samedi 7 mai 2011

LA VALLEE DE HUNZA. PAKISTAN NORD


Le Karakorum Highway.


Premier tronçon de la route de la soie, rêvée après la lecture de la Croisière Jaune, le Pakistan. Islamabad, objectif Pékin. Septembre 2000.
Petit matin, à peine sortis de la ville, notre minibus choisi au hasard à l’aéroport fut « détourné » par un sombre pakistanais -un "taliban" qui sait- sous l’œil intéressé d’un policier. Bon début pour un bien nommé «circuit aventure »  NF,  avec Catherine Rambaud, dynamique chef d’expédition. Moment d’angoisse,
 « range ton carnet» disaient mes coéquipiers, ils vont nous tuer…

Témoin muet

Le chauffeur évincé

Loin d’être une prise d’otage, le nouvel accompagnateur (tractations échange remboursement du premier conducteur) avait oublié de vérifier si quelque groupe de touriste ne descendait pas de l’avion.
Abbottabad était tranquille...

Responsable d'une organisation touristique qui "faisait" aussi les ascensions du K2 et du Nanga Parbat, deuxième (?) sommet de l'Himalaya.

Nickalam, anglophone, fut charmant, efficace, jusqu'à vérifier la propreté de la vaisselle des gargotes du bord de la route, cherchant les meilleurs options d'hôtels, de préférence chez des "cousins", pour faire honneur aux qualités d'hospitalité de la région. 
Nickalam.













Après une visite du site de Taxila, stupas bouddhistes en terre, et de son musée de l’époque des Parthes,  marquée par l’hellénisme d’Alexandre, ce qu'on peut voir au Musée Guimet, 
 La route quitte la plaine pour  emprunter la vallée de l’Indus, en alternant les corniches et les routes qui traversent des villages au ras du fleuve. 

Poulet au menu. à droite, le fleuve.
Etroite et sujette aux éboulements, le titre de highway ne correspond guère aux critères connus. Deux véhicules ne peuvent pas toujours se croiser. Crevaisons, embourbements, éboulements..

L'acacia du km 365.










Traversées de villages : Balakot, Kagan, puis Chilas, dans la province, Jammu et Cachemire, les Territoires du Nord rattachés au gouvernement d’Islamabad.
L'électricité ne tient qu'à la résistance des acacias du bord du précipice.

Dans les premiers villages, les petites mosquées vertes s'accrochent aux pentes; les vieux aux barbes teintées au henné s'approvisionnent dans des boucheries parfumées aux gaz d'échappement.








Les femmes voilées, de couleurs variées ne présentent que leurs pieds.


Ou leurs enfants.






À flanc de montagne, surplombant le confluent d'un fleuve bouillonnant qui passe du turquoise au plomb en fusion, le paysage est sublime. Comme pendant tout le voyage, à chaque virage, toujours plus fantastique, une échelle inconnue.

Plus haut sur la chaîne, un mince sentier : l’ancienne route de la soie, que la Croisière Jaune Citroën emprunta en 1931 ; voir le film et le terrain permet d’en mesurer les conditions héroïques.

L'ancienne piste.













Arrêt panorama avec la vue sur le Nanga Parbat (8126m) dont rêvent les alpinistes.
Le caissier, un client.



Les arrêts dans les tchaikanes, garnis de sièges tendus de cordes pour la sieste. Des sentiers passaient quelquefois sur le toit de la frêle construction.














Au carrefour d'une route (piste) menant vers Chitral, dans les "territoires", 
un éboulement et ses embouteillages, des afghans fuyant le régime taliban attendent un hypothétique véhicule .  Les conseils:  "don't go there, it's bad".





























D'autres avaient l'air plus farouche.. Un militaire faisait du stop, ravi d'embarquer et de poser.
Des cultures perchées sur des plateaux, des cyprès,  des ifs, visions d'une oasis italienne en montagne.

Vallée de la  Hunza
Les abricots sèchent.



Puis la route quitte l’Indus puis suivre la vallée de la Hunza.
A Gilgit, centre administratif, un marché pour touristes , les couvertures brodées de miroirs, manteaux et colliers importés par les afghans réfugiés, le très lourd dans les bagages.















Cette région est soumise au courant Chiite Ismaélien dont le chef religieux est L’Aga Khan.  La doctrine Nizarite, basée sur le «Nur » (la lumière) est particulièrement ouverte au commerce et au tourisme que Karim IV  a favorisé, et financé.







