La saison touristique s’annonce (encore) mal pour le Mali.
Tombouctou
Le trajet par le fleuve Niger peut prendre un certain temps. En 2003 avec deux amies, nous fûmes débarquées en urgence à Niafounké ; le bac étant parti remplacer celui de Tombouctou, c’est en louant un 4x4 chez Ali Farka Touré (visite au passage du studio d ‘enregistrement) que nous sommes arrivées par la piste de nuit, après pannes et ensablements au campement hôtel du désert. « Mesdames vous avez bien besoin d’une douche ». Tous bourrés d’humour.
Sur la terrasse, un touareg qui tentait de vendre des bijoux m’interpella : « je te reconnais, tu es Anna, l’amie de Boccar, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs soupes ». Je n’ai jamais su qui il était, mais plus tard à Mopti, Boccar aussi me reconnut, et me vendit un bijou, les temps étaient très durs pour tous.
Mohammed et Boccar |
Fantastique mémoire, car cinq années plus tôt, à l’issue d’une inoubliable semaine de navigation sur le Niger (voir chapitre AKA), débarquement loin de la ville grise et ensablée, mon voisin de pinasse Boccar, forgeron touareg, fabricant de bijoux en argent m’invita à séjourner dans sa famille. Chez le père d’abord où, en dépit d’une grande résistance aux pires cas, je refusai de cohabiter avec la chèvre qui venait de mettre bas et avec les mouches, puis chez une cousine dans une très belle maison près du désert. Façade à pilastres et moulures, hauts plafonds, sol tapissé de sable (un tamis fait office de balai) ; fraîcheur étonnante. Démonstration de danse touareg (assise) par la cousine, une « très belle femme » donc obèse qui ne pouvait se lever . Le cousin Mohammed qui refusait les images embrassait cependant les photos de la dame, à l’envers : je compris alors que l’orientation des images est dans la tête, comme le repérage des étoiles.
En attendant un hypothétique transport pour Gao, du temps pour palabrer sur la dune,
observer le départ d’une caravane,
Pilage et chèvres arboricoles |
et visiter la mosquée de Djingareiber, de voir les autres de l’extérieur, admirer les portes ouvragées.
Au centre, les pompes laissent des flaques et, vue de près, la cité du désert perd un peu de son aura.
Un véhicule de Point Afrique m’embarqua pour Gao, pannes, errances et poste de police, la région était un peu craignos à l’époque; puis faute de transport pour le Niger, un bus pour Hombori, chèvres, moutons et poulets sur les genoux.
HOMBORI
A Hombori, paysage de monts en grès ocre rouge, les « tondo », le campement hôtel était vide: le patron faisait du stop pour aller à Bamako chercher un compresseur de rechange pour le congélateur, cependant que sa femme était sur le point d’accoucher du onzième, « pour compléter son équipe de foot ».
La femme de Salvador et celle de l'"africain" |
Un sud africain blanc, dynamiteur de puits fréquentait ce seul bar à bière (malencontreusement sans glace). Le patron du campement assurait aussi la messe du dimanche.
Une randonnée chaude, une vingtaine de kilomètres à travers les monts hombori, m’amena dans sa maison, et sa superbe femme, puis chez Salvador, le catalan qui tenait un « ranch » pour grimpeurs au pied de la « Main de Fatma ».
Six cents mètres de verticale à main nue pour spécialistes (un Chamoniard mourut déshydraté à mi-hauteur). Plus tard je fus invitée à partager le « mouton » du départ.
Bernard Marnette, alpiniste belge, aussi malade que son hôte, retournant au Burkina, Salvador, en 4x4 nous fit traverser la brousse hors-piste avec aux premières heures de l’aube, dans un grand nulle-part, un petit-déjeuner de cuisse de chèvre recuite au feu de bois.
En 2007, avec Michelle Rastoul, dans les marges des opérations d’ Aster, de passage entre le pays dogon et Gao, l’arrêt à Hombori nous permit de constater que l’équipe de foot en était au quatorzième, sans compter le bébé de la fille aînée. L’accueil toujours sympathique, la bière fraîche, les moustiquaires à poste et deux voyageurs. Huit pour la messe. Et des antiquités pour attirer le voyageur. Les skis à louer plus surprenants : pour les dunes.
Il avait plu et autour de la mare d’en face, l’activité était joyeuse. L’urbanisme moins…
Une ballade sur la dune rose pour le coucher de soleil. Des gamines vendaient des bracelets et des gamins dépenaillés attendaient trois sous d’un éventuel touriste.
Puis à nouveau le trek épuisant dans les monts Hombori.
Visite de villages sonraï dans la montagne en partie sous voûte, femmes militantes, une gamine dans sa coiffure de fête, semblable aux sculptures.
Les casseurs de cailloux, pour aplanir le terrain devant la mosquée, et enfin apercevoir la main de Fatma.
Le village de la mine était déserté, ne restait qu’un gardien au milieu des ruines, le creuseur de puits était reparti, sa femme morte du sida et le catalan avait fermé, ne restait que sa femme. Grande sinistrose.
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