Le Potala vu de la terrasse du Jokhang |
Le
bouddhisme, importé de l’Inde au
VIIè siècle, par le roi Srong-btsan-sgam-po ( en version simplifiée Songtsen gampo) et dont les épouses
assurèrent les liens entre Tibet, Chine et Népal, supplanta l’ancienne religion
« Bon », soumise aux
superstitions et quelque démonologie.
Le roi y était déjà alors proche des dieux. L’absorption de ces
croyances par le bouddhisme se fit progressivement,
mais dans l’iconographie,
comme dans les usages, demeurent des figures magiques.
Au Drepung, peinture noire, en haut, la frise |
Je renvoie aux encyclopédies
pour le détail de l’histoire religieuse et politique des siècles passés.
Le
pouvoir détenu par des nobles fut partagé par les Lamas, avant que le
dalaï-lama ne devienne en titre
chef politique du Tibet. La gestion étant déléguée au régent.
La
construction des monastères et des palais provient des sommes perçues sur les
revenus de l’agriculture. Ce double système féodal a été aboli juste avant
l’arrivée des communistes.
On ne peut que s’étonner des fabuleuses richesses
contradictoires avec la vie monastique de dépouillement prôné dans la vie et
l’enseignement du Bouddha.
Le
Tibet pendant des siècles s’est
défendu contre les vagues successives d’ingérence de la part des mongols (dont ils
partagent la religion) des chinois, du Népal et de l’Inde anglaise, puis encore
de la Chine. Une série de conflits qui amena à la fermeture du pays pendant des
décennies.
Toutous blancs |
La
révolution culturelle a détruit l’organisation religieuse, (90% des monastères
ont été ravagés, les moines aux champs ou en exil massif), et des traditions,
avant que le gouvernement chinois ne réattribue les terres aux paysans ;
les grands travaux routiers désenclavant les montagnes, les
échanges économiques ont repris, dans quel sens ?
Potala: la cour devant le Palais Blanc. |
Le
changement de stratégie des occupants chinois a permis de restaurer une partie
du patrimoine religieux détruit, cette fois à des fins économico-touristiques, tout en assurant le
contrôle du pays devenu « Région
autonome».
Au Drepung |
L’attachement
des populations à la religion et à
la figure du Dalaï-lama ne faiblit pas vraiment, et les dons continuent
d’affluer. Dans tous les
monastères, se pressent de pauvres grands-mères une pile de billets (et le pot de beurre) à la main, mais
aussi des adultes.
Mandala en or, argent et pierres, VIIè dalaï-lama , 1749 |
L’extraordinaire
profusion de sculptures, stupas funéraires, décors peints nous donnent un autre
vertige, avec cette particularité que les modèles étant inchangés, les édifices
et les statues ne varient que peu.
Que le bâtiment remonte au XVII è, ou qu’il ait été construit dans les années
90, la structure est identique. Seules les photos des derniers dalaï ou panchen
lamas insérées dans les décors indiquent des dates.
Le
Potala
La
forteresse et résidence des rois, dès le VIIè siècle, siège du gouvernement, et
du pouvoir religieux, fut constamment agrandie, les deux fonctions sont
liées. Le palais blanc et le
palais rouge sont imbriqués. La
forme actuelle remonte au XVIIè siècle, sous le règne du cinquième Dalaï-lama, Lobsang
Gyatso. Dans l’année du « Coq
de bois », 1645, une datation donnée par un ouvrage officiel mais attaché à l’astrologie dont proviennent
certaines images.
Le roi Srong Tsan Gampo, le prince et le régent. |
Le Potala, un symbole, a été épargné
pendant la Révolution culturelle à la demande de Zhu en-lai. Pourquoi ???
Dorji Dakden |
Merveille
d’adaptation architecturale au terrain, l’ascension des escaliers extérieurs
avec vue sur la ville conduit au dédale des salles sur 13 étages entre
chapelles et appartements. Les trésors sont exposés partout : les
« Mandalas » en 3D, chefs d’oeuvre d’orfèvrerie.
Des
effigies des bodhisattva, et autres personnages , les treize Dalaï-Lama, aux
yeux éblouis mais aux visages différents.
Sculptures de métal par moulage à cire perdue et orfèvrerie au repoussé.
Quelques autres techniques, comme la boite qui contient:
L’oracle
Dorji Dakden, Conseiller du 2è dalai-lama puis
Gouverneur. Argile médicinal.
Stupa funéraire du Vè dalaï-lama |
Devant
les innombrables rayons de bibliothèque, la série de Stupa d’argent et d’or cloutés de pierres
précieuses.
Les
stupas funéraires, contiennent les restes des Dalaï-Lamas.
D’une hauteur d’environ 7m, leur structure est symbolique :
le piédestal
représente les vertus, les 4
degrés les étapes du renoncement, la forme de vase, les vertus du
Bodhisattva, les 13 anneaux, la voie du Nirvana ; au sommet le soleil et
la lune. Dans la niche, contenant
un Bouddha sculpté, les cendres ou le corps momifié du défunt.