Les femmes ne sont pas voilées, la ressource principale est la culture des fruits  les abricots qui sèchent sur les toits ou sur les rochers, mais aussi du raisin qui naguère fournissait du vin.
En hauteur, des petits plateaux verdoyants, comme des paysages de la peinture italienne, bordés d’ifs, en suspension. 











Chalt

devant l’école d’infirmières, les jeunes filles, souriantes, curieuses et parlant un peu d’anglais, nous « soignons » un malade, cad, une aspirine..

À  Hunza (  ou Karimabad)






une soirée 
 fort animée avec des danseurs fort décoratifs, plumes de paon au bonnet, comme les gardiens du Fort de Baltit.


 station touristique : Des auberges comme point de départ pour des treks ou des ballades sur le glacier. Le terrain de polo au centre du village marque l’influence anglo-indienneSoirée avec danseurs moustachus et musiciens endiablésomm
Un ancien cantonnement britannique: Superbe construction en soubassement de pierre et balcons en encorbellement de bois sculpté : synthèse entre l’Inde,  le Tibet et les bow windows de sa majesté.






















Du temps pour dessiner l’architecture intérieure (un guide commente l’histoire dans le «slide room », on croirait un imam ) et faire le portrait de son gardien moustachu. 



Avant Gulmit ,  sur l’aire panorama avec vue  sur le Rakaposhi (7788m) et boutiques, un vieil errant coiffé du pakol repart avec sa bouteille de soda.













Nous sommes très petits. Les Alpes , ce n’est rien.
Vision pasolinienne ? 
La vallée plus large est  ponctuée de rochers gravés.

Le fauve de la station service.


Dans les villages les rues et les propriétés sont encloses de murets, un dédale dans lequel se trouve « le musée de Gulmit » : son tigre empaillé sans oreilles et qui baille, son mouton de Marco Polo et des objets inattendus, un casque Viking, le premier téléphone, dans un fourbi incroyable, un inventaire à la Prévert.  Et un petit lac  aux eaux azurées pour le thé, où ne manquent que des pédalos.


Dans un atelier de tissage, les jeunes femmes très colorées offrent leur sourire. Le décor des poutres et des piliers aussi élaboré que les motifs des tapis.



C'est un style du Kafiristan voisin; signe architectural de la porosité des frontières Pakistan/Afghanes.





Plus loin, pour les courageux, la traversée du fleuve se fait sur des ponts de cordes et planches, vertigineux. On imagine les autochenilles de Citroen!
Excursions sur un glacier et dans des villages ensoleillés : contrastes noir et couleurs et partout le même accueil chaleureux.
Depuis, il semble que les tensions entre sunnites pakistanais et les tentatives d’autonomie de la région risquent de troubler la paix et l’hospitalité de ses habitants. La situation politique excluant tout ouverture au tourisme.  En 2001, Nikalam contacté par internet était déjà désespéré, et depuis?

Tout au long de la route, sur les pentes des inscriptions géantes faites de pierres blanches : « welcome to our beloved Hazirimam »  ou « welcome Pasu». en prévision de la visite de l’Aga Khan. (Un artiste contemporain, Wim Delvoye utilise le même principe pour des énoncés humoristiques).

Le paysage devient de plus en plus aride, caillasses, glaciers;  on passe à l'embranchement (interdit) du col qui relie l'Afghanistan par le Wakhan.
Dans le rien, glacial, un groupe de piétons.





Sost, cinq jours plus tard, dernier village ( une aire genre parking) 
Sost, cinq jours plus tard, dernière étape au Pakistan et douane avant la frontière, les rares voyageurs en transit attendent patiemment un véhicule ; 


d’autres, attendent que cesse le mal des montagnes, et tous la fin des contrôles policiers.

Trente kilomètres  plus loin dans un no man’s glaciaire où paissent des yacks,  croulant sous leur fourrure, alors que de misérables ouvriers cassent des cailloux en s’abritant sous des tentes d’infortune, la frontière chinoise ; le Khunjerab Pass à 4750 m d’altitude. Dans les congères.

Les douaniers chinois rigolards dans leurs manteaux aux manches invraisemblablement longues font des batailles de boules  de neige. Échange de portraits, autographes réciproques. Il y en aura d’autres.

1 commentaire: