'ont pas eu le temps de se patiner.  On remarque déjà les rebords de toiture en double courbe pour faire auvent parasol: autant de dalles de granite, quel travail!



Dans la salle précédant le sanctuaire, un plafond extraordinairement travaillé: la couleur a en partie disparu.


Au centre de la cour, le mandi (et ses copains), première époque; les singes sont plus agités.
en repartant le long des voies, fort encombrées de visiteurs: un "grand " Temple à Ganesh.  

Édifié au dessus de la statue monolithe de Ganesh. On imagine mal comment introduire le dieu.  Gros succès de selfie.






7m de haut.


















La structure des piliers, monolithes, mais imitant des empilements de cubes, qui étayent la grande salle, sont entièrement sculptés en bas reliefs de figures du panthéon hindou.  
Porche du temple de Krishna.
Cependant des angles de feuilles inédites, et le l'avatar du Vishnou en dieu lion, face coupée, nous reporte à une assyrienne imaginaire. 


















On repère une nouvelle forme de chapiteaux : quatre formes d'un motif qui évoque un "lampadaire art nouveau"  ou autre chose molle, pas forcément végétale. 




Après une "porte de la ville", un vaste temple de Krishna,  encore construit par le roi Krishnadevaraya pour un succès militaire. date de la fin du règne vers 1530. Très ornementé: Chaque cube de pilier est figuratif,  et le mandapa est soutenu par une armée de Yalis. 

Un vihara très coloré, briques et stuc. Les auvents courbes, et quelques techniques de couverture du plafond: sur mesure.




Narasimha  temple : 

juste un sanctuaire a ciel ouvert : la construction a disparu.


derrière une simple arcade, le roi lion (avatar de Vishnou, vu à Belur) en version monumentale et monolithe semble avoir envie de dévorer les mômes des écoles. 


Puis un temple « souterrain » de Shiva  ou encore Pataleswara temple.
trois édifices successifs, le plafond du sanctuaire central est au niveau du sol.




Des femmes (tiens donc) évacuent la terre de parties encore en cours de fouille; 
les salles souterraines sont traversées par les eaux.



Décor modeste, peu de sculptures ou de reliefs; le temple daterait du règne de   Bukkaraya 1er, Vers 1370.




Shiva underground.

La ville royale :

Un "observatoire".






Un quartier fermé par des murailles en grand appareil : le « Zenana », enclos réservé à la reine.


Les tours de l’enceinte marquée par un style musulman, comme les bâtiments principaux:  et cependant de l'époque du royaume.


Le bâtiment des gardes :

Avec un zest de gothique dans l'aspect de cloitre.



Dans la foule des touristes indiens, on repère au costume, un nombre important de familles musulmanes qui pique-niquent sur les pelouses. 


Le Lotus Mahal, ses arcatures polylobées.





L’écurie des éléphants,  onze stalles, couverture en coupole, cette fois, c'est une maçonnerie, liée à la chaux. Alternance de demi sphères et  de cônes.



Plus loin, les Bains de la reine :
charmants balcons donnant sur une piscine intérieure ( vide).


On a oublié une partie du palais, son temple et son bassin, hélas…
Combien de cailloux!!! L'enceinte est ce filet gris à droite.

Une maquette au musée permet de concevoir l’organisation du site, par aménagement agricole des zones planes (combien de tonnes de blocs furent évacués?) On voit la configuration d’une enceinte qui clôturait tout le site. 













La matière première ne manquait pas mais le travail de découpe et d’assemblage des blocs en grand appareil laisse rêveur. (Y compris pour des rénovations récentes).

Retour au sacré.

Le temple   de   Vitthala,   à l’opposé est du site comporte les monuments les plus connus et représentés de Hampi :




Une vaste enceinte accessible par un gopuram un peu ruiné- et on peut alors comprendre la technique des structures de brique et l'élaboration des sculptures en stuc.


Un mandapa, salle de danse voisine le temple:des piliers sculptures animalières: les yalis, mais aussi des danseuses.


Au bas, un sujet exotique.
Pilier "monobloc"




Des colonnettes extra minces dans des piliers monolithes doublent les figures sculptées, d'une complexité assez exubérante. 

Les incas seraient-ils venus ???
Il domine le ratha avec roues,  chariot tiré théoriquement par des éléphants, un peu petits. 

Ce temple fut édifié en 1513 par le fameux Krishnadevaraya, après une victoire militaire dans cette période de conquête des territoires de toute l’Inde du sud: 

Fondé au milieu du XIVè siècle, d’une durée de deux siècles le royaume dans son expansion vers le sud avait atteint Madurai, que gardèrent les vice-rois au delà de la destruction de Hampi par les armées musulmanes en 1565.

Abords du site.




En bordure de la zone historique,  une idée de ce que furent les habitats ordinaires. Un nouveau bazar commercial s’est implanté, des maisons ultra-modernes. 


   





on peut déja, en fin d’un long parcours, percevoir les influences de ces deux différents royaumes sur l’architecture du sud. À Tanjore en particulier, et du coup, revoir les photos du Tamil Nadu.
Pour les obsessionnels, refaire le voyage à l’envers. Dans un ratha, si possible…

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