Chambre du dernier dalaï-lama |
Les
salles du Palais blanc, le bureau, la salle de méditation et la « Chambre
de la vie éternelle » du dalaï-Lama, virtuellement présent par sa cape,
sont surveillés par des moines.
On apprend qu’ils sont désormais
«fonctionnarisés ».
Des nuages noirs magiques au dessus du Potala |
Les
peintures murales :
La
visite chronométrée (au risque d’une interdiction pour la guide) ne permet pas
de s’attarder sur les peintures murales
ou les thangkas qui couvrent les salles et les corridors.
Natation dans la Kyi Jiu |
Le système
perspectif subtil figure l’intérieur des constructions, la foule des moines qui
entourent le bâtiment, les lamas, et les scènes
quotidiennes, rues et places, processions et activités diverses :
les célébrations de la construction du Potala , les funérailles du dalaï lama,
mais aussi un concours de natation organisé par le régent. Fin XVIIè. Superbe !
Des
représentations comparables ornent les murs du Drepung où cette fois on peut
même photographier contre 20 yuans.
Le
récit en images de la vie du Bouddha et des exploits d’un personnage se découpe
en scènes, des cases séparées par
des paysages de montagne
ennuagées.
"Salle de la Longévité", VIè dalaï-lama. |
Les
Monastères :
Trois
grands monastères furent construits aussi pendant l’expansion du pouvoir des Gelugpas, les Bonnets Jaunes, par le premier chef
spirituel Tsong-kka-pa (1357-1419)
et ses disciples.
L’unification
religieuse, incluant le Qinghai et la Mongolie, instaura le pouvoir spirituel
sur le pays ; c’est à cette époque que les dalaï-lamas (« Océan de sagesse ») sont
choisis par « incarnation » dans un enfant, rompant ainsi avec des
filiations.
Le
monastère de Ganden a été détruit,
mais le monastère de Sera et le Drepung sont en partie reconstruits.
Monastère
de Sera,
Au
nord de Lhassa, il demeure l’un des centres de formation religieuse ; la
séance quotidienne des débats théologiques est ouverte au public dans le
jardin.
littéralement mitraillés par les touristes, les moines ne
ménagent pas leur gestuelle. Certains cependant ne semblent pas très motivés
par les questions.
Drepung
Une
véritable ville où jadis vivaient 7000 moines, sur les collines à 7 km à
l’ouest de Lhassa :
Le Drepung |
On
déambule dans les rues qui ouvrent sur les habitations : les moines
peuvent vivre avec leur famille, mais pour « monter en grade » et
passer les examens afin de devenir Lama ou Abbé, le célibat, ou le veuvage est
requis. Assurant la fonction d’université aux nombreux collèges, Drepung fut
(et reste) le principal centre de formation.
Drepung: L'heure de la prière |
Les
grands bâtiments qui dominent l’ensemble contiennent encore les statues
monumentales du Bouddha, les effigies de premiers lamas. Mais aussi l’évocation
de l’histoire antérieure :
Les fondateurs, Version d'époque XVIIè |
Une
figuration moderne des grands rois : (Songtsen gampo, et ses
successeurs) de la fondation du
Tibet ancien, et de son expansion politique dans l’ouest et la Mongolie :
Jokha commente l'histoire. |
c’est le moment de l’importation du bouddhisme, les monarques (déjà sanctifiés) siègent
sous l’image des sites religieux : le Potala, le Mont Kailash, le temple de Bodhgaya, site de l'Illumination: illustration de la circulation entre Inde et Tibet .
Ce
roi fixa aussi l’alphabet tibétain, inspiré de l’écriture indienne.
La prière de midi au Drepung |
Un Lama sceptique |
La grande salle de méditation accueille
quelques centaines de moines, et de disciples. Nous assistons à la prière de midi, la distribution des
textes avec le fond sonore du « Aum », voix de basses profondes.
Le Palais d’été :
Résidence
des dalaï-lamas, trois palais ,
charmants, et relativement modestes sont répartis dans une jardin fleuri :
quelques visiteurs tibétains pèlerinent en famille.
le
Kalsang Palace , 1755, du 7è dalaï-lama),
En famille, jolie jeune femme à la peau claire. |
Le
Jaida Truzing palace, construit par le 8è en 1758, lieu de méditation du 13è,
Et le Dadan Mingjur, construit en 1954,
d’où l’actuel Dalaï-lama s’enfuit
en 59.
Palais du XIVè Dalaï-lama. |
Surveillance vidéo ; un touriste se fait prendre à
photographier la chambre, effervescence , les moines courent et
crient,( !), la police intervient, le mobile est confisqué... Par chance, nous n'avions pas sorti les nôtres.
Potala :
un thangka. figurant le roi Srong Tsan Gampo. Le fondateur du Jokang
au VIIè, tronant sous
l’aspect d’un bodhisattva, au centre de représentations des monastères. Peinture sur tissu. XVIIè, d’un peintre de la dynastie Qing.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire