lundi 28 octobre 2013

TIBET 2: Sanctuaires


Le Potala vu de la terrasse du Jokhang 

Le bouddhisme, importé de l’Inde au  VIIè siècle, par le roi Srong-btsan-sgam-po ( en version simplifiée  Songtsen gampo) et dont les épouses assurèrent les liens entre Tibet, Chine et Népal, supplanta l’ancienne religion « Bon », soumise aux superstitions et quelque démonologie.  Le roi y était déjà alors proche des dieux. L’absorption de ces croyances par le bouddhisme se fit progressivement,





 mais dans l’iconographie, comme dans les usages, demeurent des figures magiques.

Au Drepung, peinture noire, en haut, la frise







Je renvoie aux encyclopédies pour le détail de l’histoire religieuse et politique des siècles passés. 












Le pouvoir détenu par des nobles fut partagé par les Lamas, avant que le dalaï-lama ne devienne en titre  chef politique du Tibet. La gestion étant déléguée au régent.
La construction des monastères et des palais provient des sommes perçues sur les revenus de l’agriculture. Ce double système féodal a été aboli juste avant l’arrivée des communistes. 
On ne peut que s’étonner des fabuleuses richesses contradictoires avec la vie monastique de dépouillement prôné dans la vie et l’enseignement du Bouddha.

Le Tibet pendant  des siècles s’est défendu contre les vagues successives d’ingérence de la part des mongols (dont ils partagent la religion) des chinois, du Népal et de l’Inde anglaise, puis encore de la Chine. Une série de conflits qui amena à la fermeture du pays pendant des décennies.



Toutous blancs


La révolution culturelle a détruit l’organisation religieuse, (90% des monastères ont été ravagés, les moines aux champs ou en exil massif), et des traditions, avant que le gouvernement chinois ne réattribue les terres aux paysans ; les  grands travaux routiers  désenclavant les montagnes, les échanges économiques ont repris, dans quel sens ?


Potala: la cour devant le Palais Blanc.

Le changement de stratégie des occupants chinois a permis de restaurer une partie du patrimoine religieux détruit, cette fois à des fins économico-touristiques, tout en assurant le contrôle du pays devenu « Région  autonome».



Au Drepung


L’attachement des populations  à la religion et à la figure du Dalaï-lama ne faiblit pas vraiment, et les dons continuent d’affluer.  Dans tous les monastères, se pressent de pauvres grands-mères  une pile de billets (et le pot de beurre) à la main, mais aussi des adultes.


Mandala en or, argent et pierres, VIIè dalaï-lama , 1749















L’extraordinaire profusion de sculptures, stupas funéraires, décors peints nous donnent un autre vertige, avec cette particularité que les modèles étant inchangés, les édifices et les  statues ne varient que peu. Que le bâtiment remonte au XVII è, ou qu’il ait été construit dans les années 90, la structure est identique. Seules les photos des derniers dalaï ou panchen lamas insérées dans les décors indiquent des dates.  
 








Le Potala

La forteresse et résidence des rois, dès le VIIè siècle, siège du gouvernement, et du pouvoir religieux, fut constamment agrandie, les deux fonctions sont liées.  Le palais blanc et le palais rouge sont imbriqués.  La forme actuelle remonte au XVIIè siècle, sous le règne du  cinquième Dalaï-lama, Lobsang Gyatso.  Dans l’année du « Coq de bois », 1645, une datation donnée par un ouvrage officiel mais  attaché à l’astrologie dont proviennent certaines images.


Le roi Srong Tsan Gampo, le prince et le régent.


 Le Potala, un symbole, a été épargné pendant la Révolution culturelle à la demande de Zhu en-lai.  Pourquoi ???

Dorji Dakden
Merveille d’adaptation architecturale au terrain, l’ascension des escaliers extérieurs avec vue sur la ville conduit au dédale des salles sur 13 étages entre chapelles et appartements. Les trésors sont exposés partout : les « Mandalas » en 3D, chefs d’oeuvre d’orfèvrerie.




Des effigies des bodhisattva, et autres personnages , les treize Dalaï-Lama, aux yeux éblouis mais aux visages différents.  Sculptures de métal par moulage à cire perdue et orfèvrerie au repoussé.
Quelques autres techniques, comme la boite qui contient:
L’oracle Dorji Dakden, Conseiller du 2è dalai-lama puis  Gouverneur. Argile médicinal.






Stupa funéraire du Vè dalaï-lama
Devant les innombrables rayons de bibliothèque, la série de Stupa d’argent et d’or cloutés de pierres précieuses. 
Les stupas funéraires, contiennent les restes des  Dalaï-Lamas.  D’une hauteur d’environ 7m, leur structure est symbolique : 



le piédestal représente les vertus, les 4  degrés les étapes du renoncement, la forme de vase, les vertus du Bodhisattva, les 13 anneaux, la voie du Nirvana ; au sommet le soleil et la lune.  Dans la niche, contenant un Bouddha sculpté, les cendres ou le corps momifié du défunt. 











