La cité comporte cinq ksars regroupés dans l’ensemble urbain principal du Mzab.
Ses habitants, les Mozabites, du nom de l’Oued Mzab, migrèrent après le schisme entre successeurs de Mahomet. La secte du kharidjisme venue d’Oman, s’implante en Tunisie, puis fuyant Kairouan où ils s’étaient installés, à la chute du royaume des Rostomides, les fidèles se fixèrent dans le Mzab.
Leur religion, l’Ibadisme, en opposition avec le courant principal de l’islam, se qualifiait par une forme de pacifisme, mais d’un grand rigorisme moral, dont les femmes en sont les victimes, les «in-visibles ».
Aux abords de la wilaya, riche de 200.000 habitants au moins, en venant du sud, on voit la vallée de l’oued Mzab entre les plateaux et l’expansion de villages nouveaux. |
Des cinq cités constituant une « pentapole » fondée entre 1100 et 1056, on en visitera quatre.
ça monte toujours.. |
La structure urbaine est quasi identique, pyramidale: un groupement serré de maisons au long de ruelles pentues, montant vers la mosquée, ou dévalant vers des coursives voutées. Enduits ocre rose, les façades sont défigurées par les réseaux électriques.
Une muraille les enserre, certaines portes anciennes sont encore fermées la nuit. La cité la plus ancienne, El-Ateuf, sera la dernière visitée. Quelques différences dans la répétition.
Après 5h de route, un resto décoratif, doublé façon tente et excellente gastronomie traditionnelle, le café d’en face dans l’avenue commerçante « moderne », qui longe l’oued (boutiques internet, et autres produits internationaux) le monument curieux du Rond-point :
On attaque les visites.
Le cardage de la laine.. avec de bons yeux. |
Premier choc culturel à l'entrée de Beni-Isguen.. |
Beni-Isguen ,
Promue "cité sainte" en remplacement de Melika, « la Reine », plus éloignée dans l’oasis qui se déroule sur neuf kilomètres au long de l’Oued.
Son nom signifie en berbère « les fils de ceux qui détiennent la foi ».
Les cités médiévales comportaient des « ordres », une caste de lettrés, les tolba, les clercs et les gens ordinaires.
Le conseil des lettrés, les lunettes font foi.. |
Selon les textes « informés », un conseil de six anciens peut gérer la justice de la cité, et remplacer l’imam pour les questions morales. Les guides, sans doute de la même caste nous dispensent d’une police collante.
Première rencontre avec les fantômes, femmes voilées de blanc dont on n’apercevra qu’un oeil; pour les jeunes filles non mariées, deux yeux..
Notre guide du matin, un octogénaire qui fait des plaisanteries assez floues sur nos âges, cavale plus vite que nous dans les passages étroits: Des portes anciennes et des câblages désastreux.
Les « interphones à l’ancienne, ou comment vérifier qui frappe à la porte : les murs ont des yeux, même sous la forme du nom d’Allah.
Au sommet, la tour Belila, tour carrée de défense surplombe les cimetières.
au pied du mirador, un photographe, on bavarde, je ne monte pas.
En bas sur une place, le marché de la Criée, où les habitants revendent leurs ustensiles usagés. En fait une brocante pour l’extension de l’antiquaire d’en face, des objets neufs, sur un tapis adossé à un puits.
Trois boutiques sur la place, et un étal de légumes.
Passe une jeune fille désirable... Une place très colorée, à l'autre sortie. De la restauration en cours.. des parpaings.. |
2. Les puits et la palmeraie.
Essentiels pour l’alimentation en eau à partir de la nappe phréatique, ils alimentent la palmeraie et les jardins. Ils régulent la distribution dans les jardins et permettent d’abreuver les animaux.
Un mur « piétonnier » protège les maisons des violentes crues, la dernière remonte à 2010…
Le soir, de la terrasse de l’hôtel, quasi-vide pour une capacité de 450 couverts, (mais pas de thé) on domine le ksar d’en face. Sans doute Bounoura, les nuages sont apparus..