Chambre du dernier dalaï-lama











Les salles du Palais blanc, le bureau, la salle de méditation et la « Chambre de la vie éternelle » du dalaï-Lama, virtuellement présent par sa cape, sont surveillés par des moines.
On apprend qu’ils sont désormais «fonctionnarisés ».




Des nuages noirs magiques au dessus du Potala




Les peintures murales :


La visite chronométrée (au risque d’une interdiction pour la guide) ne permet pas de s’attarder sur les peintures murales  ou les thangkas qui couvrent les salles et les corridors.











Natation dans la Kyi Jiu









Le système perspectif subtil figure l’intérieur des constructions, la foule des moines qui entourent le bâtiment,  les lamas, et les scènes  quotidiennes, rues et places, processions et activités diverses : les célébrations de la construction du Potala , les funérailles du dalaï lama, mais aussi un concours de natation organisé par le régent.  Fin XVIIè. Superbe !

Des représentations comparables ornent les murs du Drepung où cette fois on peut même photographier contre 20 yuans.




Le récit en images de la vie du Bouddha et des exploits d’un personnage se découpe en scènes, des cases  séparées par des paysages  de montagne ennuagées.


"Salle de la Longévité",  VIè dalaï-lama.

Les Monastères :


Trois grands monastères furent construits aussi pendant l’expansion du pouvoir des Gelugpas, les Bonnets Jaunes, par le premier chef spirituel  Tsong-kka-pa (1357-1419) et ses disciples.
L’unification religieuse, incluant le Qinghai et la Mongolie, instaura le pouvoir spirituel sur le pays ; c’est à cette époque que les dalaï-lamas  (« Océan de sagesse ») sont choisis par « incarnation » dans un enfant, rompant ainsi avec des filiations.
Le monastère de Ganden a été détruit,  mais le monastère de Sera et le Drepung sont en partie reconstruits.

Monastère de Sera,







Au nord de Lhassa, il demeure l’un des centres de formation religieuse ; la séance quotidienne des débats théologiques est ouverte au public dans le jardin. 










littéralement mitraillés par les touristes, les moines ne ménagent pas leur gestuelle. Certains cependant ne semblent pas très motivés par les questions.







Drepung

Une véritable ville où jadis vivaient 7000 moines, sur les collines à 7 km à l’ouest de Lhassa :

Le Drepung

 On  déambule dans les rues qui ouvrent sur les habitations : les moines peuvent vivre avec leur famille, mais pour « monter en grade » et passer les examens afin de devenir Lama ou Abbé, le célibat, ou le veuvage est requis. Assurant la fonction d’université aux nombreux collèges, Drepung fut (et reste) le principal centre de formation.


 Drepung: L'heure de la prière
Les grands bâtiments qui dominent l’ensemble contiennent encore les statues monumentales du Bouddha, les effigies de premiers lamas. Mais aussi l’évocation de l’histoire antérieure :

 Les fondateurs, Version d'époque XVIIè
Une figuration moderne des grands rois : (Songtsen gampo, et ses successeurs)  de la fondation du Tibet ancien, et de son expansion politique dans l’ouest et la Mongolie : 


Jokha commente l'histoire.
c’est  le moment de l’importation du bouddhisme,  les monarques (déjà sanctifiés) siègent sous l’image des sites religieux : le Potala, le Mont Kailash, le temple de Bodhgaya, site de l'Illumination: illustration de la circulation entre Inde et Tibet .
Ce roi fixa aussi l’alphabet tibétain, inspiré de l’écriture indienne.



La prière de midi au Drepung




Un Lama sceptique



















La grande salle de méditation accueille quelques centaines de moines, et de disciples.  Nous assistons à la prière de midi, la distribution des textes avec le fond sonore du « Aum », voix de basses profondes.








Le Palais d’été :

 Résidence des  dalaï-lamas, trois palais , charmants, et relativement modestes sont répartis dans une jardin fleuri : quelques visiteurs tibétains pèlerinent en famille.


le Kalsang Palace , 1755, du 7è dalaï-lama),


En famille, jolie jeune femme à la peau claire.
Le Jaida Truzing palace, construit par le 8è en 1758, lieu de méditation du 13è,




 Et le Dadan Mingjur, construit en 1954, d’où l’actuel Dalaï-lama s’enfuit  en 59. 



Palais du XIVè Dalaï-lama.

Surveillance vidéo ; un touriste se fait prendre à photographier la chambre, effervescence , les moines courent et crient,( !), la police intervient, le mobile est confisqué... Par chance, nous n'avions pas sorti les nôtres.



Potala : un thangka. figurant le roi Srong Tsan Gampo.  Le fondateur du Jokang  au VIIè, tronant sous l’aspect d’un bodhisattva, au centre de représentations des monastères.  Peinture sur tissu. XVIIè, d’un peintre de la dynastie Qing.








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