2. Bounoura, "la lumineuse"
Au risque de l'envol.. |
Cité assez bon enfant, les gamins de la sortie des écoles (coraniques) courent ou pédalent.
Le vaste pantalon plissé dès l'adolescence |
Un petit commerce sur une placette et un travailleur à carreaux restaure des maisons un peu branlantes.
Petit voleur d'oignons.. |
Ya du boulot.. |
Des échantillons de boites à compteurs, très "art contemporain"..
À la sortie est, on voit que la muraille et les maisons reposent sur le soubassement rocheux.
3. Ghardaia « centrale » :
Du nom de son origine la « Grotte de Daïa ». Une jeune fille solitaire séduisit le cheikh
Sidi Bon Gdemma, ils se marièrent et fondèrent la ville.
Donnant sur l’avenue par deux portes; l’ancien emplacement du marché aux chevaux occupe la grande place bordée d’arcades.
Cette place du commerce ouvre sur le souk et le marché aux tapis de laine, une spécialité locale .
Des femmes plus modernes ou qui portent le masque de sortie, en dentelle.
Dans les ruelles basses, un dédale, le quartier des bijoutiers, des tenues de mariage, de la laine et des épices, et le réparateur de Singer.
Sous le voile, le rêve... |
Ce fut « l’heure libre » du circuit..
Le ksar ancien:
Un nouveau guide, senior encore, dans son super pantalon plissé, nous entraîne dans les hauteurs:
Un arrêt sur une placette sympathique, son puits, sa boutique.
En passant par une ancienne mosquée encastrée dans les constructions.
Vue à travers une grille.. |
Close en dépit du petit musée voisin qui expose des clés et des serrures.
Le minaret domine. plus haut encore.
On retrouve les boutiques, les motifs de tapis..
Après déjeuner, self contemporain, fissa, la route pour la cité ancienne: |
4. El Atteuf,
Du mot berbère: « Le tournant », car construit au dessus d’un coude de l’Oued.
Une place à l'extérieur pour parking, avec peintures murales fatiguées, l’enseigne d’un photographe, puis la
« vous allez faire de belles photos, regardez moi ! » On obéit..
Les montées, une mosquée et sa fontaine, à mi parcours, escaliers assez trébuchants entre muraille ancienne et nouveau mur.
Aménagement d'une source quasi miraculeuse |
"Encore une" |
L'oeil.. |
Puis encore une descente et une apparition:
Un puits en villeDans les ruelles très pentues, passent des femmes voilées et un groupe d’élèves de l’école coranique. |
Niche pour l'emplacement du défunt. |
on plonge sur l’ ancienne mosquée Cheik Ami Brahim, du XVème s.
dont Le Corbusier se serait inspiré pour la Chapelle de Ronchamp.
les plaisanteries sur Sidi Brahim n’échappent pas aux buveurs.
Supposée « enterrée », conformément au modèle religieux des Ibadistes, et sans minaret géant.
Un sous-sol est destinés aux femmes « qui ne peuvent pas monter les escaliers » dixit notre guide..
Et donc une architecture claire aux plafonds rayonnants. Dépouillée..
En contournant la vallée, une vue sur le bâtiment qui sert aux veillées funéraires.
Après quoi on remonte revoir le nouveau lotissement déjà visité de nuit la veille :
le nouveau ksar Tafilelt Tajdit.
un programme concurrentiel construit sur le rebord du plateau: Façades à encorbellement, très déco, mais sans garages.
Foot la nuit, et 4L.. |
Avec vue sur jardins rigolos (avec puits) .
et, pile, la sortie d’une école de filles, (à deux yeux et une bouche)..
Ne se savent pas observées.. |
Sur la route de l'aéroport, une villa des grand luxe:
Modernité donc, on quitte Ghardaia le matin tôt en avion. Un bi-moteur, 60 places.
"Mettez vous ou vous voulez", et pourtant il décolle....
Super reportage, riche en informations, histoire et émotions vécues sur place ! Merci Anne. Sanjay.
RépondreSupprimerMerci, comme d'hab ; le groupe aussi mériterait une étude sociologique !!!!
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